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Stéphane Meunier, 37 ans, est Directeur Associé en charge du Pôle Energie & Utilities de Sia Conseil. Il travaille depuis 10 ans pour des énergéticiens français et européens sur leurs projets de transformation...

La mer, source inépuisable d'énergie


vendredi 05 juin 2009

L'énergie de la mer, qu'est ce que c'est? Comment ça marche? Ou en est-on industriellement?


Une étude de Stéphane Meunier et Caroline Guyot - blog énergie de SIA Conseil

L’océan représente un immense réservoir d’énergie potentielle.
 
Les technologies permettant d’exploiter cette énergie sont nombreuses, et si certaines sont encore au stade de l’expérimentation, beaucoup ont mûri et peuvent s’engager dans une phase d’industrialisation.



On peut distinguer sept grands types d'énergie marine :

Energie des vagues

Récupérer l'énergie du mouvement des vagues par des capteurs, généralement des bouées ou des caissons flottants articulés.
Energie des marées

Exploiter le mouvement des marées au moyen d'un barrage sur un estuaire. Exemple historique : l'usine de la Rance.
Energie des courants

Utiliser les courants marins via des éoliennes sous-marines, les hydroliennes.
Energie du vent en mer

Capter l'énergie des vents marins par des éoliennes, à moins de 20km des côtes.
Energie osmotique

Au débouché des fleuves dans la mer, utiliser la différence de concentration entre l'eau de mer et l'eau douce afin de produire de l'électricité par osmose.
Energie thermique des mers (ETM)

Utiliser la différence de température entre les eaux de surface des océans tropicaux et les eaux profondes. Les usines sont sur des plateformes offshore ou des bateaux.
Biomasse des algues

Utiliser des algues pour produire du biogaz (par méthanisation) ou des biocarburants.

Le tableau ci-dessous présente, avec plus de détails, ces principaux types d’énergies.
Cliquez sur le tableau lui-même pour l'agrandir.

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Où en est la France ?

La France dispose d’un véritable potentiel en matière d’énergies marines. Elle concentre 80% du potentiel européen hydrolien, ce qui représenterait une production d’électricité de 10 millions de MWh par an. Aussi, 10 millions de km² de zones maritimes sont placés sous sa juridiction. Selon l’IFREMER (1), 7,7% des 20 Mtep (mégatonnes équivalent pétrole) d’augmentation de la production d’énergie renouvelable française pourraient provenir des énergies marines d’ici 2020.

(…) A titre d’exemple, la Bretagne abrite deux grands projets de fermes hydroliennes. En mars 2008, la société française HydroHelix Energies a immergé dans l’estuaire de l’Odet, à Bénodet, un prototype d’hydrolienne : la Sabella D03, pour une phase d’expérimentation. Au tiers de la taille réelle, ce prototype a une capacité de production de 10 à 40kWh. En juillet 2008, EDF a annoncé la construction d’un projet pilote de ferme d’hydroliennes au large de Paimpol dans les Côtes d’Armor. Au total, 3 à 6 hydroliennes d’une capacité totale de 4 à 6 MW seront installées. Le raccordement au réseau d’électricité est prévu pour 2011 si les tests sont concluants.
Malgré la dynamique influée par de telles initiatives et la création de pôles de compétitivité, le secteur des énergies marines en France souffre d’un manque de coordination des acteurs et de difficultés de financement. Récemment, l’IFREMER a publié la synthèse d’une étude prospective à horizon 2030 sur les énergies renouvelables marines. Si le potentiel français en matière d’énergies marines est avéré, une des conclusions de cette étude est la nécessité de faire émerger dans le pays une filière structurée pour un développement efficace des énergies marines. La structuration d’une filière dédiée est capitale pour pouvoir créer des sites d’essais en mer et des prototypes à taille réelle, si importants pour confirmer la viabilité d’une technologie. C’est pour atteindre le développement industriel à horizon 2020 des technologies les plus matures, que les acteurs d’IPANEMA ont décidé de coordonner leurs efforts. L’enjeu est crucial pour le mix énergétique français.

Et ailleurs dans le monde ?

La France n’est pas seule à s’intéresser aux énergies marines. En mai 2008, les Etats Unis ont signé un accord de collaboration avec le Portugal pour capitaliser sur la recherche et le développement dans le secteur des énergies houlomotrices. En juillet de la même année, la presse nous apprenait qu’une innovation était en cours d’expérimentation dans un laboratoire en Angleterre : un dispositif d’exploitation des vagues sous la forme d’un long tube en caoutchouc, le Anaconda Bulge Wave (2), qui pourrait s’avérer moins coûteux à entretenir que les dispositifs en métal tels que le Pelamis (3). Plus récemment, en mars dernier, à Bruxelles, la société Américaine PetroAlgae a remporté un prix lors du World Biofuels Market 2009 pour sa technologie permettant de produire un carburant à partir d’algues marines…


Notes :
(1) IFREMER : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer.
Cette conférence s’est inscrite dans le cadre de la Sea Tech Week, la Semaine Internationale des Sciences et Technologies de la mer. De nombreux spécialistes de l’énergie, de la recherche et de l’industrie sont venus échanger au cours de conférences et de workshops.
(2) Source : article du Daily Mail du 4 juillet 2008 « Meet the underwater Anaconda snake that could solve our energy problems”.
(3) “Pelamis” : nom d’un poisson méditerranéen proche du thon, donné par la société Ecossaise Ocean Power Delivery à son dispositif de production d’énergie houlomotrice. Pour davantage d’information : site de Ocean Power Delivery



Sources :
- Site du Groupe des énergies marines de l’Agence Internationale de l’Energie
- Site de la convention IPANEMA
- Site de l’ IFREMER et Synthèse de l’étude prospective à horizon 2030 sur les énergies renouvelables marines
- Site de la société STATKRAFT , société norvégienne, qui travaille sur l’énergie osmotique
- Bulletin électronique , du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes « STATKRAFT essaie le pouvoir du sel »
- Blog Energies de la mer de 3B Conseils , Cabinet Conseil en communication et bureau d’étude





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Stéphane Meunier, 37 ans, est Directeur Associé en charge du Pôle Energie & Utilities de Sia Conseil. Il travaille depuis 10 ans pour des énergéticiens français et européens sur leurs projets de transformation...

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