Auteur
Béatrice Mathieu et Charles Haquet, journalistes à L'Expansion, sont les responsables éditoriaux de la Chaîne Energie.
Et 1, ...et 2, ... et 3 EPR. Parlons en !
mardi 03 février 2009
La décision de construire un deuxième EPR, et l'évocation d'un troisième, suscitent la controverse. Nous attendons vos commentaires, vos réflexions, vos analyses
Ces décisions confortent la filière industrielle française, alors que la crise économique freine sérieusement la relance du nucléaire dans le monde, et qu’Areva, le champion français de l’atome, a un urgent besoin de cash. Mais elles suscitent aussi de sérieuses controverses :
- Faut-il accentuer encore la prédominance du nucléaire dans le mix énergétique français ?
- Ces projets ne remettent-il pas en cause les promesses du Grenelle de l’environnement ?
- N’aurait-il pas fallu différer la construction d’un deuxième EPR, et privilégier plutôt l’allongement de la durée de vie du parc existant ?
- Le problème crucial, en France, n’est-il pas, d’abord, le manque de capacité électrique lors des « pics » de consommation (comme lors des derniers grands froids), ce qui n’est pas la fonction du nucléaire, qui assure la production « de base » ?
- Ces deux nouveaux EPR vont-ils réellement favoriser la libéralisation du marché de l’électricité ?
Autant de sujets sur lesquels nous attendons vos commentaires, vos réflexions et vos analyses. Cette chaîne de l’Energie, que nous lançons aujourd’hui, est la vôtre. Indépendante, non-partisane, elle donnera la parole à tous les acteurs de l’énergie, dans un souci d’équité.
En témoignent ces premières contributions : une chronique de Jacques Foos, l’un des plus grands experts de physique nucléaire et une interview vidéo de François Husting, directeur de Greenpeace France. A très bientôt.
Béatrice Mathieu et Charles Haquet,
responsables éditoriaux de la Chaîne Energie,
journalistes à l’Expansion
Photo : le réacteur de Flamanville en construction - copyright EDF
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La canicule du mois d'août a fait bondir la production nucléaire
Agissons pour moins de transport routier -au profit du rail-, pour les voitures électriques ou hybrides, pour les petits véhicules à faible consommation. Agissons pour toutes les énergies produites de la façon la plus propre possible, car comme le dit le Pr Foos, on aura besoin de toutes les énergies, fossiles, renouvelables ou nucléaire. Agissons encore pour des mesures d'économies beaucoup plus draconiennes. Et agissons ensemble.
Ceci pour dire que l'énergie nucléaire est D'ABORD militaire avant d'être civile et que telle est la principale raison de l'acharnement français en faveur du nucléaire sous toutes ses formes. Pour s'en convaincre, il suffit de lire, sur le site d'ACDN www.acdn.net le dossier intitulé : "Nucléaire : désarmer pour vivre... sur une planète sans armes ni centrales nucléaires". Oui, aujourd'hui, il est possible de nous passer d'armes et de centrales nucléaires. C'est même indispensable sous peine de catastrophe. Il suffit de le vouloir. Mais c'est cela, semble-t-il, le plus difficile en France.
L'énergie produite, chez nous par le nucléaire, n'est que de 17%.
Pour autant, à cause d'une manque de production pendant 2 ou 3 jours par an, la solution n'est pas dans la construction de nouvelles centrales, quelles soient EPR , 4ème génération ou encore ITER.
L'électricité nucléaire est tout à fait à l'inverse des demandes de pics de production.
La confusion, savamment entretenue entre énergie et électricité, est permanente en France.
Nous n'avons aucune indépendance énergétique à travers le nucléaire puisque l'uranium (en voie lui aussi de raréfaction) est acheté à l'étranger.
Les prix du minerai d'uranium a été multiplié par 7 en à peine 10 ans.
L'énergie produite dans le monde par le nucléaire n'est que de 2% et la part mondiale d'électricité nucléaire n'est que de 6%.
Cette industrie est loin d'être maîtrisée, les accidents (souvent appelés incidents) se multiplient d'année en année de par un parc vieillissant et une rentabilité accrue.
L'ASN (organisme pourtant gouvernemental) vient de retirer ses agréments de mesures à EDF dans presque toutes ses centrales nucléaires en France.
Les coûts d'investissements sont ruineux et le coût du démantèlement des vieilles centrales nucléaires sera prohibitif.
Nos enfants hériteront doublement : les dettes et des langers des déchets.
