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Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (1964), agrégée de physique (1968) et Docteur es Sciences physique (1973), Colette Lewiner débute une carrière d’enseignante à l’Université de Paris puis rejoint...

La renaissance du nucléaire? Oui, mais sous conditions !


jeudi 05 mars 2009

Le développement de l'atome est souhaitable, mais il ne peut se faire à
n'importe quel prix.



Après vingt ans de traversée du désert, conséquence de l’accident de Tchernobyl, on assiste à une renaissance de l’énergie nucléaire en Europe et en Amérique du Nord, sachant que les constructions de réacteurs ne se sont pas arrêtées en Asie.

Il y a aujourd’hui 439 réacteurs en exploitation, 34 en construction et 320 projets de nouvelles constructions ans le monde.

L’Asie est la région la plus active : le gouvernement chinois a décidé d’accélérer son programme et prévoit d’atteindre 60 000 MW de puissance installée d’ici 2020 ( soit l’équivalent de la puissance nucléaire française).

L’accès récent de l’Inde aux technologies occidentales va lui permettre d’accélérer son programme afin que 10% de l’électricité produite soit d’origine du nucléaire en 2020.

En Europe, deux réacteurs sont en construction l’un en Finlande et l’autre en France. Un deuxième et même un troisième réacteur ont été décidés en France. Le Royaume Uni qui a décidé de relancer la construction de nouveaux réacteurs et prévoit une nouvelle puissance installée de 25 000 MW en 2030.D’autres pays comme la Suède et l’Italie ont décidé de revenir sur leur moratoire nucléaire et les plusieurs pays d’Europe de l’Est ont de nouveaux projets. En Allemagne, l’arrêt progressif des centrales allemandes est toujours prévu mais les élections cette année pourraient changer la donne.

On assiste également à un renouveau du nucléaire aux Etats-Unis où 42 demandes de licences ont été déposées. Cependant, la crise financière combinée à la prudence de l’administration Obama risquent de ralentir les nouveaux projets.

Ce rapide, et non exhaustif, tour du monde montre qu’il y a un réel renouveau de l’industrie nucléaire qui s’explique par :

  • - La croissance de la population (croissance de 1,2% par an des pays en développement) et corrélativement la croissance des besoins en énergie. Elle est certes ralentie par la crise mais repartira après. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler qu’il y a 1,6 milliards de personnes sur terre qui n’ont pas l’électricité.
  • - Des menaces à moyen terme sur la sécurité d’approvisionnement en énergie compte tenu de nos ressources limitées en pétrole et gaz. Certes le charbon est plus abondant (150 ans de besoins) et mieux réparti géographiquement. Mais les centrales au charbon sont aujourd’hui fortement émettrices de CO2
  • - Les préoccupations liées au changement climatique: les émissions de CO2 tirées par la demande énergétique devraient croitre de 46% environ d’ici 2030.
  • - L’importance des investissements requis dans les infrastructures énergétiques qui s’élèvent à environ 22 000 milliards de $ ( d’ici 2030) Ces investissements devraient se faire majoritairement dans des sources d’énergie n’émettant pas de CO2 et notamment dans le nucléaire qui permet aussi de produire de grandes quantités d’électricité

L’industrie nucléaire est une industrie complexe et son développement durable passe par certaines conditions :

  • 1 - Un contrôle effectif de la non prolifération, afin de ne pas divertir des matières ou des technologies nucléaire d’usages civils vers des usages militaires
  • 2 - Une gestion stricte de la sûreté à tous les stades du développement : la conception, la construction, l’exploitation des réacteurs et le traitement des combustibles usés. Ceci nécessite souvent le renforcement des autorités de sûreté ou leur création dans de « nouveaux pays » nucléaires
  • 3 - La maitrise de projets exceptionnellement longs (plus d’un demi-siècle au total) coûteux, et complexes
  • 4 - La compétitivité de la filière nucléaire vis-à-vis de la filière charbon. Elle est aujourd’hui assurée en Europe et le sera aux Etats-Unis avec les nouvelles mesures de limitations des émissions de CO2
  • 5 - La mise à niveau de la chaine logistique et la formation, d’ingénieurs et techniciens compétents
  • 6 - L’acceptation du public qui s’est améliorée surtout sur les sites de centrales existantes

Notre planète a aussi besoin d’énergie nucléaire, la pérennité de son développement est un enjeu crucial.


5 commentaire(s)
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Commentaire par Fabrice
jeudi 05 mars 2009 19:48
Vous éliminez un peu vite la question des déchets. Il s'agit de questions complexes et n'est-il pas dangereux de les laisser à l'appréciation purement nationale. Par exemple les pays scandinaves considèrent que tout combustible usé est un déchet, d'autres pays -comme le France- retraitent. Ne faudrait-il pas aller vers des normes plus multinationales, européennes d'abord, mondiales ensuite, qui s'imposeraient à tous les nouveaux pays ? Que se passera-t-il si un pays est particulièrement négligent, ou si un pays se propose de retraiter -mal- les dechets des autres pour se procurer des revenus ? La question des dechets peut-elle être laissée aux décisions nationales, voire de sociétés commerciales. Le nucléaire se mondialise, la question des dechets devrait aussi se mondialiser.

