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 - Rédacteur en chef de European Energy Review

Auteur
Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.

Karel Beckman : attention aux deux formes du «nationalisme pétrolier»


vendredi 06 juin 2008

Karel Beckman, rédacteur en chef de l’European Energy Review, se fait ici le défenseur de l’économie libérale, face aux deux formes de nationalisme pétrolier : celui de certains pays producteurs, et celui de complexes militaro-industriels du monde occidental.




Voir sa tribune en anglais

Imaginons un instant que les approvisionnements en pétrole et en gaz des pays occidentaux s’interrompent un beau matin. Que se passerait-il ? Est-ce que nos économies s’effondreraient ? En serions nous réduits à la pauvreté et à la famine ?

N’en croyez rien ! Il se produirait un regain d’activité et de créativité , une explosion d’initiatives ingénieuses pour faire émerger des sources alternatives d’énergie. Nous pourrions même en sortir plus forts qu’avant.

Pourquoi ? Parce que tant que les hommes et les femmes restent libres d’œuvrer pour eux-mêmes, tant que leurs propriétés sont protégées par des gouvernements non despotiques, non corrompus, ils réussiront à créer de la richesse par tous les moyens à leur disposition.

Dans la situation que nous avons imaginée, il y a bien sûr quelques pays dont les économies s’effondreraient. A savoir les pays producteurs de pétrole et de gaz, comme le Venezuela, le Mexique, la Russie, l’Iran. Leurs économies sont beaucoup moins diversifiées que les nôtres, elles sont dépendantes du pétrole et du gaz.

Il faut avoir ces idées à l'esprit quand on examine le sujet très controversé du "nationalisme pétrolier » (et gazier). Chacun sait que les compagnies privées occidentales qui opèrent dans ce secteur connaissent aujourd'hui des temps difficiles, dans la mesure où elles sont écartées de beaucoup des grandes régions pétrolières et gazières du monde. Cela signifie-t-il la fin des grandes compagnies capitalistes, comme beaucoup le disent ? L'ère de l'entreprise privée est -elle terminée dans le secteur de l'énergie ?

Difficile à croire. Le capitalisme réussit non pas parce qu'il a "volé" les ressources des pays pauvres, mais parce qu'il présente une efficacité supérieure dans l'exploitation de ces ressources - supérieure à celle du socialisme et de la gestion d'Etat. C'est une leçon que l'histoire nous a enseignée encore et encore -et c'est une leçon que les pays comme le Venezuela, le Mexique, la Russie, l'Iran et d'autres apprennent une nouvelle fois aujourd'hui. Ces pays connaissent des difficultés croissantes à accroître ou même maintenir la production de pétrole et de gaz dont ils dépendent -cela au détriment de leurs populations. Pour cette raison, leur orientation "nationaliste" est condamnée à connaître l'échec.

Cela ne signifie pas que le profit résultant de ces ressources fossiles devrait revenir seulement aux capitalistes. Il y a des méthodes de "partage du profit" qui sont à l'avantage de chacun, comme l'ont montré des pays comme le Qatar et les Pays-Bas, qui ont recours à des partenariats public-privé très imbriqués pour l'exploitation des richesses -et avec un grand succès (*). Les gouvernements de ces pays réalisent que les gains du public et du privé se complètent plutôt qu'ils ne s'opposent.

Cependant, il y a une forme de « nationalisme pétrolier » qui présente un danger pour l’Occidental. Je fais allusion ici à la notion fausse -mais malheureusement assez en vogue aujourd'hui dans les milieux occidentaux- que la "sécurité" des approvisionnements doit être assurée par la force. Que des "guerres du pétrole" devraient être envisagées. Ce type de "nationalisme" est sans aucun doute hautement attractif pour les grands complexes militaro-industriels qui se sont développés dans notre monde, mais c'est en fait le contraire de ce que doit être le capitalisme d'économie libérale.

Karel Beckman

(*) Voir notamment l'analyse de Karel Beckman sur le Sommet de Rome
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