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L'Union Française de électricité (UFE), est l'association professionnelle du secteur de l'électricité. Elle représente les employeurs du secteur au sein de la branche des industries électriques et gazières...

Objectifs 2030 : l'Union européenne est plus pragmatique


vendredi 31 janvier 2014

Les 3x20 fixaient un triple objectif, liant émissions de CO2, part de renouvelables et efficacité énergétique. Pour 2030, la Commission se recentre sur l'objectif carbone, ce qui rassure les grands énergéticiens.


Le site de l'UFE

La Commission européenne a publié, le 22 janvier dernier, son fameux Livre Blanc qui fixe le nouveau cadre de ses politiques énergétique et climatique à horizon 2030.

NDLR : 40% de réduction des émissions de CO2, contre 20% en 2020 - 27% de part de renouvelables dans l'énergie européenne , contre 20%, mais sans fixer de contraintes nationales - pas d'objectif en matière d'efficacité énergétique. Les 40% doivent être réalisés à l'intérieur de l'Europe, les efforts liés aux mécanismes internationaux de flexibilité venant le cas échéant en plus, ce qui marque une ambition significative).


N'en déplaise à certains esprits chagrins qui auraient souhaité poursuivre sur la base de trois objectifs contraignants à la fois pour le CO2, pour les ENR et pour l'efficacité énergétique, la Commission a finalement opté pour une démarche plus pragmatique.

 Tirant les leçons des dysfonctionnements liés au chevauchement des « 3 x20 » fixés en 2008 par le Paquet Energie-Climat, la Commission vient clairement de recentrer sa stratégie sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dont le carbone représente, à lui seul, 75%. Cela répond d'ailleurs aux nombreuses attentes des industriels du secteur énergétique qui ont lancé un cri d'alarme, il y a quelques mois, sur les effets dévastateurs, pour le marché de l'électricité notamment, de la politique « 2020 ».

La Cour des Comptes, elle-même, qui avait auditionnée l'UFE, pointe dans son tout dernier "Rapport sur la mise en œuvre par la France du Paquet Energie Climat", l'inadaptation des objectifs de ce dernier pour parvenir au but essentiel qu'est la lutte contre le changement climatique. Elle recommande ainsi un unique objectif quantifié : la diminution des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, les autres objectifs devant lui être subordonnés.

Face à la réalité économique

Il semble donc bien qu'un peu partout se soit opérée une prise de conscience qui pourrait permettre de repartir sur un bon pied, sans pour autant rejeter ce qui a déjà été construit. Le fait de ne plus donner d'objectif contraignant au niveau des Etats membres en matière d'énergies renouvelables ne signifie pas pour autant une marche arrière de la Commission européenne dans ce domaine. Simplement, face à la réalité économique à laquelle la plupart des pays sont confrontés, Bruxelles craint légitimement pour la compétitivité internationale de l'UE. Face à l'escalade des politiques de subvention aux ENR qui a entraîné leur développement sans lien avec l'évolution de la demande devenue très atone, c'est toute la chaîne qui s'est grippée : surcapacités des moyens de production, effondrement des prix de gros, et surtout accroissement insupportable de la facture énergétique des consommateurs.

Au final, en rééquilibrant et en clarifiant objectif et moyens, la Commission redonnera sans doute aux Etats la souplesse nécessaire pour conduire leur stratégie énergétique en fonction de leurs contraintes et de leurs atouts propres.

