Par Juliette Imbach
Auteur
Juliette Imbach a rejoint en 2007 l'institut de Technico-économie
des Systèmes énergétiques (I-Tésé) du CEA,  dont la vocation est de donner un
éclairage technico-économique sur tous les systèmes énergétiques...
Vers une production massive de biodiesel aux Etats-Unis
Par Juliette Imbach
mercredi 10 mars 2010
Entrés tard dans la course aux biocarburants, les Etats-Unis produiront en 2022 quatre fois plus biodiesel qu'ils n'en consommeront. Une production intensive qui leur permettra d'exporter vers l'Europe et de s'imposer comme leader sur le marché.
en se fixant des objectifs ambitieux.
Alors qu'en 1999, il n'y avait qu'une seule unité de production de biodiesel sur le territoire des Etats-Unis, en 2008, on pouvait dénombrer 173 sociétés de production de biofuel, capables de produire jusqu'à 10,9 milliards de litres/an, soit l'équivalent de la consommation mondiale de 2008!
Même si les volumes de production sont bien inférieurs aux capacités théoriques -2,7 milliards de litres en 2008- la dynamique de la production est très forte, comme le montre le graphique ci-dessous.
Graphique 1: production de biodiesel aux Etats-Unis
C'est en 2005 que le marché américain de production de biodiesel a connu un réel essor, grâce à un double système de détaxe très avantageux. En effet, en exportant vers l'Europe, alors principale zone consommatrice de biodiesel, les producteurs américains bénéficiaient à la fois de subventions de la part de l'état fédéral américain, et, d'une fiscalité attractive en Europe liée à la mise en place de la directive européenne en 2004 (directive 2003/30/CE) autorisant la défiscalisation partielle ou totale des biocarburants au sein des pays membres.
En France, par exemple, l'exonération partielle de la TIC a été mise en place dès 2005.
Face à cet état des lieux qui apparaît comme une distorsion de concurrence, l'Europe a récemment décidé d'imposer une taxe sur les importations du biodiesel des US, principal pays fournisseurs de biodiesel à l'Europe des 27, rendant moins attractive l'exportation.Toutefois, en 2007, un autre levier est venu consolider cette soudaine croissance : la volonté du gouvernement américain de diversifier les sources d'énergie et diminuer la dépendance énergétique vis-à-vis de pays exportateurs d'énergies fossiles.
Les biocarburants ont été perçus comme une des solutions possibles car facilement mises en œuvre à court terme et présentant de surcroit l'avantage de s'inscrire dans un cadre plus général de développement des énergies renouvelables. Ainsi, le Congrès a demandé d'inscrire un objectif de production de biocarburants dans la loi sur l'indépendance et la sécurité énergétique (Energy Independance and Security Act, EISA) signé par le Président de l'époque, GW Bush.
D'ici à 2022, le mix cumulé de carburants doit comporter 136,3 milliards de litres de biocarburants, soit presque 110 millions de tonnes! Pour rappel, la consommation américaine en 2008 est de 36,72 milliards de litres (dont seulement de 2,7 de biodiesel) soit quatre fois moins.
A titre d'indication, atteindre 10% de biocarburants à l'horizon 2020 en France représenterait moins d'une dizaine de milliards de litres de biocarburants et, au niveau européen, environ 60 milliards de litres, soit deux fois moins que les Etats-Unis.
L'enjeu américain est de taille et ce d'autant plus que la production massive de bioéthanol à partir de maïs est de plus en plus controversée notamment à cause des besoins considérables en eau. Ainsi, pour atteindre cet objectif ambitieux, deux axes sont développés : renforcer la production de biodiesel et développer massivement les biocarburants de seconde génération. En effet, il est prévu que les biocarburants de première génération plafonnent en 2015 à 56,8 milliards de litres, la différence pour atteindre les 136,3 milliards fixés d'ici 2022, soit 79,5 milliards de litres, serait alors issue des biocarburants de deuxième génération.
Le secrétaire à l'Energie, Steven Chu, a rappelé en mai 2009 la priorité du développement des procédés de deuxième génération. Des financements de l'ordre de 800 millions de dollars sont prévus.
En attendant, le biodiesel de première génération à partir de soja connaît un véritable essor. En effet, le développement des véhicules diesel est jusqu'à présent très limité aux Etats-Unis, car la règlementation des émissions, notamment celle des NOx, est identique quelque soit le carburant, essence ou diesel. Mais avec la nouvelle vague de moteurs diesel plus propres développés récemment, le marché américain se dote de plus en plus de modèles diesel, au bénéfice notamment des constructeurs européens : Volkswagen a lancé en 2009 la Jetta TDI dans les 50 états américains, de même pour Mercedes qui, en intégrant la technologie Blue Tec qui convertit par voie catalytique les NOx de façon particulièrement efficace, bénéficie d'une aide fiscale. D'autres constructeurs suivent : Audi, BMW et Honda. De plus, alors que le prix du diesel était jusqu'à alors plutôt plus élevé que celui de l'essence, la tendance tend à s'inverser.
Cette croissance du diesel est, bien sûr, favorable au développement du marché du biodiesel. En 2008, sur 10,9 milliards de litres de biodiesel produits dans le monde, les Etats-Unis y participaient à hauteur de 2,6 milliards, les plaçant juste derrière l'Allemagne, détrônant ainsi la France (voir Figure ci-dessous). Cette dernière, longtemps deuxième derrière l'Allemagne, passe au quatrième rang mondial!
Graphique : répartition de la production mondiale de biodiesel
Il est à noter, par ailleurs, que la Chine et l'Inde entrent aussi sur ce marché avec une consommation aujourd'hui essentiellement satisfaite par du biodiesel provenant de palmier à huile indonésien.
Aux Etats-Unis, la crise a entraîné un sérieux ralentissement de cette croissance du marché de biodiesel avec de nombreuses capacités à l'arrêt. De façon plus générale, c'est toute l'industrie automobile qui est touchée. Néanmoins, on peut penser qu'une fois dépassée la crise, l'essor américain du biodiesel va se poursuive. La mondialisation de la consommation du biodiesel et l'entrée des Etats-Unis dans la course à sa production, renforce l'intérêt du développement des procédés de deuxième génération dit BtL (Biomass to Liquid) transformant la biomasse lignocellulosique en biodiesel. Mais cela laisse aussi à penser que la compétitivité sur ce marché va se renforcer et qu'il est important de ne pas se laisser distancer et conserver l'avance de la France dans ce domaine.
Plus d'actualités
-
18/12/15
Pétrole : quelle évolution en 2016 ?
-
01/10/15
Nigéria : d'immenses réserves pétrolières, une production faible
-
24/08/15
Le gaz naturel liquéfié en Europe : un atout face au gaz russe
-
04/06/15
Gaz : l'Europe compte sur l'Algérie
-
02/06/15
Pétroles non conventionnels : coupes drastiques dans les investissements
lors de la dernière guerre !!!sur tous les types de véhicules
lourds ou légers et avec les moyens techniques de l'époque !!!Ne pourrait-il etre amélioré et remis aux besoins actuels d'energie renouvelable voire plus propre !!!Merci et Bonsoir !!!