Par Bertrand Barré
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Né en décembre 1942, ingénieur physicien de formation, Bertrand Barré est ancien conseiller scientifique d'AREVA voir son blog) Entré en 1967 au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),...
L'urgence de la transition, ce sont les fossiles, pas le nucléaire !
Par Bertrand Barré
jeudi 25 avril 2013
Les importations de pétrole et de gaz nous rendent dépendants du Moyen Orient et de la Russie et déséquilibrent notre balance des paiement. C'est là qu'il faut faire porter l'effort !
Seuls les initiés savent que nous sommes en plein DNTE (entendez : Débat National sur la Transition Energétique), car ce débat se déroule quasiment à huis clos dans l'intimité de plusieurs groupes de travail qui auditionnent des experts dans l'indifférence générale du public et de la presse non spécialisée. Il y a bien, comme en 2003, des vrais débats publics locaux "labellisés", mais avec quel retour vers les pouvoirs publics ?
Pourtant, ce débat est d'importance puisqu'il doit aider le Parlement à élaborer une loi-programme qui définira la politique française dans le domaine de l'énergie pour les années à venir.
En 2010, 81,1% de l'énergie primaire consommée dans le monde est venue de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz. Entre 2000 et 2010, cette consommation a augmentée de 27%, et la part de ces combustibles fossiles n'a pas diminué au passage : elle a encore un peu augmenté !
Ces 81% de fossiles se déclinent en 75% pour l'Union Européenne, et encore 50% pour la France, le reste du bilan français se composant de 40% de nucléaire et 10% de renouvelables (biomasse, hydraulique et ENR).
C'est parce que "seulement" la moitié de la consommation d'énergie en France vient de sources fossiles, importées dans leur quasi-totalité, que la France se situe fort honorablement dans les pays industrialisés en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie, quel que soit le critère retenu (par habitant, rapportées au PIB ou rapportées à la consommation énergétique).
Mais cette moitié nous a coûté 64 milliards d'Euros d'importation en 2011 (un tout petit peu compensés par 3,5 milliards d'exportation d'électricité) et 70 milliards en 2012. Autrement dit, la facture énergétique est du même ordre de grandeur que déficit de la balance des paiements de la France !
Ahah ! me diront certains, vous oubliez que tout l'uranium du nucléaire français est, lui aussi, importé ! C'est absolument exact, et ça nous coûte 0,7 milliards d'Euros par an : l'épaisseur du trait.
Résumons-nous : notre électricité à 75% d'origine nucléaire est l'une des moins chère d'Europe. C'est un atout pour la compétitivité de nos industries et le pouvoir d'achat des ménages français et cela fait de nous un pays "vertueux" en terme d'émissions de gaz à effet de serre.
Alors que nos importations de pétrole et de gaz nous rendent complètement dépendants du Moyen Orient et de la Russie, creusent dans notre balance des paiement un trou au regard duquel celui de la sécurité sociale est marginal, et contribuent à la montée des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le vrai sujet du débat sur la transition énergétique, c'est la réduction de notre consommation de combustibles fossiles. Le reste ne compte pas.
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[Réponse de l'auteur]
Les ménages allemands paient leur électricité au double du prix français pour permettre à l'industrie allemande de payer à peu près le même prix que les industriels français. Pas de "dissuasion du gaspillage" derrière cette subvention déguisée à l'industrie allemande.
[Réponse de l'auteur]
Je ne sais pas si je dois prendre la première phrase comme une insulte ou un compliment... Plus sérieusement, ce qui limite (mais ne bloque pas) les ENR c'est leur prix - qui s'améliore régulièrement - et leur intermittence, qui reste un problème tant que l'on n'aura pas réussi une percée dans le domaine du stockage de l'électricité. Mais je suis tout à fait partisan du développement des ENR et - évidemment- des progrès en sobriété énergétique. Mon article - vous pouvez le relre - ne concernait que les combustibles fossiles. Il est exact que le coût d'une catastrophe nucléaire n'est provisionné qu'en partie, mais le chiffre de 5000 milliards relève de la plus haute fantaisie.
