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L'Union Française de électricité (UFE), est l'association professionnelle du secteur de l'électricité. Elle représente les employeurs du secteur au sein de la branche des industries électriques et gazières...

Le débat sur la transition énergétique déraille


mercredi 22 mai 2013

Attention. On passe du "facteur 4" (diminuer les émissions de CO2 par 4) au "facteur 2" (diminuer la consommation d'énergie par 2). La sobriété énergétique remplace l'efficacité énergétique. Cela n'a rien à voir !


Le site de l'UFE

Une idée se répand au sein du DNTE, le Débat national sur la transition énergétique : pour que la France respecte ses engagements sur le Facteur 4 (division par quatre des émissions de Gaz à Effet de Serre - GES), il faut que la consommation d'énergie en France soit divisée par deux.

Du Facteur 4, on passe au Facteur 2.

Plus qu'un glissement sémantique, ce changement induit une rupture majeure dans l'approche de la lutte contre le changement climatique. On ne parle plus directement de la réduction des émissions de GES, notamment du CO2, principale cause, reconnue, du réchauffement climatique. Mais, plus subtilement, on parle de la réduction de la consommation d'énergie qui devient alors condamnable en elle-même, qu'elle soit carbonée ou non...
 
Ce tour de « passe-passe » est amorcé depuis longtemps en France. Le dispositif des Certificats d'Economie d'Energie (CEE), lourd, inefficace, coûteux, ne distingue jamais les actions d'Efficacité Energétique sobres en CO2 des autres. La réglementation thermique actuelle (dite RT 2012), ne retient que les consommations d'énergie par m2, sans considération des émissions de carbone. C'était déjà la grande lacune du Grenelle de l'Environnement, fondée sur une vision de départ erronée qui méconnaissait l'avance de la France, avec une émission de CO2 par unité de PIB produite deux fois moindre que l'Allemagne. En Europe, hélas, même tendance : la directive « Efficacité Energétique » ne retient, comme critère principal, que la diminution des consommations d'énergie.

Une nouvelle approche qui arrange certains

Ainsi s'installe un nouveau postulat dans la transition énergétique. La consommation d'énergie devient le principal coupable, qu'elle donne lieu à l'émission de CO2 ou non. Ce postulat vient au service des thèses de certaines parties prenantes.

Il permet aux opposants de l'atome de justifier une sortie du nucléaire, énergie qui n'émet pourtant aucun GES. Il permet aussi d'éviter d'évaluer sérieusement le rôle de l'électricité dans la transition comme un des vecteurs d'avenir majeurs d'une économie décarbonée, compétitive et en croissance. Il soutient un objectif sous-jacent de changement de société, qui, sous couvert de sobriété, suppose des modifications profondes en matière d'habitat, de comportement, d'occupation des logements sans se préoccuper des effets négatifs sur la croissance économique et sur la compétitivité. Peut-on être en faveur de la croissance économique et réduire par deux la consommation en énergie à l'horizon 2050, qui plus est avec une démographie croissante ? Rappelons qu'un taux de croissance de 1,5 % annuel ne fait qu'équilibrer l'accroissement démographique de la France ! En deçà de ce taux de croissance, le PIB par tête diminue, le chômage augmente.

Retrouver la voie de la croissance

En fait, en stigmatisant uniquement la consommation d'énergie, quelle que soit son contenu carbone, on évite le vrai débat : comment retrouver la voie de la croissance, de la compétitivité de l'économie, et donc de l'emploi, en continuant à améliorer la performance bas-carbone de la France  ? Rappelons que le secteur industriel de la France est en récession et ne représente que la moitié de celui de l'Allemagne. Dans le même temps, la France, grâce à son mix électrique actuel, émet deux fois moins de CO2 que l'Allemagne par unité de PIB produite. La question centrale est donc celle de l'intensité carbone de la nécessaire croissance. Les efforts doivent être focalisés sur elle.

Malgré les alertes des entreprises et des confédérations syndicales, le DNTE va-t-il, à nouveau, passer à côté de ces questions fondamentales ? Le changement de paradigme symbolisé par un changement de mot - la sobriété énergétique remplaçant l'efficacité énergétique - n'est pas sans danger sur le plan économique et, donc politique, en ces périodes de crise économique en France.

