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Stéphane Meunier, 37 ans, est Directeur Associé en charge du Pôle Energie & Utilities de Sia Conseil. Il travaille depuis 10 ans pour des énergéticiens français et européens sur leurs projets de transformation...

Le BTP "vert" va manquer de bras


dimanche 01 février 2009

Pour saisir les opportunités d'un habitat « durable » et donc éviter la récession, le Bâtiment doit créer de nouveaux métiers et former plus de 200.000 professionnels en 10 ans.


Les professionnels du BTP sauront-ils profiter du Grenelle de l’environnement pour éviter la crise ?
Après 10 ans de croissance régulière, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) s’attend à une nette baisse d’activité qui pourrait entrainer la suppression de 30 000 emplois en 2009. Pourtant la rénovation des bâtiments, un enjeu majeur du Grenelle de l’Environnement, devrait apporter une bouffée d’oxygène à l’ensemble du secteur : pas moins de 500 000 emplois, selon Jean-Louis Borloo, pourraient être créés d’ici 2020.

Mais comment y parvenir ? Ce secteur très hétérogène, composé d’un grand nombre de métiers différents, de quelques grands groupes et de milliers de petites entreprises, est face à une difficulté majeure : s’organiser et se coordonner pour renouveler les compétences des professionnels du bâtiment.

Il n’est pas normal que les entreprises peinent à recruter du personnel qualifié dans le domaine de la performance énergétique ! Une étude récente, publiée par  Actu-Environnement, évalue l’effort de formation nécessaire à 212 500 personnes par an en formation continue et initiale d’ici 2020, nécessitant au préalable la formation de 10 000 enseignants. Un chantier colossal qu’il devient urgent de mener pour contrer la baisse d’activité dans la construction de bâtiments neufs.

Il s’agit d’une part d’attirer et de former suffisamment de jeunes à ces métiers, et d’autre part de faire évoluer les compétences des professionnels actuels. Des métiers complètement nouveaux doivent voir le jour : le Grenelle propose par exemple la création du métier de « technicien de la rénovation technologique » pour apporter dans les cabinets d’étude ou d’architectes une expertise globale sur les techniques de maîtrise de l’énergie

Certaines filières devraient connaître des croissances exponentielles. Le syndicat des énergies renouvelables estime que le photovoltaïque raccordé au réseau pourrait passer de 1 800 emplois en 2006 à 60 000 emplois en 2020

Formation continue : Renouveler les compétence des professionnels du bâtiment

En termes de formation continue, la première difficulté réside dans l’éclatement et à la diversité des acteurs (l’artisanat représente 350 000 entreprises et 68% des actifs du secteur). Ils sont en outre répartis sur des métiers très variés, représentés par des fédérations professionnelles au niveau régional et national.

Comment dans ce contexte mener un plan de formation cohérent sur l’ensemble des acteurs ?

Certes au niveau d’instances nationales telles que l’ADEME, la CAPEB ou encore la FFB, des actions de formations sont mises en place en partenariat avec les organismes de formation professionnelle. Un organisme de formation dédié, le FEE Bat, a d’ailleurs été créé en décembre 2007.

De plus, différents labels sont mis en place, tels que le label « Eco-artisan » de la CAPEB, ou les labels « Qualit’EnR » pour ce qui concerne les énergies renouvelables.

Ces initiatives semblent cependant insuffisantes pour apporter une réponse globale, car elles pâtissent de l’absence d’une instance nationale (voire européenne) de coordination, apportant une vision d’ensemble projective des besoins en compétences et en formation.

Formation initale : Attirer les jeunes vers les métiers porteurs de demain

Au niveau de la formation initiale, la difficulté consiste à savoir comment intégrer les nouveaux besoins de compétences aux cursus de formation actuels : faut-il créer des parcours spécialisés ou au contraire faire évoluer les formations existantes ? Comment décloisonner les différents corps dès la formation initiale ? La particularité de la formation dans ce secteur est qu’elle est très professionnalisante et vise, pour la majeure partie des jeunes diplômés une entrée directe sur le marché du travail. Il faut donc identifier quelles activités ces derniers doivent être en mesure de réaliser immédiatement. Il faut aussi attirer et orienter davantage de jeunes sur ces métiers, en anticipant les emplois porteurs de demain. A ce jour, les 207 000 jeunes suivant une formation initiale dans le bâtiment ne suffisent pas à la réalisation des objectifs ambitieux fixés par le Grenelle de l’environnement.

Stéphane Meunier anime le blog énergie du cabinet SIA-Conseil., dont il est directeur asocié. Voir l'étude complète conduite par Stéphane Meunier et Morgane Vidal.

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