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 - Président fondateur de Sauvons Le Climat

Auteur
Ingénieur et docteur ès sciences, Hervé Nifenecker est Président fondateur du collectif  Sauvons le Climat, qu'il a créé en 2004. Il s'exprime sur "la chaîne Energie" à titre personnel...

France-Allemagne : qui est champion en CO2 ?


jeudi 19 février 2009

Les Français dépensent un peu plus d'électricité que les Allemands mais consomment moins de gaz, de fioul, de charbon, de carburants. Résultat: la France émet 62% de moins de CO2 que l’Allemagne


Hervé Nifenecker, Président d’honneur de « Sauvons le Climat »

On lit partout que l’électricité ne fournissant , au niveau mondial, que 16,6% de la consommation finale d’énergie, elle ne peut avoir qu’un rôle modeste dans les émissions de CO2. Cet argument est particulièrement utilisé pour minimiser le rôle du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. La passion qui entoure le débat nucléaire rend difficile un examen objectif de l’influence de la production d’électricité sur les émissions de CO2. C’est pourtant ce que nous espérons pouvoir faire ici.

Il est, tout d’abord, nécessaire de savoir de quoi on parle. L’énergie dite finale est, en gros, celle qui nous est facturée, kWh électriques ou gaziers, litres de fioul ou d’essence, stères de bois. L’énergie utile est celle qui correspond au service rendue. Par exemple si nous utilisons une voiture à essence dont le moteur a un rendement de 20%, l’énergie utile ne représente qu’un cinquième de l’énergie finale que nous avons payée sous forme d’essence.

Derrière l’énergie finale que nous achetons il y a aussi la consommation énergétique qui a été nécessaire pour l’amener chez nous sous forme adéquate. La somme de la consommation finale et de la consommation du secteur énergie est la consommation primaire. La différence entre consommations finale et primaire est particulièrement importante pour l’électricité. En effet, du fait du rendement inférieur à un des centrales, l’énergie nécessaire pour produire de l’électricité à partir de centrales thermiques (charbon, fioul, gaz, nucléaire) est beaucoup plus importante, d’environ un facteur 3, que l’énergie électrique produite. Or si l’on s’intéresse à la production de CO2, à l’indépendance énergétique ou à l’épuisement des réserves, c’est bien l’énergie primaire qui doit prise en compte.

Pour la France, la consommation d'énergie du secteur de production d'électricité atteint près de 85 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), à comparer à 52 millions de tep pour le poste transport, le deuxième dans l'ordre d'importance.

A l'échelle mondiale, les deux tiers de l'électricité sont produits par des centrales thermiques à flamme, au premier rang desquelles les centrales à charbon pour 40%. Ainsi, alors que la part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie dans le monde n'est que de 16,6%, le charbon, essentiellement utilisé pour la production d’électricité, est responsable de 40% des émissions de CO2.

Les performances environnementales de l'Allemagne sont souvent cités en exemple. La France serait une grande gaspilleuse d'énergie, et, très spécifiquement, d'électricité, à cause de son nucléaire. Le tableau ci-dessous permet de se faire une opinion sérieuse sur ce point : il donne quelques données représentatives des systèmes énergétiques français et allemands.

______

Consommation
finale
tep/tête

Consommation
primaire tep/tête

Electricité tep/tête

Conso primaire
charbon+gaz tep/tête

Conso primaire
nucléaire tep/tête

CO2 tonnes/tête

France

2,81

4,4

0,58

0,88

1,88

6,2

Allemagne

3,17

4,17

0,54

1,97

0,52

10,2




Première surprise, la consommation finale par tête est notablement plus faible pour les Français que pour les Allemands (de près de 12%). Or la consommation finale est bien celle que nous payons. Les Français, en dépit du nucléaire, sont plus économes que les Allemands.
 
Dans cette consommation finale les Français dépensent un peu plus d'électricité que les Allemands ( environ 7%), mais, bien entendu, cela signifie qu'ils consomment moins d'autres source d'énergie (gaz, fioul, carburants). Si on retient les consommations primaires on constate que la France consomme, par tête, 2,2 fois moins de charbon et de gaz que l'Allemagne. Ceci est compensé par une consommation de nucléaire 3,6 fois plus importante pour la France que pour l'Allemagne.

