Par Stéphane Meunier
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Stéphane Meunier, 37 ans, est Directeur Associé en charge du Pôle Energie & Utilities de Sia Conseil. Il travaille depuis 10 ans pour des énergéticiens français et européens sur leurs projets de transformation...
La mort programmée de l'ampoule de Thomas Edison
Par Stéphane Meunier
jeudi 09 juillet 2009
Les ampoules à filament de plus de 100W ont disparu des magasins européens le 1/7/09. Ce sera le tour des plus de 75W le 1/9. Tout sera fini d’ici fin 2012. Les lampes basse consommation (LBC)sont-elles réellement «écolos» ?
Le site Energies et Environnement
D'abord le rapport qualité prix. L'ampoule LBC (voir le site dédié) est trop cher mais elle consomme 4 à 5 fois moins d’énergie et est 8 à 10 fois plus résistante Selon un sondage TNS Sofres, réalisé en juin dernier, pour 70% des français interrogés mettre en place des actions pour réduire la consommation énergétique «coûte cher», et attendent donc une baisse significative des prix des ampoules basse consommation (dites fluocompactes). En effet, ces dernières coûtent en moyenne 8 euros contre 2 ou 3 euros pour une ordinaire. Cependant, l’ampoule basse consommation semble être une révolution technologique à première vue car les ampoules à incandescence avaient une durée de vie plutôt limitée, un an en moyenne contre 8 à 10 ans pour les LBC: un investissement finalement avantageux financièrement.
Mais, ne perdons pas de vue l’enjeu majeur : l’impact environnemental de ces mesures, adoptées par la Commission Européenne, aboutissant à la généralisation des LBC, devraient donc permettre d’économiser l’équivalent de 80 TWh d’ici 2020 (plus de 2 fois la quantité d’électricité importée en France en 2008) et réduire les émissions de CO2 de 32 millions de tonnes par an sur le Vieux Continent. En France, 8 TWh serait économisés soit environ 2 fois la consommation annuelle d’électricité des Parisiens.
Hormis son coût, les véritables inquiétudes des consommateurs portent sur la santé
- Les LBC contiennent du mercure, métal dont la toxicité et l’écotoxicité sont connues, mais le dosage très faible (0 ,05mg/lampe1) semble limiter les risques. Le problème est simple : le mercure est très utile dans le processus d’allumage de ces lampes, et aucun substitut n’est pour le moment trouvé. Ainsi, pour éviter toute menace de pollution, un service de recyclage, programme Recylum2, a été créé, financé par une éco-taxe de 15 c€ sur le prix d’achat. Son objectif est de collecter l’ensemble des ampoules basse consommation. Tous les points de vente et les déchetteries seront équipés d’un bac de collecte. Le risque semble donc plutôt bien contrôlé.
- Parallèlement, le Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électro-magnétiques (Criirem) s’inquiète du taux électromagnétique3 à proximité immédiate des LBC qui serait bien plus important qu’avec les ampoules classiques. Les rayonnements électromagnétiques et les ondes basses-fréquences qu’elles émettent, et qui sont reconnus comme dangereux pour la santé, pourraient être cancérigènes en cas de longue exposition : ces rayonnements seraient de l’ordre d’un four à micro-ondes. Les chiffres divergent à ce sujet, car toutes les radiations ne sont pas prises en compte dans les tests des fabricants. Ainsi, le Criirem déconseille, par mesure de précaution, de les utiliser dans les lampes de chevet ou de bureaux, généralement situées tout près de leurs utilisateurs. Le centre « aurait mis en évidence une pollution électro-magnétique émanant des ampoules fluocompactes à une distance inférieure à 20 cm ».
Cependant, à l’heure actuelle, l’impact réel que cela pourrait avoir sur la santé ou l’environnement n’est pas réellement établi. Mais en cas de casse d’une ampoule, la fuite du mercure peut-elle avoir des conséquences sanitaires ? Connait-on réellement les risques du rayonnement ? Existe-t-il des similitudes avec celui du téléphone portable ? Autant de questions que les consommateurs se posent et qui restent sans réponse concrète, appuyée d’étude reconnue. La méthodologie de l’étude du Criirem ayant été largement contestée par les industriels, des expérimentations seront réalisées prochainement par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (Afsset), qui travaille à la mise au point d’un protocole d’essais.
