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Béatrice Mathieu est rédactrice en chef adjointe de l'Expansion, responsable éditoriale de la Chaine Energie.

La révolution verte arrive en ville, par Béatrice Mathieu et Benjamin Neumann


vendredi 30 octobre 2009

Pionnières dans la lutte contre l'effet de serre, des cités repensent transports et énergie, freinent l'étalement urbain et interconnectent leurs réseaux. Exemples d'initiatives qui améliorant déjà la vie des citadins.


C'est moins à Copenhague, où se tiendra début décembre la grande conférence mondiale sur le climat, qu'au fin fond de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, que l'avenir écologique de la planète va se dessiner : sur Wheeler Place, au coeur de Newcastle, un compteur géant affiche en temps réel la consommation électrique et les émissions de carbone des 140 000 habitants. Un formidable baromètre de la prise de conscience de toute une communauté : en une quinzaine d'années, sa consommation d'énergie a chuté de près de 40 % ! Une preuve aussi que, quelle que soit l'issue des discussions de Copenhague, la révolution verte a déjà débuté. Or elle va bouleverser notre vie quotidienne bien davantage et bien plus vite qu'on ne le croit aujourd'hui. A l'image de Newcastle, des milliers de villes dans le monde s'attellent à modeler la cité de demain : plus verte, bien sûr, mais aussi plus respirable, plus durable, plus solidaire et plus humaine.

Une dynamique essentielle, car les villes concentrent d'ores et déjà plus de la moitié de la population mondiale (et sans doute les deux tiers en 2050), générant près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Surtout, elles sont potentiellement les plus exposées aux catastrophes naturelles liées au changement climatique. Dans les 136 plus grandes villes portuaires du monde, près de 40 millions de personnes sont aujourd'hui menacées par l'élévation du niveau des mers, et la valeur totale des actifs exposés à ce danger atteindrait 2 000 milliards d'euros, d'après une récente étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "Alors que la communauté internationale s'écharpe sur les objectifs communs pour lutter contre le réchauffement climatique, de plus en plus de villes s'imposent des objectifs bien supérieurs aux engagements nationaux", observe Lamia Kamel-Chaoui, responsable du programme de développement urbain à l'OCDE. Avec des ambitions qui vont bien au-delà de la construction d'immeubles à la pointe des technologies écologiques. Amsterdam veut devenir la première "ville intelligente", truffant les bâtiments publics, les logements et les rues de boîtiers reliés à Internet afin de surveiller la consommation énergétique des habitants et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici à 2020. Stockholm, Londres et Barcelone devraient bientôt lui emboîter le pas.

Les grandes villes américaines, symboles de l'étalement urbain, entament elles aussi leur mue : 170 d'entre elles ont adopté les objectifs de Kyoto alors même que les Etats-Unis n'ont jamais signé le protocole. Seattle, Portland (Oregon) - qui recycle 75 % de ses déchets ménagers, un record mondial -, San Francisco, Austin et Boulder arrivent dans le peloton de tête des villes les plus vertes de la plupart des classements mondiaux. En France, Strasbourg - championne de notre palmarès exclusif des villes les plus écolos -, Nantes, Grenoble, Paris et Bordeaux se sont également lancées dans une course au développement durable. Des écoquartiers fleurissent un peu partout. Certes, dans la plupart des cas, il s'agit encore d'un simple "toilettage vert" destiné à séduire les électeurs. Sur les quelque 160 projets proposés au ministère de l'Ecologie dans le cadre d'un concours, une dizaine à peine sont réellement crédibles. "Mais, dans cette poignée de nouveaux lieux de vie, le quotidien des habitants va réellement changer", s'enflamme Franck Faucheux, le responsable du programme écoquartier chez Jean-Louis Borloo.

Point commun de tous ces projets : la volonté de rétrécir la ville. "Nous voulons faire de Nantes une cité compacte et en finir avec l'étalement urbain, véritable désastre écologique", martèle Ronan Dantec, vice- président de la communauté d'agglomération et représentant mondial des villes au prochain sommet de Copenhague. D'où la réhabilitation en logements de l'île de Nantes, vaste territoire de 350 hectares quasi en friche. "L'avenir est à la proximité, explique l'architecte Jean-Robert Mazaud, à la tête du cabinet Blue Holding, retenu pour le projet du grand Paris. Il ne faut plus, par exemple, raisonner sur Paris centre et sa banlieue, mais sur vingt petits centres de 500 000 habitants à la vie locale densifiée."

Outre-Atlantique, le thème des shrinking cities - les "villes rétrécies" - fait un tabac. L'administration Obama a ciblé une cinquantaine de villes comme Phi-ladelphie, Baltimore et Memphis, les sommant d'appliquer un modèle de "réduction urbaine" à l'instar de Flint (Michigan). Dans cette cité de 110 000 habitants, à une centaine de kilomètres de Detroit, des zones pavillonnaires entières subissent la loi des bulldozers. Un millier de maisons ont déjà été détruites, 3 000 autres subiront le même sort dans les prochains mois. La crise de l'immobilier a bien aidé, mais la municipalité n'avait de toute façon plus les moyens d'entretenir les services publics urbains sur un territoire aussi étendu. Aux Etats-Unis, le doublement de la densité urbaine d'ici à 2050 entraînerait une baisse de 11 % des émissions de CO2 et permettrait de développer des services de transport collectif, de tri et de traitement des déchets, ou encore de collecte des eaux pluviales, moins coûteux.

A Grenoble, ville très dense, dotée d'un vaste système de chauffage urbain, il a suffi que la mairie remplace l'antique centrale à charbon par une centrale à bois flambant neuve pour diminuer les émissions de dioxyde de carbone de quelque 30 000 tonnes par an.

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