Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
Béatrice Mathieu et Charles Haquet, journalistes à L'Expansion, sont les responsables éditoriaux de la Chaîne Energie.

Et 1, ...et 2, ... et 3 EPR. Parlons en !


mardi 03 février 2009

La décision de construire un deuxième EPR, et l'évocation d'un troisième, suscitent la controverse. Nous attendons vos commentaires, vos réflexions, vos analyses


Et de deux ! Ce 29 janvier, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de construire une deuxième centrale nucléaire EPR, après celle de Flamanville. Et déjà, l’idée d’un troisième projet piloté par GDF Suez est évoquée par l’Elysée.
 Ces décisions confortent la filière industrielle française, alors que la crise économique freine sérieusement la relance du nucléaire dans le monde, et qu’Areva, le champion français de l’atome, a un urgent besoin de cash. Mais elles suscitent aussi de sérieuses controverses :

- Faut-il accentuer encore la prédominance du nucléaire dans le mix énergétique français ?
- Ces projets ne remettent-il pas en cause les promesses du Grenelle de l’environnement ?
- N’aurait-il pas fallu différer la construction d’un deuxième EPR, et privilégier plutôt l’allongement de la durée de vie du parc existant ?
- Le problème crucial, en France, n’est-il pas, d’abord, le manque de capacité électrique lors des « pics » de consommation (comme lors des derniers grands froids), ce qui n’est pas la fonction du nucléaire, qui assure la production « de base » ?
- Ces deux nouveaux EPR vont-ils réellement favoriser la libéralisation du marché de l’électricité ?

Autant de sujets sur lesquels nous attendons vos commentaires, vos réflexions et vos analyses. Cette chaîne de l’Energie, que nous lançons aujourd’hui, est la vôtre. Indépendante, non-partisane, elle donnera la parole à tous les acteurs de l’énergie, dans un souci d’équité.
En témoignent ces premières contributions : une chronique de Jacques Foos, l’un des plus grands experts de physique nucléaire et une interview vidéo de François Husting, directeur de Greenpeace France. A très bientôt.

Béatrice Mathieu et Charles Haquet,
responsables éditoriaux de la Chaîne Energie,
journalistes à l’Expansion

Photo : le réacteur de Flamanville en construction - copyright EDF
8 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Sortons du nucléaire
mardi 03 février 2009 22:21
Il y a une grosse erreur dans la présentation : il est absolument FAUX de parler de "prédominance du nucléaire dans le mix énergétique français" : même au pays de l'atome, ce dernier atteint péniblement 17% de la consommation finale d'énergie en France, contre 50% au pétrole et 22% au gaz. C'est pour ça que le nucléaire a été incapable de protéger la France de la montée du prix de l'énergie en 2008. Le nucléaire est une énergie marginale (pour un danger maximal, lui). Au niveau mondial, l'atome plafonne à 2% de la consommation finale d'énergie : allons, passons nous vite des ces 2% et attaquons nous vraiment au réchauffement climatique (économies + renouvelables)
[2]
Commentaire par Sortons du nucléaire
mardi 03 février 2009 22:23
Le nouvel EPR ne risque pas de contredire le Grenelle : le nucléaire n'y a pas été discuté, sur interdiction express de sarkozy. Hélas, les particiapnts au Grenelle ont obéi...
[3]
Commentaire par Sortons du nucléaire
mardi 03 février 2009 22:25
Il faut différer (définitivement !) la construction des Epr ET fermer les vieux réacteurs du parc existant.
[4]
Commentaire par pierre antoine
mardi 03 février 2009 23:09
On dirait que "sortons du nucléaire" regrette la faiblesse du nucléaire dans le mix énergétique. C'est un peu paradoxal ! Oui, le pétrole et le gaz -avec leurs émissions de CO2- restent prépondérants, pour la voiture, l'avion, le transport routier, pour les centrales thermiques qui permettent de combler les pics de consommation... Et encore ne parlons pas des centrales à charbon allemandes qui font de ce pays -qui abandonne le nucléaire- le plus grand émetteur de CO2.
Agissons pour moins de transport routier -au profit du rail-, pour les voitures électriques ou hybrides, pour les petits véhicules à faible consommation. Agissons pour toutes les énergies produites de la façon la plus propre possible, car comme le dit le Pr Foos, on aura besoin de toutes les énergies, fossiles, renouvelables ou nucléaire. Agissons encore pour des mesures d'économies beaucoup plus draconiennes. Et agissons ensemble.
[5]
Commentaire par ACDN
mercredi 04 février 2009 16:14
Bravo de vouloir "donner la parole à tous les acteurs de l'énergie, dans un souci d'équité". Dans ce cas, il faudrait aussi la donner à l'armée, pour qu'elle nous explique à quel point elle est intéressée par l'énergie nucléaire. Pas pour faire voler ses Mirage 2000N, bien sûr, ni ses Rafale, mais pour les missiles ASMP que ces avions emportent et dont la tête explosive équivaut à 300 000 tonnes de TNT (22 fois Hiroshima). Ou pour faire naviguer ses SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins) et pour faire exploser les 6 Têtes Nucléaires de 100 kilotonnes chacune (7 fois Hiroshima) qu'emporte chacun des 16 missiles M49 embarqués à bord de chaque SNLE (donc, 96 TN par sous-marin et plus de 700 fois Hiroshima). Ainsi équipée, la France pourrait faire entre 700 millions et un milliard de morts.