[Réponse de l'auteur]
Je suis bien d'accord que la question du traitement des combustibles usés et des déchets est très importante et, c'est vrai, que dans un article court on ne peut pas la traiter à fond. La question que vous posez est intéressante et la réponse est complexe. D'un côté les normes ,notamment de radioprotection, sont établies ous l'égide d'institutions internationales et sont, pour l'essentiel ,les mêmes entre les différents pays développés qui possèdent de l'énergie nucléaire. D'un autre côté les politiques de gestions des comnbustibles usés et des déchets sont du ressort de chaque gouvernement national . Au delà des politiques c'est d'ailleurs leur mise en oeuvre qui est importante. Les Etats-Unis, par exemple, n'ont pas été du tout performants sur ce sujet et le nouveau Président Obama semble vouloir à juste titre s'attaquer à ce problème. Il est aussi légitime que ces politiques soient nationales car les sites soit de stockage de combustibles usés ou de retraitement de ces combustibles usés et de stockage des déchets se situent sur le territoire national et les populations des pays (et aussi celles situées près de ces sites) se sentent légitimement concernées. Dans l'ordre d'idées que vous évoquez, les Russes ont un projet de créer sur leur terrioire un centre de production de combustibles qui seraient ensuite mis à disposition des opérateurs et repris après passage en centrales.Le traitement des combustibles usées serait fait dans ce centre. Ils vendraient donc aux opérateurs nucléaires du service. Les américains ont ensuite repris cette idée à leur compte. L'Europe elle est absente du débat! Il est évident qu'un tel centre devrait être placé sous l'égide d'institutions internationales (l'AIEA par exemple). Il aurait l'avantage de répondre aux type de préoccupations que vous évoquez et aussi d'assurer un contrôle en matière de non prolifération. Il est aussi important de savoir que les nouveaux réacteurs dits de Génération IV(l'EPR étant de génération III), mis au point au Commissatiat à l'Energie Atomique, vont brûler directment une partie des déchets qu'ils produisent. Au delà des questions de contrôle qui sont bien sûr importantes, je pense qu'il faut accélérer le financement de la recherche sur ces nouveaux réacteurs.
[2]
Commentaire par Gérard
jeudi 05 mars 2009 22:38
J'émets de sérieux doutes quant à l'inocuité de l'énergie nucléaire par rapport au réchauffement climatique. Quelqu'un a-t-il déjà comptabilisé l'impact de la chaleur produite par les 439 réacteurs en activité qui provient d'une énergie fossile depuis des millions d'années et qui donc injecte dans l'environnement actuel (eau et air) des calories qui, si elles obéisssnt bien au principe "rien ne se perd, rien ne se crée", le font pourtant à une échelle de temps si grande que le climat actuel peut très bien en être affecté ?

[Réponse de l'auteur]
Il est exact que les centrales nucléaires rejettent des calories dans l'atmosphère. Cela est le cas de toutes les centrales dites thermiques et notamment de celles fonctionnant au gaz, charbon et fuel-oil. En effet selon le deuxième principe de la thermodynamique, dit aussi principe de Carnot, le rendement de ces centrales est fonction de la température de la source chaude (produite par la combustion ou la réaction nucléaire) et de la source froide (l'air environnant ou l'eau de refroidissement). Les rendements sont en pratique compris entre 34% et 40%. Cela veut dire que la partie d'énergie qui n'est pas transformée en électricité (66% à 60%) se dissipe sous forme de chaleur. Je rappelle que cette conversion permet, avec l'électricité, de créer un excellent vecteur énergétique qui est propre, souple et qui permet une régulation fine de la consommation d'énergie.
[3]
Commentaire par Etienne B.
vendredi 06 mars 2009 14:32
Votre article est très synthétique et intéressant.Je signale aux internautes le récapitulatif des centrales acuelles et en projet (et bien d'autres infos) sur le site de la World Nuclear Association :

http://www.world-nuclear.org/info/reactors.html

[Réponse de l'auteur]
Merci pour votre commentaire. Vous avez raison, le site du World Nuclear Association est une très bonne source d'informations.
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Commentaire par Sortons du nucléaire
lundi 09 mars 2009 14:16
Article bidon (radioactif) : en réalité, il n'y a PAS de renaissance du nucléaire. Seuls les réacteurs dont les chantiers étaient commencés avant la crise mondiale continuent actuellement (principalement en Asie). La quasi totalité des réacteurs annoncés ces derniers mois relèvent du bluff. Sarkozy n'a vendu en tout et pour tout qu'un seul réacteur... à la France ! Quel "succès commercial" !
Les EPR "vendus" à l'Inde, à l'Italie, etc, c'est du vent. EDF et Areva sont en quasi faillite (et on perdu 70% en bourse en quelques mois).
Dans son plans de relance, Obama a attribué ZERO dollar au nucléaire (qui espérait 50 milliards... qui sont attribués aux énergies renouvelables)
Les dirigeants anglais, suédois ou autres se sont ridiculisés en annonçant de nouveaux réacteurs : sous peu, il faudra annoncer les annulations. Déjà, l'Afrique du Sud a annulé les 12 réacteurs qu'elle prétendait construire...
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Commentaire par l'écolo
mardi 17 mars 2009 13:22
Je vous félicite pour cette synthèse et claire et sans parti-pris.

Ne vous laissez pas déstabiliser par les diatribes agressives des anti-nucléaires : ce ne sont que jérémiades, dénigrements, dérisions et hors-sujet, comme le montre bien leur dernière réaction.
Incapables qu’ils sont d’apporter des arguments rationnels et scientifiques ils se réfugient dans la basse caricature et les ragots perfides dans l’espoir d’arriver à discréditer une source d’énergie dont il est évident que l’humanité ne peut plus se passer



[Réponse de l'auteur]
Merci pour votre commentaire qui m'a fait plaisir.
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Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (1964), agrégée de physique (1968) et Docteur es Sciences physique (1973), Colette Lewiner débute une carrière d’enseignante à l’Université de Paris puis rejoint...

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