Et le résultat est là : les Français émettent 62% moins de CO2 que les Allemands.


Photo copyright Boojoo - Fotolia.com
7 commentaire(s)
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Commentaire par Stank
jeudi 19 février 2009 10:35
Oui mais combien de déchets radioactifs de longue durée les francais "émettent-ils" de plus ? et que vont-ils en faire pendant 1000 ans ? et pendant 1 000 000 d'annéees ??

On ne mentionne pas ici que le lobby nucléaire a fait la promotion du tout électrique depuis les années 80: chauffage électrique et pompes à chaleurs électriques qui augmentent la part électricité de la consommation d'énergie finale de la France par rapport au fioul, gaz et bois. Dailleurs énergétiquement c'est absurde : on produit de la chaleur avec le rayonnement nucméaire, on la convertit en électricité dans une turbine à vapeur, on transporte l'électricité dans un réseau, et enfin on la re-convertit en chaleur dans un convecteur. Cette filière a un rendement énergétique global bien inférieur à 30% (de la centrale nucléaire au chauffage, sans compter les dépenses énergétiques d'extraction et enrichissement de l'uranium).
ON FAIT MIEUX COMME TECHNOLOGIE D'AVANT GARDE !

[Réponse de l'auteur]
Il serait trop long de traiter ici les deux questions que vous posez, celle sur les déchets et celle sur le chauffage électrique. Je me concentre sur la première et reviendrai ultérieurement sur la seconde. SI vous cherchez vraiment des éléments de réflexion sur le sujet du chauffage électrique vous pouvez toutefois consulter http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/chauffage.pdf Le système nucléaire français "émet" très peu de déchets nucléaires (essentiellement du Krypton 85, gaz rare qui ne se fixe pas et de période radioactive d'environ 10 ans). Les autres déchets sont gérés (et non émis) selon leur activité (très faible TFA, faible FA, moyenne MA, haute HA) et leur période radioactive (durée de vie) (moyenne (inférieure à 30 ans), longue VL). Tous les déchets de durée de vie moyenne (TFA, FA, MA) sont désormais traités de façon pérenne grâce à des sites de stockage spécifiques. Actuellement l'ANDRA recherche Un site de stockage pour les déchets FAVL qui proviennent du démantèlement des réacteurs graphite-gaz. La gestion des déchets de moyenne activité à vie longue (MAVL) et de haute activité à vie longue (HAVL) n'a pas fait l'objet d'une solution définitive. Ils sont stockés à La Hague. Ce sont eux qui devraient être stockés à partir de 2025 dans un site géologique (probablement aux alentours du laboratoire de Bures). Des documents concernant les caractéristiques principales d'un tel site peuvent être consultés (avec fruit pour ceux qui reconnaissent ne pas tout savoir sur le sujet) dans la liste de référence ci-dessous. On peut toutefois rappeler quelques faits. 1. La dangerosité des déchets est inversement proportionnelle à leur durée de vie 2. Le retraitement des combustibles usés permet de gagner environ un facteur 20 sur le volume des déchets HAVL, à condition de considérer l'uranium et le plutonium de retraitement comme des ressources (en particulier dans la perspective d'utiliser des réacteurs sur générateurs de Génération IV à partir de 2030-2040. 3. Dans le cas du retraitement la radiotoxicité des déchets devient inférieure à celle de l'uranium qui a été nécessaire pour les produire au bout de 10000 ans (100000 ans en absence de retraitement) 4. En absence de retraitement, au bout de 1000 ans, la radioactivité des déchets nucléaires résultant du fonctionnement de 100 réacteurs pendant 100 ans serait inférieure à 1% de celle de la croute terrestre (1 km d'épaisseur sur la surface de la France. Je rappelle qu'il est question que la concentration atmosphérique du CO2 double d'ici 2100, soit 100% d'augmentation. 5. En absence de retraitement le parc nucléaire français produirait annuellement environ 1000 tonnes de combustible usé, pour un volume d'environ 100 m3. Avec retraitement, la masse des déchets nucléaires HAVL est environ 20 fois plus faible. soit 50 tonnes. Ce chiffre est à comparer à la masse de CO2 qui serait émise si notre électricité était produite avec des centrales à charbon : 300 millions de tonnes. On voit que le stockage géologique du CO2, qu'on doit, d'ailleurs, souhaiter, posera des problèmes d'un autre de grandeur que celui des déchets nucléaires. 6. Le plutonium et les actinides mineurs (Americium, Neptunium, Curium) parcourent des distances de l’ordre du mètre avant de disparaître. ils ne ressortiront jamais. 