Ceci pour dire que l'énergie nucléaire est D'ABORD militaire avant d'être civile et que telle est la principale raison de l'acharnement français en faveur du nucléaire sous toutes ses formes. Pour s'en convaincre, il suffit de lire, sur le site d'ACDN www.acdn.net le dossier intitulé : "Nucléaire : désarmer pour vivre... sur une planète sans armes ni centrales nucléaires". Oui, aujourd'hui, il est possible de nous passer d'armes et de centrales nucléaires. C'est même indispensable sous peine de catastrophe. Il suffit de le vouloir. Mais c'est cela, semble-t-il, le plus difficile en France.
[6]
Commentaire par luc
jeudi 05 février 2009 12:26
L'industrie nucléaire en France est synonyme de mensonges et de manipulations.

L'énergie produite, chez nous par le nucléaire, n'est que de 17%.
Pour autant, à cause d'une manque de production pendant 2 ou 3 jours par an, la solution n'est pas dans la construction de nouvelles centrales, quelles soient EPR , 4ème génération ou encore ITER.
L'électricité nucléaire est tout à fait à l'inverse des demandes de pics de production.
La confusion, savamment entretenue entre énergie et électricité, est permanente en France.
Nous n'avons aucune indépendance énergétique à travers le nucléaire puisque l'uranium (en voie lui aussi de raréfaction) est acheté à l'étranger.
Les prix du minerai d'uranium a été multiplié par 7 en à peine 10 ans.
L'énergie produite dans le monde par le nucléaire n'est que de 2% et la part mondiale d'électricité nucléaire n'est que de 6%.
Cette industrie est loin d'être maîtrisée, les accidents (souvent appelés incidents) se multiplient d'année en année de par un parc vieillissant et une rentabilité accrue.
L'ASN (organisme pourtant gouvernemental) vient de retirer ses agréments de mesures à EDF dans presque toutes ses centrales nucléaires en France.

Les coûts d'investissements sont ruineux et le coût du démantèlement des vieilles centrales nucléaires sera prohibitif.
Nos enfants hériteront doublement : les dettes et des langers des déchets.

Personne ne sait gérer les déchets radioactifs dangereux sans oublier les risques de prolifération vers le nucléaire militaire.

Les seules orientations sont les économies d'énergies et le développement des énergies renouvelables.
Ces solutions sont autrement créatrices d'emplois durables et indélocalisables.
L'industrie nucléaire française n'a créé que quelques dizaines de milliers d'emplois en 50 ans alors que les énergies renouvelables en ont créé 250 000 en Allemagne en 15 ans.

Par exemple, l’énergie éolienne a vu une croissance mondiale de 26,6% en 2007 avec près de 20 000 MW (20 GW) supplémentaires pour un total mondial de 94 000 MW.
L'Europe accueille 57 000 MW (contre 48 500 MW un an avant, soit 17,7% en plus).
L'Allemagne reste largement en tête avec 22 200 MW .
Devant les USA (17 000 MW), à lui seul l’état du Texas a installé 5400 MW.
L'Espagne en a 3 fois plus que nous (15 100 MW) .
Viennent ensuite l'Inde (7 800 MW) et la Chine (5 900 MW) .
Puis viennent quatre pays européens : Danemark (3 100 MW), Italie (2 700 MW) et le Royaume-Uni et la France (2 400 MW).
La puissance éolienne des USA a augmenté de 45% en un an.
Et celle de l'Asie de 54%.

