Auteurs
Francis Sorin, journaliste scientifique, est membre honoraire du Haut Comité pour la Transparence et l'Information sur la Sécurité Nucléaire et ancien responsable du Pôle Information de la Société Française...
Le nucléaire contre la pollution de l'air
mercredi 26 mars 2014
L'OMS vient de publier des chiffres impressionnants sur les dangers de la pollution atmosphérique. En France, sans le parc nucléaire, cela aurait été pire au mois de mars...
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient de publier une étude (1) qui identifie et quantifie les dommages sur la santé dus à la pollution de l'atmosphère.
Les chiffres sont spectaculaires : ils établissent que sur la seule année 2012, « plus de 7 millions de morts dans le monde sont attribuables aux effets de la pollution de l'air ». Commentant ce chiffre, le Dr Maria Neira, directrice du département de la santé publique à l'OMS ajoute que la pollution de l'air est désormais devenue « le facteur environnemental le plus important affectant la santé [...] des pays riches aussi bien que des pays pauvres »,
Plus de 3 millions de tonnes de rejets évités
Les principaux facteurs de cette pollution sont les voitures, les centrales électriques thermiques, les installations industrielles et équipements de chauffage ainsi que les installations intérieures alimentées au bois et aux déchets végétaux. Tous ces systèmes fonctionnant aux combustibles fossiles - charbon, pétrole et gaz - et à la biomasse émettent à l'atmosphère des polluants tels que les dioxydes d'azote et de soufre, les particules fines, le monoxyde de carbone, le benzène... Les principaux détriments sanitaires provoqués par ces émissions sont les cancers du poumon et les maladies cardio-vasculaires. En France, cette pollution a un coût humain et un coût financier : on estime à environ 42 000 le nombre de décès prématurés dus chaque année à cette pollution de l'atmosphère (2). Et, selon le ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, le coût sanitaire s'élève entre 20 et 30 milliards d'euros par an.
Face à ce tableau inquiétant le nucléaire s'affirme comme une protection écologique efficace. Il « fonctionne » en effet comme un véritable réducteur de pollution par rapport aux énergies fossiles. En comparaison avec une centrale à charbon de 1 000 mégawatts, une centrale nucléaire de même puissance permet d'éviter le rejet, chaque année, d'environ 30 000 tonnes de dioxyde de soufre, 15 000 tonnes de dioxyde d'azote, et 1 200 tonnes de particules fines. Si l'on prend en compte l'ensemble des centrales nucléaires du parc français, celles-ci permettent d'éviter respectivement le rejet annuel de 2 millions de tonnes, 1 million de tonnes et 80 000 tonnes.
Ces chiffres donnent la mesure de l'assainissement opéré depuis l'engagement du programme nucléaire dans les années 1970. Ils expliquent que la France soit devenue, avec la Suède, un des pays industrialisés où l'atmosphère est la moins polluée par la production d'énergie.
1,8 millions de décès évités
Combien d'affections respiratoires passagères, de maladies, de décès prématurés la réduction de cette pollution atmosphérique permet-elle d'éviter ? Une enquête, en pleine cohérence avec les évaluations de l'OMS, a été publiée sur ce thème par deux chercheurs américains dans la revue Environmental Science and Technology en juin 2013. Les auteurs de l'étude (3) évaluent à 1,8 million le nombre de décès évités dans le monde grâce au nucléaire entre les années 1971 et 2009 - par comparaison avec les effets d'une pollution qui serait émise, à quantité égale d'électricité produite, par des centrales électrogènes aux combustibles fossiles. Sur la même période, ils calculent le nombre de décès évités en France à 290 000, soit environ 7 500 par an !
Quels que soient les modes de calcul retenus par les chercheurs - et les différentes évaluations pouvant en résulter - une conclusion apparait, qui n'est guère réfutable : en se substituant aux combustibles fossiles et à la biomasse l'énergie nucléaire s'affirme comme un atout pour garder l'atmosphère propre et réduire les impacts de la pollution de l'air sur la santé des personnes. Au moment de faire des choix de politique énergétique engageant le long terme, les décideurs ne devront pas manquer d'ajouter cette précieuse caractéristique dans la colonne « avantages » du dossier nucléaire
(1) Communiqué de presse de l'OMS du 25 /03/ 2014
(2) Selon l'association Santé Environnement
(3) Pushker Kharecha et James Hansen, Goddard Institute, NASA :Prevented mortality and greenhouse gas emissions from historical and projected nuclear power
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[Réponse de l'auteur]
Vous évoquez la pollution chimique, vraiment inquiétante dans bien des zones, y compris des zones très habitées. Cela vous préoccupe et vous avez raison. Mais l'opinion a plutôt tendance à se focaliser sur le nucléaire et à s'en inquiéter...alors que les dommages qu'il crée en France ne sont même pas mesurables et qu'il est un puissant facteur de dépollution atmosphérique, comme je le précise dans l'article.