7. L’uranium pourrait ressortir dans des centaines de millions d’années tout comme l’uranium qui se retrouve dans les rivières du fait de l’érosion 8. Dans le cas du stockage des combustibles usés (cas des USA, par exemple) l’Iode 129 (très soluble dans l'eau et de période 15 millions d'années,et donc peu toxique) ressortira sûrement dans quelques centaines de milliers d’années et le processus durera, lui-même, quelques centaines de milliers d’années. Si l'iode est incorporée dans des verres de retraitement c'est plutôt nettement après le million d'années que le maximum de relâchement de l'iode aura lieu. 9. Pour un site où l’on aurait stocké la totalité des HAVL produits par le parc français pendant 50 ans l’irradiation maximale reçue par la population à risque (vivant sur place et n’utilisant exclusivement que l’eau de la nappe phréatique) ne dépassera pas 1/10 de la radioactivité naturelle et, cela, dans quelques centaines de milliers d’années. 10. Même des évènements du genre tremblement de terre ou glaciation ne modifient pas significativement ces résultats. 11. A l’échelle de centaines de milliers d’années les mouvements tectoniques sont relativement faibles, sauf dans des endroits particuliers (Islande, par exemple) 13. La dimension du site de stockage est fixée par le dégagement de chaleur des colis. D’où l’intérêt *économique* d’un retraitement poussé susceptible de permettre la transmutation des actinides mineurs Il faut remarquer que les déchets nucléaires existent actuellement et qu'ils faut donc les gérer de toute façon. Le problème n'est pas quantitatif, mais qualitatif. Autrement dit, décider une sortie du nucléaire ne change pas vraiment le problème, sauf qu'elle interdira définitivement la réduction du volume de déchet par la transmutation et que les compétences qui sont absolument nécessaires pour gérer les déchets simplement entreposés (et non stockés définitivement) disparaîtront. Les Allemands doivent aussi gérer leurs déchets nucléaires. En terme de combustibles usés, ils en ont produit environ 2 fois moins que les Français. Ils ont fait retraiter leurs combustibles à La Hague pour en faire des combustibles MOx, mais, s'ils sortent effectivement du nucléaire, leurs combustibles MOx usés et leur uranium de retraitement devront être considérés comme des déchets. Au bout du compte il est bien possible que les Allemands finissent par devoir gérer un plus grand volume de déchets HAVL que les Français. Références : SLC: Contribution de Sauvons Le Climat au Débat Public sur la Gestion des Déchets Radioactifs http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/dechets-long-final.pdf Physique d'un site géologique de stockage des déchets nucléaires http://sauvonsleclimat.org/new/spip/spip.php?article203 ANDRA: présentation générale et gestion de l'ensemble des déchets radioactifs: http://www.andra.fr/ Débat public: http://www.debatpublic-dechets-radioactifs.org/docs/pdf/docs-complementaires/andra.pdf Rapport de synthèse 2005 http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Andra-Synthese_2005.pdf
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Commentaire par Stank
jeudi 19 février 2009 18:14
Je vous remercie pour ces précisions détaillées concernant les déchets nucléaires et les options de traitement. Meme si j'apprécie la portée des perspectives de réutilisation des déchets actuels et futurs dans les réacteurs de futures générations (que nous ne sommes pas encore ne mesure de mettre en oeuvre, donc au sujet desquels on peut se permettre de douter de la réelle faisabilité et surtout des couts), je trouve assez peu vertueux le raisonnement selon lequel on peut (ou doit) continuer dans le nucléaire... parcequ'on a déjà des déchets à gérer de toute façon.
Par ailleurs en regardant votre tableau plus en détail on constate bien que entre énergies primaire et finale en tep/tete, la France est moins efficace que l'Allemagne: 64 % d'efficacité contre 76% en Allemagne. En résumé la France gaspille plus son énergie primaire que l'Allemagne. Cette grande différence (à niveau de développement technologique égal entre nos deux pays) a certainement à voir avec une défaillance de la gestion de la production/consommation.
Et le lien entre production et consommation est fort en France, on a poussé le chauffage électrique parcequ'on avait besoin de consommation pour construire un parc nucléaire rentable dans les années 70-80. Cette abbération énergétique est indigne voir mes remarques dans l'autre commentaire. Et justement un des gros défaut du nucléaire est qu'il n'incite pas à la réduction des consommations du tout. Structurellement le nucléaire pousse à la consommation, pour masquer ses faiblesses (inertie due à la tres grande taille et peu de flexibilité des centrales).
Pour moi le débat est plus idéologique que scientifique: pourquoi promouvoir un système électrique moins efficace (dans ses moyens de production et de consommation) lorsque d'autres systèmes le sont plus?
On a l'impression, c'est subjectif toutefois, avec le nucléaire d'être dans la fuite en avant inéluctable, alors que tous les autres systèmes même ceux émetteurs de CO2 permettent d'envisager le progrès, l'augmentation de l'efficacité, la rationalisation des consommations, il y incitent même: ils sont plus vertueux.

