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Louis Boisgibault est Président de VALMERE SAS et enseignant, spécialiste de la transition énergétique. Son dernier ouvrage s'intitule "Transition énergétique dans les métropoles,...

Photovoltaique : faut-il avoir peur des Chinois ?


mercredi 07 décembre 2011

Oui, la Chine est le premier producteur de modules photovoltaiques. Mais doit-on arrêter de regarder la télévision parce qu'on ne fabrique plus les appareils en France ?


Louis Boisgibault, consultant en matière d'énergies renouvelables, est auteur de "L'énergie solaire après Fukushima, la nouvelle donne", paru aux éditions Medicilline.

La Chine est devenue premier producteur mondial de modules photovoltaïques dès 2007. Fin 2010, la Chine compte quatre des cinq leaders mondiaux avec Suntech, JA Solar, Trina Solar et Yingli  Green Energy, la plus ancienne entreprise du secteur, fondée en 1998.

L'entreprise chinoise Suntech, qui produisait à peu près autant que le français Photowatt en 2004, est aujourd'hui le leader mondial du marché avec une production annuelle estimée à 1 800 MW en 2011,  c'est à dire presque 25 fois plus que Photowatt (ndlr : voir l'analyse de son directeur publiée par "la chaîne Energie"). Fondée en 2001, l'entreprise a son siège à Wuxi, véritable « Silicon Valley chinoise », situé à une centaine de kilomètres à l'ouest de Shangaï.  Elle compte aujourd'hui quelque 14.000 employés en Chine et un millier à l'étranger. Entré à Wall Street en 2005, le groupe a des locaux ultramodernes, dispose de filiales dans 14 pays, avec une unité de production en passe d'être délocalisée en Arizona « pour se rapprocher de (la) clientèle ».

La Chine produit principalement des modules composés de cellules photovoltaïques de silicium monocristallin et polycristallin. C'est une production de masse d'équipement de première génération, qui représente environ 35% des capacités mondiales pour fin 2011. La Chine monte en gamme avec dans la conception et la qualité des produits, avec des productions de modules composés de cellules photovoltaïques de silicium amorphe. On aimerait affirmer que les panneaux chinois sont de moins bonne facture que les panneaux européens. Mais la progression en quantité et qualité est telle qu'il y a aussi des bons fabricants chinois de modules cristallins.

La messe est-elle dite ?

Les politiques s'émeuvent, à juste titre, de voir le marché français inondé par des produits cristallins asiatiques à hauteur de plus de 80%. Et derrière la Chine, se cachent Taiwan, l'Inde et le Japon dont l'appareil productif et logistique a été touché par Fukushima.

Ils répètent que les panneaux chinois produisent 1,8 fois plus de dioxyde de carbone, que leur importation massive génère d'importantes quantités de gaz à effet de serre (GES) et que leur recyclage n'est pas réglé. Ils s'interrogent sur le rôle d'EDF dont la filiale EDF Energies Nouvelles signe des contrats d'achat très importants de modules cristallins chinois, notamment avec Solarfun et Yingli Green Energy.

La messe est elle dite en faveur de la Chine ? Pas sur.  La situation n'est-elle pas similaire pour d'autres industries telles les téléviseurs ? Doit on arrêter de regarder la télévision parce qu'on ne fabrique plus les appareils de manière compétitive sur le territoire national et parce que le recyclage des vieux téléviseurs n'est pas systématique ?

Un premier espoir pour la France vient des grands groupes industriels qui, a défaut de s'être positionnés dans la fabrication, jouent un rôle de sous traitants important. Ainsi :

- Air Liquide confirme une position de leader dans l'industrie photovoltaïque grace à ses contrats pour fournir les gaz vecteurs et les gaz de spécialités à des fabricants chinois de cellules solaires en silicium cristallin.

- Pour Saint Gobain, le marché est aussi prometteur car qui dit photovoltaïque... dit verre. Le pôle vitrage conçoit des verres spécifiques utilisés pour assembler et protéger les cellules semi-conductrices qui constituent la base même des modules solaires. Le groupe vise un leadership dans le verre spécialement dédié aux applications photovoltaïques.