Personne ne sait gérer les déchets radioactifs dangereux sans oublier les risques de prolifération vers le nucléaire militaire.
Les seules orientations sont les économies d'énergies et le développement des énergies renouvelables.
Ces solutions sont autrement créatrices d'emplois durables et indélocalisables.
L'industrie nucléaire française n'a créé que quelques dizaines de milliers d'emplois en 50 ans alors que les énergies renouvelables en ont créé 250 000 en Allemagne en 15 ans.
Par exemple, l’énergie éolienne a vu une croissance mondiale de 26,6% en 2007 avec près de 20 000 MW (20 GW) supplémentaires pour un total mondial de 94 000 MW.
L'Europe accueille 57 000 MW (contre 48 500 MW un an avant, soit 17,7% en plus).
L'Allemagne reste largement en tête avec 22 200 MW .
Devant les USA (17 000 MW), à lui seul l’état du Texas a installé 5400 MW.
L'Espagne en a 3 fois plus que nous (15 100 MW) .
Viennent ensuite l'Inde (7 800 MW) et la Chine (5 900 MW) .
Puis viennent quatre pays européens : Danemark (3 100 MW), Italie (2 700 MW) et le Royaume-Uni et la France (2 400 MW).
La puissance éolienne des USA a augmenté de 45% en un an.
Et celle de l'Asie de 54%.
Il est utile de rappeler que les énergies renouvelables : éolienne, solaire, géothermique, biogaz…. sont inépuisables et ne souffrent d'aucune dépendance.
Pourquoi la France n'adhère-t-elle pas à l'IRENA ?
La réponse est sans doute à cause des "tenants" du tout nucléaire, et ce, quel qu'en soit le prix financier et sanitaire.
Luc Dazy.
Finalement, M. Sarkozy n'a fait que reprendre les propos critiques de M. Mandil (ancien directeur de l'AIE) la semaine dernière à l'Assemblée nationale (http://www.assemblee-nationale.fr/13/europe/c-rendus/c0086.asp#P49_10129): les EPR ne seront pas destinés à une consommation intérieure, et le seraient d'autant moins si on savait déjà optimiser la gestion de nos centrales actuelles... ce qui est loin d'être le cas :
« si la politique suivie est uniquement nationale, la France aura trop d’énergie d’origine nucléaire : 80 % d’électricité ainsi produite, c’est risqué – mais aussi inefficace. Il faut en effet savoir que le taux de disponibilité de nos centrales est sensiblement inférieur à celui de l’Allemagne car, notre marché étant essentiellement national, certains doivent être arrêtés durant les heures creuses. Si le nucléaire français ne représentait plus 80 % de la production d’électricité française mais 15 à 20 % de la production d’électricité européenne, les centrales tourneraient sans cesse – temps de maintenance excepté – et, durant les heures creuses, elles exporteraient massivement. Ce serait bon pour les consommateurs et pour les opérateurs et très bon pour la planète car on remplacerait par cette électricité d’origine nucléaire un peu de l’électricité allemande produite au charbon. Ce serait donc un très grand progrès. En résumé, ce n’est pas la France qui a besoin de deux EPR, mais l’Europe. »
La nécessaire adaptation de la fourniture de courant en période de pointe, l’hiver, ne se fait pas nécessairement par la mise en route de centrales à gaz et par l’importation de courant produit par l’Allemagne : le plus gros de ces fournitures supplémentaires est assuré par l’hydraulique et on peut aussi le faire en modulant les centrales nucléaires elles même : « Les réacteurs nucléaires peuvent faire face aux variation de la demande » :
www.sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/reacteurs_et_demande.pdf
L’Italie se retourne vers le nucléaire : de la Societa Italiana de Fisico :
www.sit.it/SIF/resources/public/files/LibroBianco.pdf
Notre Académie des Sciences fait des recommandations similaires :
www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/rapport_energie_07_07.pdf
Idem, notre Société Française de Physique :
Conférence EPS/SFP énergie : un défi pour le XXIe siècle Les Houches 2 au 6 Juin 2008
La grande Bretagne veut prolonger la vie de ses centrales et en construit de nouvelles. La Suède tourne le dos à l’abandon du nucléaire :
www.sone.org.uk/content/view/1100/2
La Chine et l’Inde ont des programmes de construction de centrales très ambitieux.
Ces développements pourraient accélérer la construction en Europe de prototypes de la génération IV, avec une utilisation incomparablement plus économe du combustible.