[Réponse de l'auteur]
Un mot d'abord sur la question de morale. Pour moi, ce qui est profondément immoral c'est de refuser de prendre en charge la gestion des déchets nucléaires (HAVL en particulier)en refusant leur enfouissement aussi bien que leur transmutation. Que feront les Allemands avec leurs déchets lorsqu'ils n'auront plus de personnel compétent pour les gérer? Cette situation est déjà d'actualité pour l'Italie (avec des déchets nucléaires hospitaliers et autres) Il est vrai que la production d’électricité obéit au principe de Carnot et qu’il y a donc une importante déperdition entre énergie consommée et électricité produite. Je pense, toutefois que se focaliser sur la seule efficacité au niveau de la production d’électricité est une erreur. Le rendement (qui n’est pas la conséquence du principe de Carnot) des cellules photovoltaïques commerciales n’excède pas 15%. Est-ce une raison qui, en soi, justifierait d’abandonner cette technique ? Non, bien sûr, car l’énergie primaire (le flux solaire) ne coûte rien, et ne produit pas de CO2. Toujours dans le cas du photovoltaïque vaut il mieux développer des cellules PV ayant un rendement de 10% et coûtant 2 €/Wc ou des cellules ayant un rendement de 20% mais coûtant 5 €/Wc ? Il me semble que c’est évidemment les cellules à 2 €/Wc qui sont les plus intéressantes. Le rendement n’est donc pas le seul critère. Compte aussi, plus sans doute, le coût économique. Le coût du combustible nucléaire (de l’ordre de 0,15 c€/kWh est très faible si on le compare au coût du gaz (environ 4 c€/kWh)ou du charbon. La problématique du nucléaire ressemble alors à celle des énergies renouvelables : il faut produire le plus possible pour rentabiliser l’investissement. C ‘est cette considération qui explique la campagne qu’avait mené EDF en faveur du chauffage électrique. Il fallait le développer pendant les heures creuses de façon à rentabiliser. un investissement dimensionné pour faire face (avec l’hydraulique) aux demandes de pointe, hors chauffage. De même, en été il fallait essayer d’exporter de l’électricité (ce qui n’a rien de honteux ; les danois le font bien vers la Suède et la Norvège avec le courant produit par leurs éoliennes sans que personne y trouve à redire). D’autre part il faut, comme je l’ai souligné, distinguer énergie finale et énergie utile. Dans le domaine du chauffage, lorsque EDF encourageait le chauffage électrique, le rendement des convecteurs atteignait déjà 70 à 90% alors que celui des chaudières à fioul était plutôt de l’ordre de 30%. Certes les rendements actuels des chaudières à condensation atteignent 65%, et ce qui était vrai dans les années 80 ne l’est plus aujourd’hui. Il reste que l’efficacité d’utilisation de l’électricité pour le chauffage est bien meilleure que celle du gaz. Ainsi, dans l’étude faite en 2004 par l’Observatoire de l’Energie sur « 20 ans de chauffage dans les résidences principales en France de 1982 à 2002. »(1,2) on trouve que l’électricité représente 11% de la consommation de chauffage, mais qu’elle permet de chauffer 31% des logements pour 33% pour le gaz et 28% pour le fioul. En d’autres termes, le chauffage électrique est près de trois fois plus efficace que le chauffage au gaz ! La confirmation de la meilleure efficacité énergétique des logements chauffés à l’électricité est donnée par une étude du CEREN(3,4) qui montre que les maisons chauffées électriquement dépensaient, dès la mise en œuvre de la réglementation de 1989, 51 kWh/m2/an alors que celles chauffées au gaz dépensaient 136 kWh/M2/an. On pourrait penser que cette différence est uniquement due à une meilleure isolation thermique des logements chauffés à l’électricité. L’étude du CEREN montre toutefois que l’isolation n’explique que le quart de la différence. Près de la moitié de celle-ci provient de facteurs « techniques » probablement reliés à la plus grande souplesse d’utilisation du chauffage électrique (programmation individuelle de chaque radiateur, très faible inertie thermique) Ref : (1) De l’étude de l’Observatoire de l’énergie on obtient une consommation totale de 34,7 Mtep pour le chauffage s répartissant entre 14 Mtep pour le charbon et le gaz, 9 Mtep pour le fioul et 4 Mtep pour l’électricité, le solde étant fourni essentiellement par le bois. Par ailleurs, pour les logements dotés de moyen de chauffage modernes (90% du parc en 2002) 6,5 millions sont équipés du chauffage électrique sur un total de 21,5 millions. (2) http://www.industrie.gouv.fr/energie/statisti/se_stats14.htm (3) http://www.statistiques.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/NS129-9-12_cle71a1d9.pdf (4) http://www.industrie.gouv.fr/energie/developp/econo/textes/se_chauf.htm
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Commentaire par Claude
vendredi 20 février 2009 06:53
La mauvaise foi des anti-nucléaires m'énervent toujours un peu lorsqu'ils mettent en avant le risque à long terme de la gestion des déchets nucléaires.
Ils privilégient ainsi un risque "POTENTIEL" (excusez le pléonasme) à deux risques immédiats ou à court/moyen terme : la silicose d'une part qui fait actuellement dans le monde quelques dixaines de milliers de morts TOUS les ans (on meurt encore de silicose ACTUELLEMENT en france), et le réchauffement climatique d'autre part.
(Je ne compte pas les milliers de morts annuels par accidents du travail dans des industries lourdes comme le charbon et le pétrole. Le nombre d'accidents du travail dans la filière "uranium" est sans commune mesure.)
Cela dit, le nucléaire n'est pas LA solution, mais si on doit l'abandonner un jour (ce qui ne manquera pas d'arriver, en tous cas pour la fission), que ce soit pour des raisons claires et objectives.