Si le débat porte effectivement de manière ouverte sur ces questions essentielles à l'horizon 2025 / 2050, nous pouvons, alors, nous féliciter de l'orientation générale du Président de la République qui vise à renforcer la performance bas carbone du mix électrique en le rééquilibrant sur la base de quatre technologies performantes et complémentaires : Eolien, Hydraulique, Nucléaire, Solaire. Quant à la compétitivité et à la croissance, c'est bien le sujet N° 1 du débat politique en France aujourd'hui.
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14 commentaire(s)
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Commentaire par Nathalie DEROCHE
mercredi 22 mai 2013 17:15
Vous partez du principe que nous aurons les moyens de financer le développement du parc de production d'électricité, quel qu'il soit, pour suivre l'augmentation de la demande, tout comme cela a été le cas pendant les 5o dernières années. Mais vous savez très bien que nous sommes amenés à faire des choix: éducation, retraites, santé, ...énergie (carbonée ou pas d'ailleurs) sont des secteurs qui vont absorber notre capacité d'épargne pour longtemps. Vous savez aussi, comme moi, que pendant trop longtemps on a dit aux français que tout allait bien, que le service public s'occupait de tout, vous savez aussi que les français, à la différence d'autres citoyens européens, ne savent pas à combien s'élève leur facture d'électricité. Alors oui, sans virer au vert à outrance, je crois qu'il faut enfin devenir vertueux et sobre, et s'épargner des arbitrages douloureux, qu'ils soient collectifs ou individuels.
[2]
Commentaire par Hervé
mercredi 22 mai 2013 19:14
Bon Article. @ Nathalie. Oui tout a fait, cependant dans l?échelle des priorités l?énergie ne passe pas forcément en dernière place. Il serait difficile de se passer de tout le confort que ça nous procure. Il faut garder a l'esprit que l?énergie est la clef de voute de tout le système actuel. C'est elle qui a permis de réduire le temps de travail, la retraite... Revenir en arrière ne sera pas simple et surtout difficilement acceptable. Effectivement la sobriété est une bonne partie de la solution, mais elle sera insuffisante.
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Commentaire par pkjjj
mercredi 22 mai 2013 22:43
[ ... du nucléaire, énergie qui n'émet pourtant aucun GES. ... ] Mensonge est perversité, condamné par le seigneur ! AUCUN ? [ ... sur la croissance économique et sur la compétitivité. .. ] De quelle compète vous parlez ? La partagée, ou la cooptée ? Et pourtant 75% de jus atomique [ ... que le secteur industriel de la France est en récession et ne représente que la moitié de celui de l'Allemagne ... ] La surproduction nucléaire n'y a rien fait ... vous etes un homme du passé, et vantez une industrie qui laisse des déchets pour plus de 100 000ans ! Un fada ..
[4]
Commentaire par Gépé001
jeudi 23 mai 2013 07:23
L'énergie doit être analysée avec son aspect économique:l'énergie remplace le travail en améliorant la productivité et doit être associée au travail pour financer les prestations sociales(les retraites).Pas de solution sans une taxe sur l'énergie pour finnacer les retraites.Est-ce si difficile à comprendre?
[5]
Commentaire par Pierre
jeudi 23 mai 2013 15:26
Article stupéfiant par son accumulation d'inepties : - le dispositif des CEE serait "lourd, inefficace et coûteux"... Quelle mauvaise fois ! C'est bien le seul dispositif efficace, au contraire, pour favoriser les économies d'énergie. Et évidemment qu'il est coûteux pour les promoteurs de grilles pains (=> le petit nom des radiateurs électriques). Et c'est heureux ! A l'heure où on nous emmerde à nous éclairer au fluo compacte au motif que les ampoules à filament dégagent plus de chaleur que de lumière, faudrait peut-être arrêter de produire de l'électricité pour s'en servir comme moyen de chauffage !!! Encore une spécificité bien française, héritage des crânes d'oeufs moulés à polytechnique et aux mines, seuls partisans inconditionnels de l'atome - et hop, ni une ni deux, l'auteur éclairé de ce pensum met au même rang le nucléaire, l'éolien, le solaire et l'hydraulique. Bah c'est sûr que les déchets radioactifs sont aussi dangereux que le vent et les panneaux solaires! Allez donc soutenir ces absurdités aux Japonais qui font maintenant leurs courses avec un compteur Geiger ! Abruti...
[6]
Commentaire par Hervé
jeudi 23 mai 2013 19:14
@ Pierre. Sauf que si on regarde de plus prés les solutions "alternatives" au grille pain, c'est pas guere plus brillant. En france 1/3 des logement sont chauffés par des grilles pain pour 60Twh. Les 2/3 restants consomment 360Twh de gaz et de fioul. Au final, le bilan CO2 des Grille pain est plutôt favorable, et même très favorable en ce qui concerne la balance commerciale. A l'avenir, le développement des pompes a chaleurs va encore creuser l'écart. D'autre part, évincer le chauffage électrique evince de fait l'éolien du mix. Et pour rappel, les logements équipées de grille pain sont aussi souvent les mieux isolés.
[7]
Commentaire par Jean-Pierre
vendredi 24 mai 2013 01:40
