Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
Auteur
Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.
Le prix du pétrole peut-il dérailler de nouveau? Réponse fin mars à Cancun
Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
mardi 09 mars 2010
Les errements du prix du baril de 2008-2009 peuvent-ils se reproduire ? Le Forum International de l’Energie est susceptible de jouer un rôle stabilisateur en ce domaine entre pays producteurs et consommateurs de pétrole.
Quand les ministres de l’énergie du monde entier se retrouveront pour leur 12eme Forum International de l’Energie, du 29 au 31 mars à Cancun, il y aura un sujet et un seul en haut de l’agenda : comment empêcher le prix du pétrole de connaitre de nouveaux emballements, comme dans la période 2008-2009 ?
«Il y a la conscience très forte, à la fois des pays producteurs et des pays consommateurs, que de telles embardées ne devraient plus jamais se reproduire», dit Noé van Hulst, secrétaire général de l’International Energy Forum (IEF), joint au téléphone à Ryad, en Arabie Saoudite, au secrétariat de l’IEF.
(...) Fondé en 1991, l’IEF est une institution unique en son genre dans la mesure où ses participants ne sont pas seulement les pays de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE – IEA en anglais), c’est-à-dire les pays traditionnellement importateurs, et ceux de l’OPEP , mais aussi des pays comme la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du sud, et d’autres, qui n’appartiennent ni à l’un ni à l’autre. L’idée derrière la construction de l’IEF était d’amener tous les pays à s’engager dans un dialogue permanent afin de créer un cadre politique stable pour étudier le marché mondial du pétrole.
«Le genre de volatilité des prix que nous avons connu (en 2008-2009) est mauvais pour tout le monde, y compris les pays producteurs», dit Van Hulst à European Energy Rreview. « De telles extrémités sont néfastes pour l’investissement. Cela empêche les investisseurs de planifier et les gouvernements de définir une quelconque politique énergétique durable, ne serait-ce que parce que tous les prix de l’énergie sont affectés par les prix du pétrole ».
En juin 2008, le roi Abdallah avait répondu à l'envolée des prix en organisant une réunion ministérielle ad hoc à Djeddajh, dans laquelle le secrétariat de l’IEF joua un rôle central. Elle fut suivie par une réunion à Londres sous l’égide du Premier ministre Gordon Brown. Cela conduisit à la mise en place d’un Independent Expert Group chargé d’étudier les problèmes et d’en tirer des leçons pour l’avenir. Ce groupe assez secret, puisque ses membres ne sont pas connus, a terminé récemment son enquête et a rendu compte de ses conclusions à un comité de pilotage intergouvernemental de 11 pays (Algérie, France, Allemagne, Japon, Koweit, Mexique, Norvège, Qatar, Arabie Saoudite, Royaume Uni et Etats-Unis). Ce comité de pilotage (Steering Group) prépare actuellement pour les ministres de l’énergie des recommandations qui seront discutées à Cancun. «Nous espérons avoir un très large consensus pour faire face au problème et renforcer le rôle de l’IEF en tant que facilitateur neutre du dialogue mondial sur l’énergie”, dit Van Hulst.
Bien que le rapport de l'Independent Expert Group n’ait pas encore été rendu public, presque tout le monde est d’accord, relève Hulst, sur le fait que la spéculation a joué un rôle significatif dans les récents mouvements de prix. «Le pétrole a maintenant une double nature : ce n’est plus simplement une matière première physique, c’est devenu aussi une valeur financière comparable à l’or ou aux devises. Cela rend la situation extraordinairement complexe. En fait, ne ne savons pas encore vraiment ce qui s’est passé en 2008. Nous ne savons pas mesurer les effets relatifs des différents facteurs, quelles sont les mécanismes précis, et donc quelles peuvent être les bonnes solutions. Tout ceci est encore matière à discussion».
La récente crise pétrolière a au moins mis en évidence le besoin d’une organisation telle que l’IEF, poursuit Van Hulst. «L’un des objectifs du dialogue ministériel est de limiter les répercussions des sautes de prix. Selon certains analystes, le simple fait que l’IEF existe et que les pays travaillent ensemble de façon franche et honnête peut déjà avoir un effet stabilisant sur les perspectives du marché».
Voir la suite de l’article en anglais sur le site d'European Energy Review