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Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (1964), agrégée de physique (1968) et Docteur es Sciences physique (1973), Colette Lewiner débute une carrière d’enseignante à l’Université de Paris puis rejoint...

Colette Lewiner : "Il y a trop de capacité de raffinage en Europe"


mardi 23 février 2010

Surcapacités de production, inadaptation des raffineries aux besoins…Pour Colette Lewiner, Directrice Internationale du secteur de l’énergie chez Cap Gemini, le marché du raffinage dans les pays développés entre dans une crise structurelle.


Colette Lewiner est Directeur Associé de Capgemini, et Directrice Internationale du secteur de l’énergie

Le marché du raffinage est-il réellement en sur-capacité de production ?
 
Clairement aujourd’hui au niveau mondial, les raffineries ne sont pas localisées au bon endroit. Dans les pays occidentaux, et notamment en Europe, le marché est en excédent de capacité de production, ce qui veut dire qu’il y a trop de capacités de raffinage par rapport aux besoins réels. La consommation d’essence diminue, à la fois pour des raisons conjoncturelles, avec la crise économique, mais aussi pour des raisons structurelles. En effet,  demain il y aura de plus en plus de petites voitures plus économes en essence en circulation et après demain l’on verra une certaine proportion de voitures électriques dans le parc de véhicules français. Ce qui signifie que la demande de produits raffinés va continuer à reculer.  Parallèlement, les besoins sont en train d’exploser dans les pays émergents, notamment en Chine et en Inde, avec l’augmentation du taux d’équipement des particuliers en voiture. Dans cette partie de la planète, les besoins de raffinage sont considérables. Total, comme toutes les grandes Majors, sont en train d’adapter leur outil de production à la réalité de la demande. C’est un mouvement général avec des conséquences sociales qu’il faut gérer.

La prépondérance des véhicules diesel en France ne complique-t-elle pas en encore la situation ?

Tout à fait. A ce problème général de sur-capacités de production dans les pays développés, se greffe une question purement française. Depuis longtemps, la fiscalité française favorise le développement d’un parc de véhicules diesel. Or la France produit plus de carburant sans plomb qu’elle n’en consomme tandis qu’elle consomme plus de gazole qu’elle n’en produit. De fait, les raffineries françaises exportent  de l’essence sans plomb alors qu’elles importent pratiquement 30%% du diesel qui est vendu sur le territoire et les investissements nécessaires à l’adaptation des raffineries à ce mix produits ne sont pas rentables. 

L’ensemble de cette analyse explique qu’un Major comme Shell ait décidé, il y a quelques années, de vendre ses raffineries en France et d’investir davantage en Asie.

Propos recueillis par Béatrice Mathieu 
 
1 commentaire(s)
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Commentaire par Nicolas Goldberg
mardi 23 février 2010 15:05
N'y a-t-il pas aussi en Europe un problème de normes environnementales qui rendent les petites raffineries structurellement peu rentables alors que les plus grandes le sont, ce qui nous a poussé par le passé à construire des raffineries sur-dimensionnées, quitte à exporter ?
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Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (1964), agrégée de physique (1968) et Docteur es Sciences physique (1973), Colette Lewiner débute une carrière d’enseignante à l’Université de Paris puis rejoint...

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