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Membre de la Statistique publique, Laurent Bisault a été pendant quinze ans responsable de publications au service statistique du ministère de l’Agriculture.En développant notamment les études sur le thème...

Le bioéthanol : rien que du bonheur ?


Issu de la betterave ou du blé, le bioéthanol n'est pas indispensable en France. Et il n'a rien de bio.


En matière de lobbying, les organisations professionnelles agricoles ont peu de leçons à recevoir. A en croire le représentant des betteraviers français, sa culture favorite n’aurait que des qualités. Sucrer notre café bien sûr, mais aussi fournir de l’énergie sous la forme du bioéthanol dans le plus grand respect de l’environnement. Ces deux débouchés étant parfaitement compatibles. On aimerait tellement le croire…

La production des betteraves à des fins énergétiques est identique à celles réservées à l’alimentation. Seules les utilisations diffèrent. On ne peut toutefois pas faire les deux en même temps. Ou on cultive pour l’énergie, ou on le fait pour l’alimentation. La contradiction est évidente. Elle n’est certes pas de même nature que dans les pays du tiers monde, où le développement des agrocarburants a profondément déséquilibré les marchés alimentaires. A commencer par celui du maïs. Car il existe de la marge en France, qui permet de viser ces deux débouchés. C’est d’ailleurs la diminution des subventions de la politique agricole commune, et son corollaire la chute des exportations, qui a poussé les betteraviers français vers les agrocarburants. Développer la betterave énergétique n’est pas pour autant une bonne idée. Car elle ne répond pas aux besoins énergétiques qui sont les nôtres. A choisir, il vaudrait mieux opter pour l’autre filière des agrocarburants. Celle qui élabore un succédané du gazole à partir des oléagineux. Les capacités de raffinage de l’industrie pétrolière française sont en effet insuffisantes pour satisfaire les besoins en gazole du marché automobile. Ce qui amène à en importer. La production nationale d’essence est au contraire excédentaire. Avec comme perspectives, un développement du parc automobile en diesel qui va accroître ce déséquilibre. Mais contrairement à la filière éthanol issue de la betterave et du blé, celle des huiles végétales a peu de marges de manoeuvre faute de terres disponibles. Sauf à abandonner ses débouchés alimentaires. Le danger de s’engager dans la filière éthanol française est donc grand. Parce qu’une fois les usines construites, il conviendra de les rentabiliser pendant des années.

Peut-on par ailleurs présenter la culture betteravière comme respectueuse de l’environnement ? Du point de vue de l’efficacité énergétique, seule la cane à sucre a fait ses preuves. Pour évaluer celle de la betterave, il convient d’effectuer un bilan global. C’est-à-dire d’inclure dans le calcul l’ensemble de l’énergie utilisée, notamment celle nécessaire aux engrais et aux pesticides. Ce que lobby de la betterave se garde bien de faire. Autre argument à rejeter : celui des bonnes pratiques culturales. La betterave n’est certes pas la pire du point de vue des nitrates. Notamment parce que sa production est souvent associée à des cultures intermédiaires qui limitent les fuites vers les cours d’eau. Mais pour les pesticides, les betteraviers ne reculent pas devant la dépense. Avec une quinzaine de traitements par an, soit quatre fois plus que pour le blé. Ce sont surtout des herbicides, les produits qui partent le plus facilement vers les rivières. Et n’allez pas croire que les subventions de la Pac seraient liées au respect de l’environnement. Les seules contraintes imposées aux producteurs portent sur la création de bandes herbeuses le long des rivières. A l’efficacité pour le moins douteuse. Autre argument à refuser : la protection de la biodiversité. Car on serait bien en peine de trouver la moindre variété des cultures dans les zones betteravières.

Le bioéthanol créée de la richesse nous dit le lobby betteravier. Certes, mais pour qui ?

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