Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
Auteur
Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.
Réchauffement : on est parti pour 3,5 degrés de plus…
Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
jeudi 25 novembre 2010
Le rapport annuel de l’AIE n’est pas optimiste: Copenhague ayant échoue, si les gouvernements n'agissent pas davantage en faveur du climat, la planète ira vers un réchauffement de 3,5 degrés, au lieu des 2 degrés considérés comme la limite supportable.
De 76 pages lors de sa première édition en 1993, il est passé cette année à 731 pages! Son chef économiste, Fatih Birol , considéré un des meilleurs experts internationaux,n'est pas optimiste quant à la réelle volonté d'agir des gouvernements du monde.
Karel Beckman, rédacteur en chef d'European Energy Review analyse le rapport. Texte intégral - Extrait :
Dans ses dernières éditions, le WEO présentait deux scenarios: le "scenario de reference", dit "business as usual", et le « scenario 450 », fondé sur des politiques visant à contenir la concentration de CO2 dans l'atmosphère à 450 parties par million par volume (ppm). Ce chiffre, selon le GIEC (le groupe de l'ONU consacré au climat)'permettrait de limiter le réchauffement climatique moyen à 2 degrés- une augmentation de la température qui aurait déjà d'énormes conséquences pour la planète mais permettrait d'éviter le désastre.
Cependant, ce « scenario 450 » n'avait une chance de devenir réalité que si la conférence sur le climat de Copenhague se terminait sur un grand succès. En réalité, ainsi que Fatih Birol le souligne sans ambages, «elle s'est terminée sur un échec ». En conséquence, continue Birol, on nous disait qu'aucun de nos deux scénarios n'était très réaliste ».
Un nouveau scénario, guère rassurant Pour cette raison, l'AIE a développé cette année ce qui pourrait être appelé un scenario intermédiaire. Ce « scenario nouvelles politiques" (NPS : new policies scenario) , ainsi qu'il est nommé, "tient compte des engagements politiques généraux qui ont déjà été annoncés et suppose une mise en œuvre prudente des engagements nationaux de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 et de réformer les aides aux énergies fossiles ».
En d'autres termes, il suppose que les gouvernements feront ce qu'ils font habituellement , c'est-à-dire se laisser influencer par les groupes de pressions et les opinions publiques. Il suppose aussi implicitement qu'il n'y aura pas de percées technologiques qui pourraient révolutionner le marché et que l'économie mondiale progressera plus ou moins comme les économistes le prévoient.
La température va augmenter de 3 degrés Le résultat de ce scénario NPS est sans doute plus "réaliste" que le scénario 450, il est cependant loin d'être rassurant, selon Birol. Dans le long-terme, il conduirait à un accroissement de la concentration des gaz à effet de serre de 390 ppm aujourd'hui à 650 ppm dans l'avenir. Cela conduirait à «une augmentation probable de température de plus de 3,5 degrés sur le long terme ». Une perspective alarmante. "Cela n'est bon pour personne, ni pour les producteurs d'énergie, ni pour les consommateurs", dit Birol. « C'est pourquoi nous tirons très fort la sonnette d'alarme avec ce rapport».
Pour Fatih Birol, il y a aujourd'hui très peu de gouvernements qui prennent dans le monde les actions nécessaires. «Je ne vois aucun mouvement d'ampleur dans les politiques contre le changement climatique. Rien ne bouge". Pour Birol, il est clair que le changement doit venir des gouvernements. C'est à eux de fixer le cadre adéquat pour que les compagnies énergétiques prennent les bonnes décisions. « Ce dont nous avons vraiment besoin est un signal clair adressé au secteur de l'énergie pour qu'il se transforme. Je n'entends pas ce signal actuellement » . Et ceci devrait être fait non seulement pour éviter un changement climatique désastreux, mais aussi pour assurer la sécurité énergétique des populations ».
57 milliards de dollars de subvention Une chose que les gouvernements devraient faire, dit encore le célèbre économiste de l'AIE, est d'apporter un soutien aux énergies renouvelables. Birol : « les renouvelables peuvent devenir la principale source d'énergie, mais seulement si les gouvernements leur apportent leur soutien. L'industrie de l'énergie renouvelable est encore jeune. Elle ne peut être comparée à l'industrie du pétrole et du gaz. Si les gouvernements lui retirent leurs soutiens, elle sera frappée très durement ».
Dans le rapport WEO 2010, l'IEA a calculé pour la première fois le montant des subventions qui vont aux énergies renouvelables : 57 milliards de dollars en 2009. Cela paraît un chiffre relativement bas. Selon le scenario NPS, ce chiffre devrait monter à 205 milliards de dollars en 2035, soit juste 0,17% de ce que serait alors le PIB mondial.
Chiffre intéressant, à mettre en perspective : celui des subventions des gouvernements pour la consommation des énergies fossiles dans le monde : 312 milliards en 2009, contre 558 milliards en 2008. L'année de tous les records.
En effet, ces prévisions sont basées sur les modèles numériques du GIEC, lesquels sont élaborés en fonction d'un postulat jamais prouvé, donc arbitraire: le rôle pivot du CO2 sur la TMG (température moyenne globale), et en fonction d'hypothèses non moins arbitraires, comme les rétroactions positives.
Je rappelle à ces grands penseurs, qui ont perdu tout sens critique, que le taux de CO2 est monté à 420 ppm dans les années 40, et, pour autant que je le sache, cela n'a pas engendré de cataclysmes climatiques dévastateurs....et que la TMG de l'Optimum Médiéval était de plusieurs degrés plus élevée que de nos jours, avec un taux de CO2 inférieur à 280 ppm. sans compter que l'on ne sait pas modéliser les nuages et la vapeur d'eau, ainsi que les grands courants océaniques....
Rappelons que, après une légère montée de la température moyenne globale (TMG) sur la période 1980-1999, la TMG est stable sur la période 2000-2010. Bien sûr, la moyenne 2000-2010 est supérieure à la moyenne 1980-1999 (période de léger réchauffement en covariation avec le taux de CO2) et à la moyenne 1880-1979, ce qui est normal car la TMG a augmenté non linéairement de 0,7°C (épouvantable, n’est-ce pas ?) depuis 1880, à la suite de la fin du Petit Age Glaciaire. Notons que seule la période 1980-1999 est marquée par une covariation T-CO2, et que, par conséquent, cette coïncidence particulière n’est pas significative à l’échelle du temps climatique.
Bien sûr, le CO2, comme tout gaz triatomique (ou plus) est un gaz émissif, capable d’absorber et de réémettre des IR dans des directions aléatoires. Le problème est : quel est l’impact du CO2 sur la TMG ? A-t-il un rôle pivot, comme le prétend le GIEC, ou un rôle marginal, comme le montrent les données d’observation ? Qui a raison ? Les modèles numériques ou Mère Nature ?
En fait, tous les travaux du GIEC (AR4) sont basés sur le postulat du rôle primordial du CO2 sur la TMG (laquelle, soit dit en passant, n’a aucune signification thermodynamique, car T est une grandeur intensive). Et le GIEC s’est appuyé sur la seule période de covariation CO2-T, la période 1980-1999, qui n’est pas significative au niveau des tendances d’évolution climatique lourdes. C’est un peu léger, et peu crédible.
Wait and see...