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Plein Soleil est un magazine internet de
TECSOL, bureau d'études indépendant spécialisé en
énergie solaire. Son animateur est André Joffre (photo).
Transition énergétique : satisfaction des « renouvelables »
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vendredi 20 juin 2014
Les professionnels des énergies renouvelables saluent généralement le projet de loi de transition énergétique présenté par Ségolène Royal. Le cap est jugé « ambitieux »
Une analyse partagée par le magazine Plein Soleil.
Dans son discours, Ségolène Royal écarte toute posture dogmatique ou idéologique. Elle fait souvent référence à l'action conjointe des citoyens, des entreprises, des territoires et de l'État pour mener à bien sa mission : réussir la transition énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique tout en respectant le bien-être et le pouvoir d'achat des citoyens.
Parmi les objectifs à moyen et long termes pour donner de la visibilité et un cadre à la loi de programmation, celui sur les énergies renouvelables est particulièrement ambitieux. La loi suggère de porter en 2030 la part des énergies renouvelables à 32 % de notre consommation énergétique finale, soit 40 % de l'électricité produite, 38 % de la chaleur consommée et 15 % des carburants utilisés.
Sur le plan de la chaleur, la loi de programmation prévoit un doublement du fonds chaleur. Elle promet ainsi d'accélérer le développement de la production et la distribution de chaleur issue de sources renouvelables, grâce au doublement en 3 ans du fonds chaleur qui permet à l'Ademe de contribuer au financement de projets.
Côté électrique, elle engage à soutenir l'installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les bâtiments qui demandent beaucoup d'électricité (centres commerciaux, usines, entrepôts) et le déploiement de nouvelles centrales au sol (sans préjudice sur les terres agricoles). Les lauréats du deuxième appel d'offres dédié aux grandes installations photovoltaïques ont été désignés fin mars, pour une capacité nouvelle de 380 MW. « Un nouvel appel d'offres pour les installations photovoltaïques de grande puissance sera lancé cet été » a-t-elle confirmé.
Au registre des bâtiments, la loi de programmation insiste sur le fait de construire des bâtiments publics à énergie positive. Il est dit que les nouvelles constructions publiques seront exemplaires au plan énergétique et autant que possible à énergie positive, c'est-à-dire des bâtiments qui produisent au moins autant d'énergie qu'ils en consomment grâce à des énergies renouvelables (panneaux solaires, par exemple).
Aide aux investissements. Ségolène Royal veut tout mettre en ...uvre pour faire baisser le coût des investissements dans les énergies renouvelables. Pour aider au financement de projets, les PME pourront ainsi avoir recours à des emprunts obligataires écologiques (« green bonds ») de longue durée (sur 20 à 30 ans) et moins coûteux que les prêts bancaires classiques. Pour encourager les collectivités, des prêts « transition énergétique et croissance verte », au taux Livret A + 0,75 %, soit 2 %, seront mis en place à la Caisse des dépôts pour le financement de projets de production d'énergie renouvelable.
Simplification administrative - Le projet de loi d'habilitation à prendre par ordonnance des mesures de simplification de la vie des entreprises, actuellement examiné par le Parlement, comprend un premier train de mesures facilitant le déploiement des énergies renouvelables.
Recherche et innovation - Des appels à manifestation d'intérêt lancés par l'État permettent d'accompagner le développement de projets innovants. Trois appels à manifestation d'intérêt sont d'ailleurs aujourd'hui en cours pour soutenir les projets d'énergies renouvelables (photovoltaïque nouvelle génération, solaire thermique, éolien, froid renouvelable), de stockage d'énergie et de réseaux intelligents.
Il est aussi urgent d'adapter le régime des aides aux énergies renouvelables matures. Les aides financières aux énergies électriques renouvelables (éolien terrestre, solaire photovoltaïque) sont adaptées, afin de mieux les intégrer au marché de l'électricité, d'assurer un bon équilibre entre l'offre et la demande et de renforcer la visibilité pour les investisseurs, tout en garantissant la juste utilisation des deniers publics. Les appels d'offre pour les installations éoliennes et photovoltaïques seront élargis et améliorés afin d'assurer un déploiement régulier et soutenable des énergies renouvelables.
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[Réponse de l'auteur]
Évidemment on peut toujours trouver la bouteille à moitié vide… Mais une chose est sure, depuis que je travaille dans le solaire (35 ans), nous avons connu des années très très noires. L’année 1986, par exemple, a été beaucoup plus violente que 2011, l’année post moratoire. Pour revenir à aujourd’hui, la baisse des prix des matériels, nous rend moins dépendants des subventions et avec le cadre juridique de l’autoconsommation qui va bientôt sortir, nous allons entrer dans une nouvelle zone de faisabilité. D’ailleurs on note déjà un nouvel intérêt des maitres d’ouvrages pour le photovoltaïque, nous avons dépassé le point bas. Mais je vous l’accorde si vous n’avez pas un fond d’optimisme, il vaut mieux changer de métier ! joffre@tecsol.fr
[Réponse de l'auteur]
Bien entendu votre solution est la plus logique. Sauf que dans ce cas nous faisons une croix sur les chances que représentent les énergies renouvelables pour développer une véritable industrie. Si vous êtes partisan d’un monde totalement ouvert, où nous laissons à l’Asie le soin de produire tous les biens d’équipement dont nous avons besoin, alors vous avez raison. Si comme moi, vous pensez que la « messe n’est pas dite » et que nous ne sommes qu’au tout début l’aventure industrielle du solaire, alors il faut agir ici et maintenant en stimulant les innovations et en relevant le défi de la convergence de l’énergie et du digital, secteur où nous sommes en avance. Bien à vous, André Joffre joffre@tecsol.fr
[Réponse de l'auteur]
Il faut être optimiste, la crise a frappé tous les acteurs sans distinction, sauf les éco-délinquants qui ont quitté le navire dès le premier coup de mer. Pourtant je reste irrémédiablement optimiste. On trouve des clients motivés, qui pensent comme nous ! C’est vrai qu’il faut beaucoup travailler pour avoir un petit résultat, mais la roue a tourné, le solaire est devenu compétitif et rien ne pourra plus l’arrêter. Jamais le mot « transition » n’aura eu autant de sens, il faut résister encore un peu, ensuite le ciel sera bleu et soleil brillera… En 2006 au début du programme PV j’avais répondu à un journaliste « je vous promets du sang et des larmes » et nous les avons eu. Aujourd’hui, les acteurs du digital (Apple, Google...) vont déstabiliser les grandes compagnies d’électricité. Le monde de l’énergie devient toujours plus complexe et décentralisé, et le solaire va prendre toute sa place, malgré les groupes de pressions qui ne peuvent empêcher la mer de monter…
[Réponse de l'auteur]
Comment pouvez-vous dire des choses pareilles ? Le solaire produit le jour, soit, et il est en phase avec l’activité humaine et c’est très bien. En France le solaire peut couvrir 30% de la consommation d’une maison individuelle (cas le moins favorable) et beaucoup plus sur un supermarché ou un bureau climatisé. Le solaire est un dispositif d’économie d’énergie très efficace et de moins en moins couteux. Et puis les chiffres parlent d’eux-mêmes : Fin 2012 il y avait 100 GW solaires installés dans le monde, l’année dernière on en a installé 37 GW et en 2014 les estimations portent sur 50 GW supplémentaires. Quelle autre énergie peut s’enorgueillir d’avoir de tels taux de croissance. Ah, oui, j’allais oublier, une bonne partie de cette progression est due aux pays les plus pauvres de la planète où il n’y a pas de subvention !