[Réponse de l'auteur]
Je ne pense pas que la majorité des antinucléaires soient de mauvaise foi. D'une façon générale les hommes ont toujours eu plus peur de l'inconnu que du connu. Lorsque nous n'avons pas une connaissance personnelle d'un danger, nous devons nous en remettre à des "experts". Et, alors, les "prophètes d'apocalypse" (très bonne émission d'hier sur France 2) sont toujours plus écoutés et populaires que les "scientifiques" qui ne cachent ni leur doutes, ni leurs incertitudes. Notre imagination est évidemment plus stimulée par les perspectives de catastrophes que par des raisonnements difficiles à comprendre et qui demandent de faire un effort intellectuel. Ceci étant je trouve extraordinaire que les risques d'un conflit nucléaire soient aussi totalement absents du débat public. On ne parle, à ce sujet, que des risques de prolifération et, cela, essentiellement sous l'aspect d'un défaut supplémentaire du nucléaire civil. Mais la question de savoir si le traité de non prolifération est pleinement satisfaisant et ne mérite pas d'être amélioré n'est pratiquement jamais posée. La question de savoir si l'existence d'armes opérationnelles prêtes à être utilisées à tout moment est vraiment sans danger ne l'est pas non plus. Là, le danger serait-il si grand qu'on n'ose pas y penser? Qui parle des propositions de Kissinger, Shultz etc. soutenues par G.Charpak chez nous?
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Commentaire par irisyak
vendredi 20 février 2009 13:23
Ce qui me gène dans le nucléaire c'est que le pouvoir qui y est associé neutralise beaucoup d'initiatives et concentre les profits de toutes sortes. Il y a peu d'emplois associés et pour l'export il y a peu de personnes concernées. Le commerce extérieur de l'Allemagne est très dynamique car le nombre de commerciaux concerné est plus grand et le nombre de projets plus flexibles.