Les cellules cristallines peuvent donc être importées de Chine, assemblées en modules dans l'Union Européenne, contrôlées pour obtenir une certification européenne et contenir du verre et du gaz de grands groupes français.

D'autre part, les technologies sont en compétition entre elles. Si la Chine a pris la tête pour la production de masse de cellules et modules cristallins, il reste à savoir comment la technologie cristalline va résister à la montée en puissance des couches minces, c'est à dire des cellules de deuxième génération où les Etats Unis gardent une avance avec First Solar. Idem pour la troisième génération où des équipes européennes de recherche se positionnent déjà.

Enfin, pour les mega centrales au sol, le photovoltaïque est en compétition avec le solaire à concentration. L'Allemagne, l'Espagne et les Etats Unis ont construits des centrales expérimentales, telles Nevada Solar One, qui sont opérationnelles. Ils veulent investir dans les marchés très prometteurs d'Afrique du Nord, pour la construction de centrales solaires dans le désert.

(résumé d'un article paru dans la revue des anciens élèves d'HEC)
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6 commentaire(s)
[1]
Commentaire par bloberto
mercredi 07 décembre 2011 18:08
non car ...tout comme l'éolien ... intermittents et aléatoires, ces deux technologies n'ont aucun avenir ...enfin tant qu'on ne saura pas stocker l'énergie .
[2]
Commentaire par NGO
mercredi 07 décembre 2011 19:21
"Doit on arrêter de regarder la télévision parce qu'on ne fabrique plus les appareils de manière compétitive sur le territoire national?"

Non, mais si nous voulons créer de l'emploi sur notre territoire, mieux vaut ne pas investir dans le renouvellement du parc de téléviseur...
[3]
Commentaire par un physicien
mardi 13 décembre 2011 12:39
Il serait temps de se rendre compte que même chinois, le photovoltaïque est hors de prix.
[4]
Commentaire par noel
lundi 02 janvier 2012 12:30
PHOTOWATT a sombré en produisant du PV à 1,5 € le Wc pourtant déjà en deçà de la rentabilité. A ce prix, un projet de type ESTER ( 90 millions de Kwc ) couterait 135 Milliards d' € (produisant 90 millions de MW/H) en ne tenant compte que de la seule fourniture des panneaux P.V. !!
Rajoutant à cela le cout de l' installation proprement dite, raccordements et autres, , nous arrivons donc à un prix de production compris entre 1,2 € et 1,5 € le KW/H, amortissements et démemtellement non compris Sans commentaire !!
Tant qu' il n' y aura pas de véritable innovation technologique améliorant d' un facteur 5 à 6 au moins les performances actuelles du Sicr, à performance économique identique, la production d' énergie électrique par le PV ne pourra être une production de masse. A cemoment là, oui, il sera possible de considérer le nucléaire comme une industrie de complémént, de lissage pour être précis..
[5]
Commentaire par mav
samedi 24 mars 2012 13:36
Si, le solaire, c'est l'avenir. Poussons cette énergie (et les énergies renouvelables), au lieu de tout le temps la critiquer. A terme les énergies renouvelables seront dominantes (l'innovation n'arrête pas), et il faut donc investir dedans pour ne pas être à la traîne. N'ayons pas peur de changer!
[6]
Commentaire par Hervé
samedi 24 mars 2012 20:32
Il faut être conscient de deux choses:

- Sans moyen de stockage économique, l'avenir du solaire est de toute façon très limité (de l'ordre de 10% du mix).

- La techno actuelle n'est pas la solution d'avenir. Lorsque certains états ont copieusement subventionné cette énergie, c'était dans l'espoir de voir apparaitre des technos plus rentables. Au lieu de ça, on a eu droit à une charge des chinois qui ont baissé les tarifs de la techno actuelle, ce qui handicape les sociétées innovantes et en même temps réduit l’espoir de nouveauté pour le moment.
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