Par Ariane Vennin
- Avocate et Porte-Parole d'Ecologie sans Frontière
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Ariane Vennin est Porte-Parole National d'Ecologie sans Frontière.Avocate en droit de l'environnement, elle a aussi occupé des postes d'élue : Paris XVIIème, St-Briac-surMer...
Polémiques sur le marché du solaire
Par Ariane Vennin
- Avocate et Porte-Parole d'Ecologie sans Frontière
mardi 04 mai 2010
Malgré l'intervention "régulatrice" du gouvernement, le marché de l'énergie solaire comporte de nombreux paradoxes. Ariane Vennin, avocate et porte parole d'Ecologie Sans Frontière, nous aide à y voir plus clair, à quelques heures du début du vote du Grenelle II.
En 2006, les bonnes idées écolos pour le photovoltaïque étaient simples et relevaient d'un choix stratégique : privilégier le photovoltaïque intégré au bâti (sur les toitures, les façades d'immeubles), aux centrales au sol (voir photo). Pour éviter des conflits d'usage du sol, pour développer une filière industrielle cohérente avec notre savoir-faire dans le bâtiment. Ce choix a été accompagné de mesures incitatives comme le crédit d'impôt et le tarif d'achat bonifié à 0,60€/kW. Souvenez-vous, ce choix stratégique figurait déjà dans la stratégie Nationale de Développement durable, largement débattue et âprement négociée au sein du Conseil National du Développement durable.
En 2007 et 2008, le Grenelle de l'Environnement a renforcé et conforté ce choix, tant dans le COMOP "Energies renouvelables" ("Plan bâtiments Soleil") que dans les COMOP "Construction ou Agriculture durables". Nous étions tous d'accord pour considérer le photovoltaïque comme un élément du bâtiment à favoriser.
En 2009, les communiqués et dossiers du Ministère semblaient maintenir ce cap. Les projets d'arrêtés tarifaires discutés tout au long de l'année et dévoilés le 9 septembre 2009, ne laissaient pas présager d'évolution majeure sur cette orientation dont on se gaussait avec le tarif intégré au bâti "le plus élevé au Monde" !
2010 ne marque-t-il pas un revirement stratégique complet ? Avec des tarifs privilégiant les centrales au sol plutôt que l'intégré au bâti ?
Au delà des chiffres et des conditions juridiques plus favorables, un simple constat : tous les avis de demandes d'autorisations ministérielles d'exploiter délivrés depuis janvier 2010 ne portent plus que sur des méga-centrales au sol ! Et ce, au mépris de l'avis très réservé de l'Ademe sur les centrales au sol, réserves partagées par le monde agricole et les associations écolo sur les conflits d'usage du sol et l'acceptabilité... Résultat ? On va aboutir à la même incompréhension que pour les éoliennes, aux mêmes difficultés d'acceptation, aux mêmes procès...
C'est affligeant, pour l'environnement, et pour l'emploi aussi. Car on ne parle que trop peu de l'emploi. Cet aspect n’est, pourtant, pas neutre. Autant l'intégration de panneaux au bâti met en valeur le savoir-faire français et emploie la main d'œuvre locale, autant la pose de panneaux au sol n'impose pas beaucoup de contraintes sociales, ni de main d'œuvre qualifiée... D'ailleurs, pour la plus grande centrale au sol actuellement en construction, dans la région PACA, à Curbans, sur 60 hectares, pour 33 MW (soit 145.000 panneaux !), l'appel d'offres pour la main d'oeuvre de montage vient d'être remporté par des espagnols... CQFD.
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Les prétendus écolos continuent de critiquer pour le principe.