Deux questions essentielles se posent: 1) Le CO2 a-t-il un effet significatif sur Tglobale? 2) L'augmentation constatée de l'accroissement du taux de CO2 est-il dû à nos émissions anthropiques ou à des processus naturels? Pour le point 1, deux publications de physiciens démontrent, en utilisant correctement les lois connues de la physique, que le CO2 a un effet non mesurable sur Tglobale: http://arxiv.org/pdf/0707.1161.pdf Pour le point 2, deux études montrent que l'augmentation du taux de CO2 a pour causes essentielles des processus naturels. Voir page 8 et suivantes : http://dropcanvas.com/#wJc9FpE34332em 3) Nous n?avons aucune solution acceptable pour remplacer les énergies fossiles et le nucléaire. La transition énergétique avec des EnR n?est pas une solution : http://dropcanvas.com/#SAn7p952RfNrCE, et le Facteur 4 est irréalisable. On peut économiser de l'énergie en isolant les bâtiments, mais le prix à payer est pharaonique et cela ne peut donc se faire que sur une cinquantaine d'années.
[8]
Commentaire par papijo
vendredi 24 mai 2013 11:32
Si nous parlions d'argent. L'expérience montre que tous les gens à qui on a expliqué que les énergies renouvelables c'est bien, et en plus, ça coûte beaucoup moins cher (et qui l'ont cru !) sont massivement en faveur de ces énergies renouvelables, et je les comprends ! Le problème, c'est que c'est totalement faux. Le prix de ces énergies est bien plus élevé que celui des autres sources. Par exemple, dans le cadre de la loi NOME, on débat actuellement d'un prix de l'électricité nucléaire (tout compris, y compris le démantèlement des centrales) autour de 4 c?/kWh (prix de gros hors taxes, source: http://www.cre.fr/documents/deliberations/avis/tarifs-de-cession-de-l-electricite/consulter-la-deliberation), alors que EDF achète par exemple l'électricité photovoltaïque plus de 30 c?/kWh aux particuliers. Le prix d'achat de l'électricité renouvelable représente d'après la CRE environ 60% des 13,5 c?/kWh que nous payons au titre de la CSPE, soit 8 c?/kWh au dessus des prix du marché, payables pour l'ensemble de l'électricité que nous consommons (source: http://www.energie2007.fr/images/upload/130416_debat_bip-enerpresse_dgec_contribution_au_service_public_de_l_electricite_cspe.pdf). Ce supplément est d'autant plus énorme que ces énergies renouvelables ne représentent que 2,9% pour l'éolien, 0,8% pour le photo-voltaïque et moins de 1% pour le reste (incinération des ordures, biomasse, etc. ), soit au total moins de 5% de notre électricité(source: http://www.rte-france.com/uploads/M
[9]
Commentaire par papijo
vendredi 24 mai 2013 11:35
Je reprends la fin du message tronqué ci-dessus: Ce supplément est d'autant plus énorme que ces énergies renouvelables ne représentent que 2,9% pour l'éolien, 0,8% pour le photo-voltaïque et moins de 1% pour le reste (incinération des ordures, biomasse, etc. ), soit au total moins de 5% de notre électricité(source: http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/annuelles/Bilan_electrique/RTE_bilan_electrique_2012.pdf). Chaque kWh éolien ou photovoltaïque coûte donc: 8 / 5% / 4 = 40 fois le prix de l'électricité nucléaire (et même plus car l'incinération n'est pas ou très peu subventionnée). Encore une fois, j'aimerais bien un monde sans CO2 et sans nucléaire, mais si je regarde l'état de ma bourse et de celle des français ... je suis bien obligé de conclure que les énergies renouvelables ne sont pas pour nous (je ne parle pas de l'intermittence de ces énergies ce qui alourdirait encore plus le tableau)
[10]
Commentaire par papijo
vendredi 24 mai 2013 11:42
Avant de devenir la risée de tous les lecteurs, je dois corriger: La CSPE représente 1,35 c?/kWh au lieu de 13,5, et doc le renouvelable c'est un supplément de 4 fois le prix "normal", ce qui est déjà beaucoup !
[11]
Commentaire par Jean-Pierre
vendredi 24 mai 2013 12:02
@Papijo OK avec vos commentaires. J'ai fait la même analyse, un peu plus développée, ici: http://dropcanvas.com/#SAn7p952RfNrCE Kenavo!
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Commentaire par ecla1reur
mardi 28 mai 2013 11:26
Mais pourquoi tous les commentaires ne sont-ils pas aussi mesurés et pertinents que ceux de Nathalie DEROCHE? ... et les points de vue aussi d'ailleurs !
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Commentaire par C'est le nucléaire qui déraille !
samedi 01 juin 2013 02:16
C'est le nucléaire qui déraille: il ne doit sa compétitivité que grace à la complicité frauduleuse de la Technocratie et des politiciens acquis à la religion radioactive: le nucléaire roule sans assurance !! Il est légalement dispensé de s'assurer contre les risques d'accidents. Quand on sait qu'il faudrait provisionner entre 400 et 5000 milliards d'euros pour faire face à un accident grave on comprend mieux pourquoi tout ce business radioactif n'est qu'une gigantesques escroquerie qui finira inéluctablement par ruiner notre pays.
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Commentaire par Yves Egal
mercredi 12 juin 2013 17:42
Toujours la même fixation paranoïaque de certains sur le nucléaire ! Non, enfouir les déchets sous terre ne présente aucun danger. Le coût d'un accident est ultra-gonflé par l'évacuation inutile des habitants à Tchernobyl comme à Fukushima, où les radiations étaient tout à fait supportables dès les premiers jours après les fuites radioactives. Et surtout par le nettoyage de zones tout à fait vivables (on le voit à Tchernobyl où les gens sont revenus et s'en portent très bien). Ces coûts ne sont pas générés par le nucléaire mais par des décisions politiques stupides. Signalons que la SNCF non plus ne s'assure pas.
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