[Réponse de l'auteur]
Hrvé Nifenecker a répondu à votre contribution. La réponse étant longue et comportant un tableau, vous la trouverez dans la section "énergies fossiles" ou en cliquant ici
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Commentaire par La chaîne Energie
samedi 21 février 2009 16:52
Le débat avec Hervé Nifenecker étant très riche, et comportant des liens et des tableaux, nous l'avons reproduit dans un document à part que vous trouverez dans la section "énergis fossiles" ou en cliquant ici

Vous pouvez poursuivre ce débat en postant vos commentaires ici selon la même procédure.
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Commentaire par irisyak
samedi 21 février 2009 17:12
Le coût de l'électricité ne comporte pas le coût des assurances en cas d'accident majeur. dans ce cas c'est l'Etat qui s'en occupe et on voit ce qu'il en est à Tchernobyl!!
Pleurez, pleurez!!
De plus le coût du démantèlement qui apparait toujours plus élevé que prévu va augmenter le prix futur de l'énergie en France. Des organismes d'importance l'ont souligné maintes fois!
Le pouvoir lié au nucléaire conduit des responsables à une transparence de l'info toute relative. On voit le même trafic avec les grandes industries chimiques et autres.
Il faut voir les lieux d'extraction du combustible et ce que le populations locales en retirent...
Les énergies nouvelles c'est plus propre et ne bloquent pas l'avenir.

