Auteur
Charlotte de Lorgeril est Associate Partner dans le secteur Energies, Utilities & Environnement au sein du cabinet Sia Partners.
Automobile : l'avenir est-il au gaz?
mardi 17 septembre 2013
En France, 13.000 véhicules roulent au gaz, dont les bus de la moitié des grandes villes. Mais les perspectives sont considérables, à condition de développer les infrastructures de distribution.
Le GNV, ou gaz naturel véhicules, est un carburant alternatif qui fait de plus en plus parler de lui. Composé essentiellement de méthane, minimum 85%, le gaz est comprimé à une pression de 200 bars et stocké dans un réservoir adapté du véhicule. Le gaz comprimé peut aussi bien être du gaz naturel (le gaz classiquement utilisé pour le chauffage ou pour cuisiner) que du biogaz.
Dans ce cas, il s'agit de gaz issu de la méthanisation des déchets, épuré pour obtenir un gaz suffisamment concentré en méthane. On parle alors de bioGNV. Le bioGNV et le GNV issu du gaz naturel ont la même nature chimique, ils sont totalement miscibles.
Impacts sur l'environnement, sur l'air, sur l'économie : les atouts du GNV sont nombreux
--- Une motorisation au GNV permet une réduction de plus de 20% des émissions de CO2 par rapport à l'essence1. Ce constat est encore plus favorable dans le cas du bioGNV. La réduction des émissions de CO2 est alors proche de 100%. Le GNV présente donc des atouts indéniables pour atteindre les objectifs européens du 3 fois 203. La combustion du GNV permet aussi de réduire les émissions de particules fines et d'oxydes d'azote de 70% par rapport au diesel pour des véhicules lourds et de plus de 80% pour des véhicules légers.
--- Les prix actuellement affichés pour le GNV sont attractifs par rapport aux prix à la pompe du gazole ou du SP 95. Avec des prix à la pompe affichés pour le GNV de 1 à 1,28 € du kg de GNV, le GNV est ainsi moins cher à la pompe que les carburants classiques. Si l'on intègre le surcoût des véhicules GNV, le GNV reste compétitif : d'après l'ATEE - Club Biogaz, le GNV représenterait une économie de 30% par rapport au diesel. De nombreux critères peuvent cependant faire évoluer le coût du GNV ou du bioGNV : volumes, capacité de stockage, tarif d'achat du biométhane... Les partisans du GNV mettent notamment en avant une décorrélation entre le prix du GNV et le prix du pétrole.
--- Autre atout économique, le GNV pourrait être un facteur d'emploi local, notamment grâce à la filière bioGNV.
Un parc français encore modeste
Mais si ces atouts sont si prononcés, et connus depuis les années 90, le regain d'intérêt pour le GNV est récent. En 1998, le parc mondial de véhicules GNV était de 850 000, il atteint en juin 2012 plus de 16 Millions de véhicules.
En France, la filière GNV peine à se développer sans dispositif réglementaire avantageux ou sans incitation pour développer des infrastructures de distribution. Le parc français atteint aujourd'hui plus de 13 000 véhicules roulant au GNV. (...)
Les principaux utilisateurs du GNV aujourd'hui sont les collectivités et les entreprises qui développent des transports urbains ou des véhicules GNV, tels que des utilitaires ou des bennes à ordures. La moitié des villes de plus de 200 000 habitants se sont aujourd'hui dotés de bus roulant au GNV. Les agriculteurs sont également une cible privilégiée de la filière GNV : grands consommateurs de carburant, les agriculteurs pourraient en effet trouver dans le GNV, et principalement le bioGNV un carburant alternatif intéressant, produit à proximité du lieu de consommation, dans des sites de méthanisation.
L'utilisation du GNV par les particuliers reste cependant encore difficile, tant que les infrastructures de distribution ne sont pas développées. Ce problème pourrait être résolu, si le projet de directive visant à déployer des infrastructures GNV tous les 150km à fin 2020 venait à être appliqué.
A quand le site de méthanisation dans le jardin, alimentant directement une voiture GNV ?
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[Réponse de l'auteur]
Le biogaz peut être injecté dans le réseau de gaz après avoir subi des traitements d'épuration et sous certaines conditions, notamment l'origine des déchets. Il est alors mélangé au gaz naturel. L'injection est autorisée pour le biogaz et elle est pratiquée depuis que l'AFSSET a rendu un avis positif. Les bus peuvent aussi bien rouler avec du GNV qu'avec du bioGNV, qui n'est qu'un débouché de la méthanisation parmi d'autres : le biogaz peut aussi être valorisé sous la forme de chaleur ou d'électricité. C'est d'ailleurs la 7ème EnR en France, en énergie primaire, juste derrière l'éolien et devant le solaire.