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Photovoltaïque : 2013, annus horribilis...
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mercredi 04 décembre 2013
Fin problable des tarifs d'achat, crédit d'impôt supprimé, annonce d'appels d'offrres : le gouvernement souffle le chaud et le froid.Les proifessionnels s'alarment.
Voir les derniers chiffres de raccordement sur le site du gouvernement.
Extraits:
2013, annus horribilis pour le photovoltaïque en France. Les liquidations judiciaires et les pertes d'emplois associées se sont poursuivies à bon rythme. Les bilans des sociétés qui survivent encore font grise mine.
Certes les appels d'offres trop erratiques apportent de petits ballons d'oxygène aux sociétés lauréates. Mais dans quelles conditions ? Le temps presse. Pour 2014 jusqu'en 2017, le ministre Philippe Martin a fait œuvre de visibilité en promettant 800 MW par an alors même que le principe des tarifs d'achat semble être remis en cause, que le CIDD (crédit d'impôt développement durable) sur le PV résidentiel est supprimé et que l'autoconsommation attend un cadre réglementaire stable. Le gouvernement souffle le chaud et le froid. Que peut-on attendre de 2014 après une année 2013 difficile ?
La fin programmée des tarifs d'achat
Pour qui sonne le glas ? Pour les tarifs d'achat. En ouvrant la deuxième conférence environnementale le 21 septembre dernier, le président François Hollande a été très critique sur le mode de financement des énergies renouvelables par le biais des tarifs d'achat obligatoires qui ont été, selon lui, par trop responsables « d'effets d'aubaine et de spéculation » et qui pèsent sur le budget énergie des consommateurs.
Son intervention suivait de quelques jours celle des énergéticiens européens qui demandaient à Bruxelles une remise à plat des soutiens aux énergies renouvelables qui seraient responsables de tous les maux dans les grands équilibres énergétiques européens. Est-ce à dire que le dispositif de l'obligation d'achat vit ses dernières heures en France mais aussi en Europe ? Très probablement.
François Hollande laissait ainsi le flou s'installer. Les éclaircissements, si éclaircissement il y a, viendront du ministre Philippe Martin. Le mardi 22 octobre, lors du colloque de l'Union française de l'électricité (UFE), le ministre est sorti du bois. Là au beau milieu des grands industriels et des opérateurs de réseau de l'électricité, Philippe Martin a annoncé le lancement, pour la fin 2013 ou le début 2014, d'une série de consultations auprès des acteurs impliqués dans le développement des énergies renouvelables. Philippe Martin s'efforçait certes de rassurer les acteurs de la filière en soulignant que "les tarifs d'achat existants vont rester en place et coexisteront un certain temps avec les nouveaux dispositifs ».
Les associations professionnelles réagirent vivement. Pour Marc Jedliczka, vice-président du CLER, « les énergies renouvelables sont parées de toutes les vertus dans les discours, mais la multiplication des barrières et des embûches à leur encontre restent la norme. Les filières se retrouvent une fois de plus dans un brouillard mortifère (...)
L'annonce d'appels d'offres
Pour calmer les inquiétudes des acteurs de la filière, le ministre de l'écologie Philippe Martin annonçait le 30 octobre dernier, dans le cadre des questions-réponses à l'Assemblée Nationale, que le gouvernement lancera début 2014 un appel d'offres pour l'installation d'environ 800 MW de panneaux photovoltaïques et ce, chaque année jusqu'en 2017, « tout dispositif de soutien confondu ».
L'objectif de 800 MW par an jusqu'en 2017 est certes en dessous du souhait des professionnels. Reste que le SER a exprimé son soulagement par le biais de son président Jean-Louis Bal. « C'est une bonne nouvelle, nous réclamions 1.000 MW d'appels d'offres annuels, avec des programmations sur plusieurs années pour relancer la filière, a déclaré Jean-Louis Bal, président du SER.
Pourtant, l'annonce des 800 MW par an jusqu'en 2017 ne lève guère les nombreuses interrogations qui subsistent pour 2014 et les années à venir. Que se cache-t-il derrière ces 800 MW « tout dispositif de soutien confondu » dont une grande partie sera allouée aux appels d'offres ? Qui en seront les bénéficiaires entre les PME et les grands groupes, « les grands champions industriels nationaux » dixit François Hollande ?
Plus que des mots !
Comment va se dérouler la phase de transition entre les tarifs et les nouveaux dispositifs ? Comment se comportera un marché du résidentiel privé de crédit d'impôt et soumis à une baisse régulière des tarifs ? L'autoconsommation trouvera-t-elle un cadre administratif, juridique et fiscal idoine pour s'épanouir et devenir un relais de croissance crédible ? Quelle sera également la place dédiée aux collectivités locales dans la transition énergétique ?
Bref, que sera donc 2014 pour la filière photovoltaïque ? Une nouvelle année de déliquescence marqué par une absence de volonté politique à promouvoir la décentralisation des moyens de production d'électricité que sont les centrales photovoltaïques ou bien une année de résilience avec une visibilité retrouvée et des objectifs déterminés à être menés à terme.
Le gouvernement ne devra pas attendre la promulgation de la loi sur la transition énergétique pour agir. Il faudra alors plus que des mots !
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[Réponse de l'auteur]
Il serait temps de lever les yeux et de comprendre ce qui se passe au niveau mondial en matière de photovoltaïque. Les gains de productivité ont été considérables ces dernières années, le prix des modules photovoltaïques a été divisé par quatre en quatre ans et la baisse continue sur le marché international. Le solaire est déjà rentable en Italie et en Espagne, à tel point que dans ce dernier pays le gouvernement s’apprête à introduire un impôt sur l’électricité autoconsommée pour diminuer la rentabilité des projets. La puissance mondiale installée a dépassé les 100 GW en 2012, cette année elle devrait encore progresser de 40 GW (+15% par rapport à 2012) et de 55 GW en 2014. La moitié du marché est situé en zone Asie. La recherche-développement n’est pas en reste, avec une amélioration continue des rendements et une diminution de coûts. Certes les sommes investies ne sont pas symboliques par temps de crise, mais avouons qu’elles n’ont rien à voir à ce qu’a couté à la collectivité la mise au point des filières énergétiques aujourd’hui matures. Bref, refuser de voir « l’évidence solaire » constituerait une erreur stratégique dont nous paierions les conséquences pendant très longtemps. Nous sommes en train d’assister à la naissance d’une nouvelle technologie énergétique, décentralisée, sans nuisance ni déchet et bientôt compétitive. Ça n’arrive pas tous les jours !
[Réponse de l'auteur]
Je pense qu’il n’est pas très utile de poursuivre ce dialogue de sourd. Le choix a été fait en France de financer la R&D par une subvention sur le prix de vente de l’électricité solaire. On aurait pu aussi subventionner l’investissement comme cela a été fait pour le nucléaire. C’est un choix politique, avec lequel on peut ne pas être d’accord, mais il a recueilli l’assentiment de la représentation nationale, sous différents gouvernements. Quant au prix de l’électricité, il augmentera quoiqu’il en soit, le Sénat prévoit + 50% d’ici 2020. Et que cela vous dérange ou pas le temps du solaire est venu !