[Réponse de l'auteur]
la question du coût d'un accident éventuel mérite mieux que dex lignes de réponse : rendez-vous sur mon site au début du mois prochain
[Réponse de l'auteur]
A quel prix ? Le Ministre allemand Altmeyer chiffre déjà à 1000 milliards d'euros le coût de l'Energiewende...
[Réponse de l'auteur]
Les cours de l'uranium sont du même ordre chez nos deux autres grands producteurs, le Canada (où notre passé colonial est vraiment lointain) et le Kazakhstan.
[Réponse de l'auteur]
Il y a beaucoup de choses que j'envie aux Allemand, comme leur balance des paiements largement bénéficiaire, ou l'isolation de leurs maisons. Il y a aussi beaucoup de choses que je ne leur envie pas comme leur usage du lignite ou leur démographie en collapsus. C'est sans germanophobie que je parle de ces subventions cachées. Pourquoi voulez-vous tant que tous les pronucléaires soient germanophobes, et contre les ENR et la sobriété énergétique ?
[Réponse de l'auteur]
Merci : je préfère le Village à la Nomenklatura... Rendez-vous dans 10 ans.
[Réponse de l'auteur]
Cela n'a aucun sens de comparer le coût d'un kWh produit à la demande (nucléaire, charbon, gaz, voire biomasse) à celui d'un kWh produit quand le vent a la bonne vitesse ou quand le soleil brille franchement. La recherche nucléaire est payée essentiellement par les industriels, surtout EDF (et donc incorporée dans le coût du kWh nucléaire) et le chiffre de 1,4 milliard n'a que peu de rapport avec la réalité. Les centrales nucléaires sont plus souples que vous croyez et font régulièrement du "suivi de charge" quand la demande baisse. J'arrête mon énumération : Je n'ai pas le temps de corriger toutes les inexactitudes des remarques qu'a provoquées cet article, dont je répète qu'il ne traitait pas des ENR, mais des combustibles fossiles !
[Réponse de l'auteur]
Merci de citer la publication du Fraunhofer : c'est une de mes références également. Si vous regardez page 30, vous constaterez que le "foisonnement" vent+solaire fonctionne bien en juillet et août, mais pas du tout en décembre et janvier, quand la demande est maximum. De plus, page 8 vous pouvez voir que les combustibles fossiles ont fourni en 2012 61,7% de l'électricité allemande, dont 51,6% pour charbon et lignite, les plus polluants. En 2010, avant l'arrêt de huit réacteurs nucléaires, charbon et lignite ne produisaient "que" 42 %. Beau résultat !
[Réponse de l'auteur]
C'est très précisement ce que je dis : l'article parle des fossiles et du nucléaire, comme l'indique le titre, et ne concerne pas les ENR. Relisez-le...
[Réponse de l'auteur]
Les réserves identifiées d'uranium suffuraient à alimenter le parc actuel pour 120 ans, et les réserves dites ultimes pour trois siècle. Si le nucléaire se développe énormément, ces durées se réduiront d'autant, et il sera temps de passer aux surgénérateurs, pour lesquels la ressource uranium est quasi-illimitée.
[Réponse de l'auteur]
La consommation est de 60 00 tonnes par an et les ressources identifiées à moins de 260 $ par kilo sont de 7,1 millions de tonnes U
[Réponse de l'auteur]
66 000 n'est pas 11 fois supérieur à 60 000 dans mon arithmétique ! Et je rappelle ce que j'ai déjà répondu : 7,1 millions de tonnes en "réserves identifiées" représentent largement plus d'un siècle de la consommation du parc actuel (je souligne : DU PARC ACTUEL).
[Réponse de l'auteur]
J'ai écrit 60 000 : vérifiez ! Par ailleurs j'ai clairement expliqué que si le parc mondial augmente rapidement, il faudra passer aux surgénérateurs. Je répète pour la nème fois que je n'ai rien contre les ENR, sinon la certitude qu'elles ne suffiront pas avant très longtemps, d'où mon inquiétude sur les fossiles. Je ne vais pas nourrir indéfiniment cette fausse querelle : c'est ma dernière réponse.