Enfin les LBC sont-elles réellement économiques? L’efficacité des LBC est réelle cependant certains scientifiques ne sont pourtant pas convaincus des économies engendrées par cette technologie.
Les ampoules à incandescence éclairent mais produisent aussi et essentiellement de la chaleur (95% des kwh consommés) . Ainsi, tout en réduisant la facture d’électricité, leur remplacement par des LBC conduirait, selon eux, à une augmentation de la facture de chauffage (en hiver principalement). Les LBC seraient alors une « fausse économie » et leur généralisation induiraient alors une augmentation des émissions de CO2. (Voir l'étude de Rémy Prud'homme)
D’autres scientifiques semblent plus modérés et jugent que les LBC sont à adapter à certains pays ou certaines situations. Elles seraient peu adaptées aux pays froids et particulièrement efficaces dans les pays plus chauds. Par ailleurs, elles s’avèreraient spécialement indiquées pour l’éclairage extérieur. Ainsi, ces partisans conseillent aux gouvernements de bien étudier l’usage des différentes technologies avant de prendre des décisions trop radicales avant qu’ils se rendent compte que leurs choix destinés à réduire les émissions de GES auront eu l’effet inverse.
Quoi qu’il en soit, la machine est lancée. Depuis quelques années, on constate une forte croissance de la demande des ampoules à économie d’énergie. En 2008, 53 millions de LBC tout usage confondu, domestique ou professionnel, ont été déclarées mises sur le marché. Avec un « chiffre d’affaires sur 2008 de 337 millions d’euros, le marché des ampoules grand public croît de 7% boosté par les LBC en progression de 19% »4 . Aujourd’hui, les deux tiers des ménages français auraient d’ores et déjà acheté au moins une ampoule de ce type ! Mais sont-ils réellement informer des risques potentiels, réaliseront-ils de vraies économies et quand sera-t-il de leur facture de chauffage ?
Sia Conseil
Notes :
(1) En comparaison, les vieux thermomètres contiennent 500 mg de mercure, ce qui équivaut à plus de 100 ampoules basse consommation.
(2) « La collecte a débuté fin 2006. Nous avons collecté 3000 tonnes en 2007, ce qui correspondait à 20 millions d’ampoules et tubes. Pour 2008, notre progression est de 33% avec 4000 tonnes, soit environ 27 millions d’unités. Nous avons par ailleurs dépassé nos objectifs de déploiement avec plus de 8000 points de collecte installés sur le territoire », Hervé Grimaud - Directeur Général de Récylum
(3) Les LBC fonctionnent selon le principe bien connu des tubes fluorescents. Elles émettent des champs électromagnétiques dans plusieurs gammes de fréquences, de 50 Hz à 10 MHz.
(4) Source : cabinet GfK
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Il faut simplement éviter d'acheter des ampoules LED de la première génération (avec de nombreuses LED), qui n'éclairent rien du tout, et passer directement à la seconde génération (avec une ou quelques LEDS de forte puissance). Vous en trouverez facilement en tapant "ampoules leds" dans Google. Les ampoules incandescentes c'était avant-hier, les lampes basse conso c'était hier... A quoi bon bannir une ancienne technologie pour passer à une autre ancienne technologie ???
Le tout malgré l crise à 3200 €/m².
Ds ces conditions le baratin de Borloo et les ampoules m'interloquent.
Il faudrat qu'ils réalisent que le temps de Gogos se terminent.
Nous avons là deux horribles fautes sur la même phrase.
-> sont-ils réellement informés
-> qu'en sera-t-il
Et il y en a d'autres... Relisez-vous de grâce !!!
1) Etude technique évaluant les économies escomptées. Je crois qu'on parle de 6TWh/an d'économies pour la France métropole.
2) Dispositif de validation/vérification ou démonstration des résultats annoncés ou en tout cas permettant d'établir un bilan.
Pour le 2) il semble qu'il faille un panel de plusieurs centaines d'installations domestiques et au moins autant d'installation tertiaires/commerciales. Cela ne doit passer inaperçu dans les dépenses...
Compte tenu du cot de la mesure d'interdiction, j'imagine que des études sérieuses ont été comandées.
Auriez-vous des pistes?