[Réponse de l'auteur]
Il n’est pas exact que les producteurs d’électricité ne sont pas assurés. Aux USA les électriciens privés sont assurés jusqu’à un montant de 1 à 2 milliards d’euros. C’est un des domaines d’activité que les assureurs préfèrent car très profitables (heureusement). EDF s’assure elle-même jusqu’à une somme du même ordre( rappelons que le bénéfice annuel d’EDF est de l’ordre de 3 à 5 milliards d’euros selon les années). Au delà de quelques milliards de dollars ce serait, effectivement, les états qui devraient faire face aux dépenses. C’est la même chose en ce qui concerne les ruptures de barrage. Le coût de la catastrophe de Tchernobyl a été estimé aux environs de 100 milliards de dollars. comparable à celui de la catastrophe Katrina (80 milliards de dollars, 1800 morts). On pense d’ailleurs, que des catastrophes comme Katrina pourraient devenir plus fréquentes du fait du réchauffement climatique. Les assureurs s’attendent à une catastrophe de ce type tous les 20 ans (en moyenne). Pour comparaison on peut aussi citer les pertes consécutives à la chute des cours d’actions depuis la crise des subprimes, soit environ 20000 milliards de dollars. Il faut ajouter que, sauf véritable acte de guerre, il est pratiquement exclu que les réacteurs de type REP ou EPR puisse donner lieu à une catastrophe de type Tchernobyl. Un réacteur comme EPR est calculé pour que, même en cas de fusion de cœur, les émissions éventuelles de produits radioactifs soient suffisamment faibles pour ne pas nécessiter d’évacuer les populations environnantes. Les différences essentielles avec les réacteurs RMBK de Tchernobyl : · Pour le RBMK présence de centaines de tonnes de graphite qui ont brûlé près d’une semaine en envoyant dans l’atmosphère des quantités énormes de produits de fission volatils. · Conceptions neutroniques : pour RBMK zones de fonctionnement instables, augmentation de la réactivité lors d’une augmentation de température dans certaines configurations, la disparition de l’eau de refroidissement emballe le réacteur. Dans le cas des REP, pas de zone instable, dans tous les cas une augmentation de température se traduit par une diminution de la réactivité, la perte de l’eau de refroidissement arrête le réacteur. · Pour le RBMK pas d’enceinte de confinement monobloc, mais un toit constitué simplement de plaques de béton posés sur une structure métallique. Pour l’EPR deux enceintes de béton monobloc. Une seule telle enceinte a empêché toute fuite de radioactivité notable au moment de l’accident de TMI au cours duquel il y a eu fusion du cœur. Le deuxième argument porte sur la prise en compte du démantèlement. Il est actuellement pris en compte à hauteur de 15% de l’investissement initial. L’expérience actuelle en matière de démantèlement porte sur des laboratoires ayant servi à la manipulation de produits très radioactifs (par exemple les premières usines de retraitement) et sur des réacteurs de type abandonné, en particulier des réacteurs du type graphite gaz. Ces réacteurs ont un volume de matériau très radioactif beaucoup plus important que les REP (des centaines de tonnes de graphite activé). Leur démantèlement est notablement plus onéreux que ce que sera celui des REP. Il est donc difficile de s’y référer pour avoir une estimation précise du coût du démantèlement. Ceci étant, à cause de l’actualisation, l’incidence du coût du démantèlement sur le prix du kWh est très faible. Expliquons pourquoi. Supposons un investissement initial (hors démantèlement) de 1 G€. EDF doit mettre de côté une somme qui, placée en bon père de famille, doit rendre disponible 0,15 G€ au moment du démantèlement. Supposons que celui-ci devrait avoir lieu dans 60 ans. Si EDF place à 3%, il suffit de placer environ 0,025 G€. L’investissement y compris le coût du démantèlement n’est donc augmenté que de 2,5% et le prix du kWh de moins de 2%. Doubler le coût du démantèlement ne ferait guère qu’une augmentation de 4%. Si on retarde le démantèlement de 25 ans pour l’effectuer dans 85 ans au lieu de 60 (rappelons que la durée de vie de l’EPR serait de 60 ans, et que les Américains ont déjà autorisé plusieurs de leur REP de fonctionner 60 ans) il suffirait à EDF de placer 0,012 G€. On voit que si le démantèlement s’avérait deux fois plus cher que prévu il suffirait de le retarder de 25 années. Le même genre de raisonnement tient en ce qui concerne le stockage géologique. Ce coût contribue à hauteur de 0,3% du prix du kWh. Même s’il était prouvé que l’on a sous-estimé ce coût d’un facteur 10, le prix du combustible n’augmenterait que de 3%. Je n’épiloguerai pas sur la transparence de l’industrie nucléaire. Je constate simplement que les gazettes sont pleines d’informations sur des incidents de niveau 0 ou 1 sans aucune conséquence sur le personnel et, encore moins sur le public. Pour terminer, je partage votre point de vue sur ce que vous appelez les « énergies nouvelles » qui sont cependant utilisées depuis l’aube de la civilisation (moulins à eau et à vent, bois de feu, chauffage solaire). Le problème de ces énergies (à part l’hydraulique) c’est qu'elles sont intermittentes. Si elles étaient capables de répondre à nos besoins à tout moment en quantité satisfaisante et à un prix raisonnable, je suis tout prêt à me passer du nucléaire (et, bien sûr, des fossiles).
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Commentaire par irisyak
dimanche 22 février 2009 08:39
Pour l'intermittence des énergies nouvelles, cette question a été traitée de nombreuses fois; ce n'est qu'un problème relatif.
Nous avons 90% des crédits de recherche dans le nucléaire. Si les crédits étaient plus modulés les microalgues produiraient la biomasse à raison de 100 tonnes à l'hectare à des coûts supportables. Il suffit de se reporter aux travaux réalisés au portugal qui détient la plus grande algothèque du monde.
Pour l'habitat il faut décentraliser les activités de la région parisienne et créer dix villes de 500 000 habitants et notre pays respirera. Cette concentration aboutit aux mêmes problématiques ...
On voit de plus en plus des territoires autonomes en énergie et le phénomène va s'accentuer au fil du temps et de l'expérience. Les "smart grids" fonctionnent de mieux en mieux.
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