Auteur
Charlotte de Lorgeril est Associate Partner dans le secteur Energies, Utilities & Environnement au sein du cabinet Sia Partners.
Biogaz : de belles perspectives de développement
vendredi 25 juin 2010
Grand pays agricole et agro-alimentaire, la France dispose d’un important gisement de matières premières et de déchets susceptible d’alimenter une filière biogaz. Encore peu développée, cette source pourrait trouver de nouvelles opportunités avec l'injection de biogaz dans le réseau.
Issu de la décomposition de matières organiques en absence d'oxygène, le biogaz peut être produit à partir de déchets organiques, boues de station d'épuration, sous-produits de l'industrie du bois, de l'industrie agroalimentaire ou de l'agriculture. Le biogaz peut être utilisé pour produire de la chaleur et/ou de l'électricité, ou comme carburant pour les véhicules. De plus, il peut être réinjecté dans le réseau de gaz naturel.
Une filière française en démarrage
Le développement du marché biogaz dépend du cadre politique et réglementaire sur le développement des énergies renouvelables et le traitement des déchets organiques. Le paysage européen est assez disparate concernant la dynamique du marché biogaz, le développement des différentes filières de production, ainsi que son utilisation et sa valorisation. Les plus gros producteurs sont l'Allemagne (2 383 ktep) et le Royaume-Uni (1624 ktep). La France se situe à la cinquième place au niveau européen avec une production de 310 ktep de biogaz, après l'Italie et l'Espagne. Par rapport au nombre d'habitants, la France occupe la 16ème position en Europe et montre un franc retard.
La filière biogaz française est donc peu développée par rapport à ses voisins européens. Il faut dire qu'elle a démarré tardivement. C'est seulement en 2006, avec l'augmentation des tarifs de rachat électrique que le marché biogaz a reçu un réel soutien politique permettant de développer la méthanisation. Plus récemment, la mise en place du fonds chaleur a apporté un soutien financier aux projets biogaz pour la production de chaleur. Les engagements pris par la France dans le cadre du Grenelle de l'environnement contribuent également à faire du biogaz une solution d'avenir.
Aujourd'hui, il existe en France 4 filières de production et de valorisation de biogaz : les installations de stockage des déchets non dangereux, le traitement des boues d'épuration des STEP urbaines, le traitement des effluents industriels et la méthanisation. L'évolution du contexte politique a provoqué le lancement d'un nombre important de projets de méthanisation, en particulier dans le secteur agricole et territorial ainsi que dans le traitement des ordures ménagères. Mais seules 6 usines de méthanisation des déchets ménagers sont en service (Amiens, Varennes-Jarcy, Le Robert, Lille, Calais, Montpellier) et 13 installations de méthanisation agricole pour une capacité de traitement actuelle de 60 000 tonnes par an.
Des perspectives nouvelles pour la filière biogaz
En mai dernier, lors de l'examen du projet de loi Grenelle 2, les députés ont adopté, un amendement qui ouvre d'importantes perspectives de développement pour la filière biogaz en France. Le biogaz va pouvoir être injecté dans le réseau de distribution de gaz. L'injection est déjà pratiquée dans plusieurs pays d'Europe depuis plusieurs années, notamment les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, ainsi qu'aux Etats-Unis et dans différents pays d'Amérique Latine (Chili, Brésil). Des projets ont récemment vu le jour dans de nouveaux pays comme l'Allemagne, l'Autriche, le Royaume-Uni. En France, une tentative a été effectuée en 1989 sur l'usine de méthanisation d'Amiens, avant d'être arrêtée pour des raisons principalement économiques.
Un producteur de biogaz va donc pouvoir contractualiser la vente de gaz avec un fournisseur de gaz naturel. L'objectif est que la méthanisation prenne une place de plus en plus importante dans le paysage énergétique français.
Par ailleurs, les parlementaires ont également validé la création d'un tarif d'achat du biogaz. Le décret précisant le niveau des tarifs devrait être publié avant l'été. Quelques réserves ont cependant été émises par l'Association Française du Gaz (AFG) à se sujet : le tarif d'achat devra refléter «les coûts» et ne pas créer des effets d'aubaine avec des tarifs «artificiellement élevés». Les coûts devront donc prendre en considération «l'efficacité énergétique de la solution».
Pour 2012, le Comité «Energies Renouvelables» a fixé un objectif de 60 ktep de chaleur issue du biogaz. Cet objectif devrait être largement dépassé!
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