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Présidentielle oblige, les scénarios énergétiques fleurissent


jeudi 29 septembre 2011

L’association Negawatt sort le 29 septembre un scénario énergétique pour lequel Martine Aubry a déjà marqué son intérêt. L’équipe de François Hollande en prépare un. Le gouvernement a pour sa part créé une mission coordonnée par le Pr Jacques Percebois pour voir ce qui se passerait si la part du nucléaire était réduite. Et il y en a d’autres …


Avec des programmes électoraux où les questions énergétiques tiennent une bonne place, les experts de tous bords ont sorti leurs calculettes pour voir comment peut évoluer le mix énergétique et surtout comment on peut influer sur lui.

Ces scénarios énergétiques ne sont pas faciles à comparer. Même en dehors de tout biais idéologique, ils varient selon les priorités que les auteurs veulent mettre en valeur : veut-on limiter les émissions de CO2 ? Veut-on garantir la sécurité de la distribution électrique ? Veut-on baisser de façon volontariste la part nucléaire ? Les résultats diffèrent et illustrent la complexité de ces prévisions, loin des certitudes des discours de tribune. Ils ont quelques points communs, notamment le nécessité de développer et de rendre plus intelligents les réseaux électriques européens.

Voici quelques uns des scénarios d'experts.

&&&-  Le scénario RTE (cliquer ici)

Le « Réseau de transport de l'électricité » a publié en juillet son bilan prévisionnel classique et, à  la demande du Ministre de l'industrie, a examiné l'impact d'un scénario de réduction de la capacité nucléaire en France à l'horizon 2030 (voir le rapport chapitre 7, page 107). Il se préoccupe avant tout de la sécurité électrique et de l'intégration dans le réseau européen.

Deux scénarios ont été retenus : l'un avec une capacité nucléaire de 65 GW, qui reste un tout petit supérieur à celle d'aujourd'hui (donc décroit en pourcentage), avec la mise en œuvre des deux EPR de Flamanville et Penly, l'autre avec une capacité réduite à 40 GW.

Dans l'hypothèse d'un nucléaire réduit à 40 GW, il faut d'une part maîtriser la consommation électrique à un niveau inférieur à celle d'aujourd'hui, faire passer la capacité installée éolienne de 5,8 à 40 GW et la capacité photovoltaique de moins de 1 à 25 GW.

Si l'on considère les productions d'énergie de ce scénario « bas », le nucléaire reste dominant compte tenu des rendements beaucoup plus faibles de l'éolien ou du photovoltaïque. La part du nucléaire dans le mix électrique passe à 52%, celle de l'éolien à 15%, le photovoltaique a 5% , l'hydraulique à 14% . Le ratio des énergies renouvelables passe à 37,8%. Mais dans ce scénario bas, les émissions de CO2 sont à 23,1 MtCO2 (contre 15,7 dans le scénario où le nucléaire reste à 65 GW).
 
&&&--- Le scénario d'Alain Grandjean (cliquer ici)

Polytechnicien, économiste, fondateur avec J.M Jancovici de la société Carbone4. Parmi les très nombreux scénarios qu'il a étudiés, notamment en relation avec le coût de l'énergie pour le consommateur, il a esquissé une sortie totale du nucléaire en 2050 en France. Elle suppose :
  • une réduction d'un tiers de la consommation d'électricité , ce qui suppose d'énormes efforts dans le domaine de maitrise de la demande, notamment une grande sobriété de la part des consommateurs.
  • une division par 2 de l'électricité d'origine thermique (le passage au gaz fait déjà un facteur 2 sur les émissions actuelles de CO2, grâce à l'élimination progressive du charbon en France) et le développement de l'éolien, du photovoltaïque et de la biomasse à des niveaux inférieurs à leurs potentiels « techniques » (c'est-à-dire sans examiner à ce stade du raisonnement les questions d'acceptabilité sociale).
  • une suppression de « l'exportation nette » (ce qui veut dire en moyenne autant d'import que d'export sur l'année)
  • une augmentation de la capacité des réseaux (stockage compris) à absorber l'intermittence et la variabilité des ENR .

&&&&--- Le scenario Negatep (cliquer ici)


Le scénario Negatep 2010 est l'oeuvre de « Sauvons le climat », une association d'ingénieurs et d'experts fondamentalement favorables au nucléaire en tant qu'énergie peu émettrice de gaz à effet de serre. Il favorise clairement le développement de l'électricité.

Le scénario vise la division par 4 des rejets de CO2. Il préconise :

- de pratiquement supprimer le pétrole et le gaz dans le résidentiel et le tertiaire, en combinant une meilleure isolation, les énergies renouvelables productrices de chaleur, et l'électricité directe.

- de repenser la mobilité (transports en commun, fret) et de remplacer le pétrole par l'électricité,  soit directement dans des véhicules hybrides ou électriques, soit  en apportant l'énergie nécessaire à la synthèse des biocarburants.

- de limiter sérieusement les combustibles fossiles dans l'industrie.