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8 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
samedi 01 février 2014 16:46
Il n'est pas acceptable de dire que l'accroissement de la facture énergétique est insupportable, car pour réduire le cout du travail il faudra nécessairement augmenter le prix de l'énergie. C'est la conclusion de la note n°6 du CAE. Si l'auteur de cet article connait une autre solution, qu'il la propose au premier ministre. Et si possible avant début mars.
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Commentaire par Hervé
dimanche 02 février 2014 00:55
@Gépé: Augmenter le cout du travail et celui de l'energie ont a priori rien à voir. Je pense que ce que vous voulez dire c'est de transferrer les charges sociales sur l?énergie. Fondamentalement, vous avez raison, et la méthode aura une certaine efficacité, mais faut voir deux choses: 1 il faudrait que tout le monde le fasse (y compris en chine et outre atlantique) sinon, l'industrie européenne va en patir terriblement pour un effet limité sur le mal. 2) si l?énergie va devenir un probléme (surtout les fossiles liquides), il n'y a pas que ça. La raréfaction des matières premières va elle aussi nous péter a la gueule et sera peut être plus cinglante encore que l?énergie ou il reste encore pas mal de pistes. La connerie de nos dirigeants a été de croire que pousser les ENR (et en prime en pratiquant de l'open bar sur les dépenses) était la solution au problème. ça marche pas forcément comme cela dans la réalité. On ne peut pas s'assoir sur le volet économique. Sucicider notre économie n'est pas la solution, au contraire. Le vrai équilibre doit se trouver en résolvant l?équation d'à la fois diminuer fortement notre conso de fossiles, de consommer moins de matière et d?énergie, tout en évitant d'augmenter les coûts et le déficit extérieur. Pas facile, mais pas impossible non plus.
[3]
Commentaire par Gépé
dimanche 02 février 2014 07:58
@Hervé. Il s'agit de "diminuer" le cout du travail en "augmentant" le prix de l'énergie. Le raisonnement utilise la notion du double dividende peu accessible à un public habitué à l'analyse cartésienne de notre système éducatif. Le pays qui l'applique a un avantage sur les autres; c'est le cas de l'Allemagne. Merci.
[4]
Commentaire par Hervé
mardi 04 février 2014 13:12
@Gepe: Vous pourriez développer?
[5]
Commentaire par Gépé
mardi 04 février 2014 17:46
Cette notion du double dividende est utilisée par Emmanuel Combet dans sa thèse "fiscalité carbone et progrès social"; c'est long à expliquer, mais il en ressort que baisser le cout du travail en augmentant le prix de l'énergie est favorable jusqu'à un certain seuil en donnant une action dominante à la baisse du cout du travail par rapport au prix de l'énergie, à condition bien sur de répartir les charges "à niveau constant". Vous pouvez vous reporter à un article de le Grill publié dans cette rubrique de l'expansion. La note n°6 du conseil d'analyse économique montre que les pays dont le rapport entre le cout du travail et le prix de l'énergie est plus faible que chez nous ont une situation économique plus favorable, correspondant à un cout du travail plus faible et un prix de l'énergie plus élevé. Tout cela correspond à remettre en vigueur la taxe carbone et en utilisant le produit de cette taxe pour réduire les charges sociales; il s'agirait d'une taxe écologique et sociale. C'est au pouvoir politique de proposer cette mesure. Le double dividende correspond à agir sur l'économie(croissance et chomage) et sur le climat et la dette en réduisant la consommation d'énergie carbonée.
[6]
Commentaire par Hervé
mardi 04 février 2014 19:10
Comme déjà écrit, Ok sur le principe pour les raisons invoquées (transfert des couts sociaux de l'assiette des salaires vers l?énergie, qui facilite l'embauche et conduit à la sobriété), mais sous réserve que tout le monde le fasse. Pour rappel, en Allemagne, le cout de l?énergie n'a été augmenté principalement que pour l'usage domestique. Les entreprises continuent à disposer d?énergie abordable. Sinon ils peuvent dire adieu à certaines de leurs industries qui iront ailleurs (dans ce cas, la situation de l'emploi ne serait pas meilleure). Si on regarde ce qui se passe ailleurs par exemple aux USA, on voit que la baisse du prix de l?énergie réduit le chômage ce qui est en contradiction avec vos affirmations. Je ne suis pas contre votre affirmation, mais ce n'est pas une règle économique directe, ça dépends de plusieurs facteurs.
[7]
Commentaire par Gépé
mercredi 05 février 2014 07:09
Oui, il y a aussi la démographie qui influence les prélèvements sociaux et le capital humain qui détermine le niveau des salaires. Mais cela n'est pas une raison pour oublier l'énergie.
[8]
Commentaire par icabaru
dimanche 16 février 2014 15:48
L'Europe n'est pas pragmatique, elle est tout simplement flegmatique... Elle n'en a rien à faire des solutions pour lutter contre le CO2. Tout ce que recherchent nos politiciens européens est se remplir les poches le plus vite possible au dépens des contribuables. Les subventions européennes sont là pour financer yachts et avions privés. Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil aux ports de plaisance et vous aurez tout compris. Ne me dites pas que ces biens sont acquis à la sueur du front... Le pire est quand une solution à tous nos problèmes est proposée, et même aux fondations telles que celles de Nicolas Hulot, de Yann Arthus Bertrand, de Greenpeace etc. et qu'il n'y a pas la moindre réponse en retour. N'est-ce pas magnifique? De quoi octroyer un prix Nobel de l'indifférence! Et regardez où a atterri ce projet (de moins de 5 millions d'Euros!): La solution est sous youtube: ENERGY HIGH TECH FROM VENEZUELA
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