Il est utile de rappeler que les énergies renouvelables : éolienne, solaire, géothermique, biogaz…. sont inépuisables et ne souffrent d'aucune dépendance.

Pourquoi la France n'adhère-t-elle pas à l'IRENA ?
La réponse est sans doute à cause des "tenants" du tout nucléaire, et ce, quel qu'en soit le prix financier et sanitaire.

Luc Dazy.
[7]
Commentaire par politis
vendredi 06 février 2009 18:44
Hier, 6 février, sur TF1 , France 2 et M6, M. Sarkozy a fait un bel aveu, que M. Gadonneix, PDG d'EDF, s'était bien gardé de faire : « La France qui n’a pas une goutte de gaz, une goutte de pétrole, va pouvoir exporter de l’électricité ». Sans blague ! Mais on en exporte déjà depuis le début des années 80…

Finalement, M. Sarkozy n'a fait que reprendre les propos critiques de M. Mandil (ancien directeur de l'AIE) la semaine dernière à l'Assemblée nationale (http://www.assemblee-nationale.fr/13/europe/c-rendus/c0086.asp#P49_10129): les EPR ne seront pas destinés à une consommation intérieure, et le seraient d'autant moins si on savait déjà optimiser la gestion de nos centrales actuelles... ce qui est loin d'être le cas :

« si la politique suivie est uniquement nationale, la France aura trop d’énergie d’origine nucléaire : 80 % d’électricité ainsi produite, c’est risqué – mais aussi inefficace. Il faut en effet savoir que le taux de disponibilité de nos centrales est sensiblement inférieur à celui de l’Allemagne car, notre marché étant essentiellement national, certains doivent être arrêtés durant les heures creuses. Si le nucléaire français ne représentait plus 80 % de la production d’électricité française mais 15 à 20 % de la production d’électricité européenne, les centrales tourneraient sans cesse – temps de maintenance excepté – et, durant les heures creuses, elles exporteraient massivement. Ce serait bon pour les consommateurs et pour les opérateurs et très bon pour la planète car on remplacerait par cette électricité d’origine nucléaire un peu de l’électricité allemande produite au charbon. Ce serait donc un très grand progrès. En résumé, ce n’est pas la France qui a besoin de deux EPR, mais l’Europe. »
[8]
Commentaire par Riche
samedi 14 février 2009 00:50
Il s’agissait de la prédominance du nucléaire dans le mix énergétique français destiné à la génération électrique (77%). Grâce à cela, le nucléaire a contribué à protéger la France de l’accroissement du prix de l’énergie fossile et des aléas de la fourniture de gaz. Le nucléaire est un moyen économique et puissant pour produire de l’énergie sans CO2.
La nécessaire adaptation de la fourniture de courant en période de pointe, l’hiver, ne se fait pas nécessairement par la mise en route de centrales à gaz et par l’importation de courant produit par l’Allemagne : le plus gros de ces fournitures supplémentaires est assuré par l’hydraulique et on peut aussi le faire en modulant les centrales nucléaires elles même : « Les réacteurs nucléaires peuvent faire face aux variation de la demande » :
www.sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/reacteurs_et_demande.pdf

L’Italie se retourne vers le nucléaire : de la Societa Italiana de Fisico :
www.sit.it/SIF/resources/public/files/LibroBianco.pdf
Notre Académie des Sciences fait des recommandations similaires :
www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/rapport_energie_07_07.pdf
Idem, notre Société Française de Physique :
Conférence EPS/SFP énergie : un défi pour le XXIe siècle Les Houches 2 au 6 Juin 2008
La grande Bretagne veut prolonger la vie de ses centrales et en construit de nouvelles. La Suède tourne le dos à l’abandon du nucléaire :
www.sone.org.uk/content/view/1100/2
La Chine et l’Inde ont des programmes de construction de centrales très ambitieux.
Ces développements pourraient accélérer la construction en Europe de prototypes de la génération IV, avec une utilisation incomparablement plus économe du combustible.
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !