Par Ariane Vennin
- Avocate et Porte-Parole d'Ecologie sans Frontière
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Ariane Vennin est Porte-Parole National d'Ecologie sans Frontière.Avocate en droit de l'environnement, elle a aussi occupé des postes d'élue : Paris XVIIème, St-Briac-surMer...
La relance du photovoltaïque, une tromperie !
Par Ariane Vennin
- Avocate et Porte-Parole d'Ecologie sans Frontière
mardi 19 juillet 2011
L'annonce d'appels d'offres pour le photovoltaïque n'a pas convaincu les petites entreprises du secteur. Le mouvement "Touche pas à mon panneau solaire" repart à la bataille.
NKM dit favoriser l'innovation et le « made in France » avec les appels d'offres prévus mais ceux-ci vont exclure de faits les très petites, petites et moyennes entreprises. Seuls les plus gros acteurs pourront postuler. La ministre dit vouloir plus de « visibilité » pour le solaire mais c'est plus d'obscurité et de morosité qui est annoncé avec un plafond de 500 MW dont 450 MW au sol : une hérésie anti-écolo aux dépens des grandes toitures des collectivités, de l'industrie, de la logistique et de la distribution. NKM dit que la période, consistant à changer le cadre réglementaire tous les six mois depuis 2008, est terminée. Oui, désormais c'est tous les 3 mois que les tarifs sont ajustés laissant les entrepreneurs du solaire dans l'incapacité de proposer à leurs clients des tarifs stables !
Dans le solaire, la France investit proportionnellement 15 fois moins que l'Allemagne, la Chine ou les Etats-Unis. Cette filière d'énergie propre avait créé 25 000 emplois en 3 ans, elle en a perdu près de 15 000 en six mois, au moment même ou les régions les plus ensoleillées atteignent la parité de coûts avec le bouquet d'énergies sales d'EDF. Depuis l'attentat contre la filière que constituait le moratoire photovoltaïque de décembre 2010, 3 000 MWc de projets photovoltaïques ont été mis à la poubelle. Et l'administration a gaspillé des milliards en refusant de faire le ménage dans les demandes abusives émanant des plus grands acteurs du secteur.
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Pour l'éolien comme pour le photovoltaïque, la France s'éternise en effet d'annonces et n'entend que les grands groupes aux dépens de ses petites entreprises. Normal, ces mêmes grands groupes sont aussi ceux du nucléaire...
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Pour les appels d'offres concernant les projets de plus 100 kW, c'est encore un leurre de croire qu'ils signeront la relance de ce secteur. D'abord parce qu'ils sont bridés avec des quotas de développement dérisoires (500 MW non équitablement répartis), et que leur bureaucratisme empêche une fois de plus des projets réellement efficaces. Ensuite, parce qu'ils ne sont pas régionalisés et vont donc se concentrer au Sud de la France en créant une forte rupture d'égalité entre les français et empêchant tout développement du solaire au nord de la Loire.
Qui sera le grand perdant de ce grand scandale ? Le consommateur. Consommateur que l'on empêche de s'équiper en énergie propre et équitable. L'État maintient dans le besoin énergétique toute une population dont le pouvoir d'achat baisse chaque jour. Le slogan est « payer plus pour vous éclairer ou chauffer moins ».
Un industriel breton du photovoltaïque, Franck Le Borgne patron de One Network Energies, est en grève de la faim depuis plus de 8 jours. Le collectif TOUCHE PAS A MON PANNEAU SOLAIRE a repris le chemin de la mobilisation et organisera une grande manifestation mercredi 20 à 17h
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Erreur : le consommateur y gagne, car il ne verra plus sa CSPE augmenter à cause du solaire, comme cela a été le cas en janvier, pour compenser l'obligation d'achat EDF à 500€/MWh (!!!)
Pour vous répondre : 42€/MWh sur le nucléaire, même si ce n'est pas comparable...
Quand aux 500€ du MWh pour le solaire c'est au pire un mensonge au mieux les produits d'une méconnaissance totale de la réalité.
Un très court segment du solaire dispose d'un tarif de 425€ du MWh, celui des petites installations (moins de 3KW) en intégré bâti. La grande majorité du petit solaire tourne à des tarifs entre 260€ et 300€ du MWh et le grand solaire à un tarif, en attendant les appels d'offres (s'ils viennent un jour) de 117€ du MWh. or il s'agit d'une énergie qui se substitue à une production de jour (période ou l'électricité sur le marché est la plus chère) et qui s'injecte sur le réseau de distribution, économisant le réseau de transport et pourtant soumise à contribution au même titre que les énergies de masse (nucléaire, fossiles, hydraulique) pour financer le réseau de transport (on ne lui déduit pas cette part dans le remboursement de la CSPE à EDF).
D'autre part l'acteur ultra-majoritaire du solaire en france est...EDF qui se reverse à lui-même ce qu'il doit avancer de l'autre poche.
les choses sont un
Nous sommes également d'accord sur le fait que le gouvernement ne mise officiellement pas sur cette énergie qui doit selon lui rester marginal quand on voit les appels d'offres qui ne peuvent qu'étouffer la filière, sans parler des tarifs révisables tous les trois mois (!), offrant une visibilité nulle aux investisseurs.
Je revenais simplement sur le point qui dit que le consommateur est perdant dans l'histoire. C'est une tromperie du même niveau que les AO du gouvernement. Cessons la mauvaise foi. Si la CSPE a augmenté en janvier, c'est bien à cause du photovoltaïque. Cette augmentation est certes modérée par rapport à la totalité de la CSPE, mais hallucinante au regard de la place qu'occupe cette énergie de notre mix. Ceux qui y perdent, ce sont incontestablement les professionnels de la filière, pas les consommateurs pour lesquels la CSPE restera fixe.
Cependant, si l’on rapporte le montant de chacune de ces énergies renouvelables dans le total de la facture d’électricité des Français, on remarque qu’en moyenne, les énergies renouvelables coûtent annuellement 5,78 Euros. Le photovoltaïque représente lui 1,26 Euros de cette même facture.
Part de l’énergie par facture moyenne* En €
• Hydraulique 0,38
• Éolienne 3,4
• Biogaz 0,23
• Biomasse 0,5
• Photovoltaïque 1,26
TOTAL 5,78
*Hypothèse prise pour une facture d’électricité de 5 000 kWh/an