- d'augmenter fortement la part de l'électricité dans le mix énergétique, maintenir la part de l'énergie nucléaire dans la production d'électricité et, tant que des moyens économiques de stockage n'auront pas été développés,  limiter la part des électricités intermittentes.


&&&- Le scenario de la Direction de l'énergie et du climat (cliquer ici)

La Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a publié en août une étude - intitulée « Scénarios Prospectifs Energie - Climat - Air à l'horizon 2030 », sur l'évolution de la consommation d'énergie et des émissions de GES dans les vingt prochaines années. L'étude est centrée sur les effets des décisions prises au Grenelle de l'environnement.

Prenant en compte les décisions en faveur du climat et l'impact de la crise économique, l'étude estime que, sans le Grenelle, la consommation finale d'énergie en France aurait augmenté de 18% su la période 1990- 2030 alors qu'elle devrait, après Grenelle, diminuer de 2,6%.

La mise en œuvre du Grenelle devrait par ailleurs  permettre de ramener les GES de la France à 435 M de tonnes équivalent CO2 (MteqCO2) en 2020, soit une réduction de 23,1 % par rapport à 1990 (565 MteqCO2). En 2030, ce chiffre devrait encore baisser et atteindre la valeur de 385 MteqCO2, soit une diminution de 31,9 % par rapport à 1990, année de référence.


&&&-- Le scénario de Greenpeace (cliquer ici)


Greenpeace a publié en février son rapport annuel sur l'énergie, « the battle of the grids », consacré au monde entier. Quelques uns des points concernant l'Europe ont été résumés (en français, cliquer ici) par Greenpeace Belgique. L'objectif est avant tout de sortir du nucléaire et du charbon.

Le scénario européen prévoit que 90% des centrales au charbon et nucléaires existantes doivent être progressivement supprimées d'ici 2030 et complètement abandonnées pour 2050.

En 2030, les centrales au gaz fourniront la majeure partie de l'électricité non renouvelable et serviront de solution de réserve flexible pour l'énergie solaire et éolienne. Entre 2030 et 2050, le gaz naturel en tant que combustible sera progressivement abandonné et remplacé par des énergies renouvelables contrôlables telles que l'hydroélectricité, la géothermie, le solaire concentré et la biomasse.

Il prévoit aussi une intégration à large échelle de l'électricité renouvelable dans le réseau européen. D'ici 2030, un investissement entre 70 et 100 milliards d'euros dans l'infrastructure de réseau sera nécessaire, avec un mix énergétique composé à 68% d'énergie renouvelable. Un objectif de 99,5 % d'EnR est visé en 2050.


&&&-  Le scénario de Benjamin Dessus (cliquer ici)

Benjamin Dessus est le président de Global Chance, une association de scientifiques et d'experts en faveur d'"un développement mondial plus équilibré".

Il a envisagé une « sortie progressive du nucléaire en 20 ans », fondée notamment sur des économies d'électricité.

Il a à cette occasion fait une comparaison avec un scénario de remplacement à l'identique du parc nucléaire avec des EPR, au bout d'une trentaine d'années. La comparaison prend en compte l'ensemble des coûts (production, transport, distribution, économies d'électricité) de chacun des scénarios d'ici 2031 et le cumul des investissements à réaliser d'ici 2031.

La comparaison montre que les coûts au kWh du scénario de sortie sont 10 à 15% supérieurs à ceux de la poursuite du nucléaire, mais que les factures annuelles pour les usagers sont nettement plus légères (de 25%). Les investissements à réaliser d'ici 2030 sont également inférieurs dans le scénario « Sortir du nucléaire en 20 ans ». L'essentiel du gain provient des économies d'électricité car le kWh "évité" est dans la plupart des cas beaucoup moins onéreux (dans un rapport 1,5 à 5) que le kWh produit, transporté et distribué, et ce quelque soit le mode de production privilégié.

Voir le site Energie2012

2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par carlino
jeudi 29 septembre 2011 18:40
trés bien ..c'est ce qu'il faut ....! si ça peut amener un peu plus d'intelligence ...de vision .... plutôt que ce monstrueuses éoliennes qui ne solutionnent rien ...et qui vont coûter de fortunes pour beaucoup négatif tous comptes faits .
[2]
Commentaire par Herv12
vendredi 30 septembre 2011 17:43
Article très intéressant, mais certains renseignements manquent cruellement dans la plupart des études citées (Coût du KWh obtenu, faisabilité à grande échelle d'installations souvent encore au stade de la R&D et aux performances douteuses, impact de la mise en place de ces installations? , ou seront elles?, nuisances à subir?...) La crédibilité de ces études est trés variable d'une à l'autre.

Perso, je pencherais sentimentalement pour la version NegaTep, car au delà du problème du réchauffement climatique, nous gaspillons actuellement les ressources fossiles qui sont trop précieuses pour être bêtement brûlées à la seule fin de produire de la chaleur. (Cette hypothèse est aussi favorable à la réduction du déficit extérieur). Toutefois j'ai quelques doutes sur les possibilités réelles de faire baisser la conso totale d'énergie dans des proportions importantes.
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