Auteur
Béatrice Mathieu et Charles Haquet, journalistes à L'Expansion, sont les responsables éditoriaux de la Chaîne Energie.
Déchets nucléaire : débattons !
mercredi 18 mars 2009
« La chaîne énergie » ouvre aujourd’hui sur son site le débat brûlant des déchets nucléaires. Affûtez vos arguments
Mais il suscite encore de vives inquiétudes «qui ne doivent pas être balayées d’un revers de main», pour reprendre l’expression utilisée ici même par Jacques Percebois, un universitaire qui y est pourtant favorable. L’image de l’accident brutal type Tchernobyl s’estompant un peu dans les mémoires, c’est la radioactivité des déchets ou la «fuite» faible mais sournoise, qui suscitent les craintes.
Les positions restent très tranchées comme si les uns et les autres vivaient sur deux planètes différentes:
«Malgré trente ans de recherches et des investissements colossaux, nous n’avons pas l’ombre d’une solution contre des risques majeurs de pollution et de prolifération», estime ici Frédéric Marillier, responsable de la campagne Énergie nucléaire de Greenpeace France. Une émission récente de FR3 parlait de la France contaminée tandis que le mouvement Sortir du nucléaire a souligné le retrait provisoire de l’agrément à des laboratoires d’EDF chargé de surveiller l’environnement immédiat des centrales nucléaires.
Bertrand Barré, physicien de formation et conseiller scientifique d’Areva, ne comprend pas pourquoi le nucléaire subit ce traitement particulier : moins de 1kg de déchets radioactifs par habitant et par an sont produits par la filière, souligne-t-il, alors que la masse de déchets hautement toxiques (métaux lourds, etc.) est de 100 kg par Français et par an. Où sont les victimes du nucléaire –hors Tchernobyl - alors que celles de l’amiante ou d’autres pollutions chimiques sont légion, disent les pro-nucléaires ?
L’été dernier, des fuites d’uranium ont été relevées dans le Rhône à l’usine du Tricastin , et plusieurs incidents de niveau 1 se sont produits en quelques semaines en France ou en Belgique. Même incompréhension coté nucléaire : le Rhône arrache entre 30 et 100 tonnes d’uranium par an au granit des Alpes et le fameux niveau 1 correspond à des anomalies sans conséquences, comme il y en a des centaines dans le fonctionnement des avions de lignes.
Le fossé s’élargit encore quand on parle d’avenir. Pour les pro-nucléaires, un scénario de sortie conduirait à devoir gérer une quantité de déchets de haute activité à durée de vie longue 30 fois supérieure à celle que l’on gérera si l’on continue à faire fonctionner les centrales. Car la génération 4 des réacteurs nucléaires (l’EPR est la génération 3) permettra d’utiliser comme combustible une part de ce qui est considéré aujourd’hui comme des déchets. Superphenix, bête noire des écolos qui poussèrent le gouvernement Jospin à le fermer, était bâti sur ce principe. Pour les anti-nucléaires, c’est une «fuite en avant» irresponsable. Les partisans de la 4eme génération, disent-ils, évitent de dire que les déchets qui sortiraient de ces sur-générateurs seraient sept fois plus dangereux.
Photo © Kheng Guan Toh - Fotolia.com
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La canicule du mois d'août a fait bondir la production nucléaire
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/
C'est édifiant...
Un avenir irradié pour nos enfants et les générations futures.
http://www.climatechangecorp.com/content.asp?ContentID=6024
Admirez cette volonté d'équilibre, ce recours aux arguments scientifiques, ce refus de jouer sur les réflexes de peur (les têtes de mort) mais au contraire de promouvoir la responsabilité (la fuite éperdue des petits hommes jaunes). Bon courage...
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