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Membre de la Statistique publique, Laurent Bisault a été pendant quinze ans responsable de publications au service statistique du ministère de l’Agriculture.En développant notamment les études sur le thème...

L'industrie française du cycle peine à remonter la pente


mardi 25 novembre 2014

Malgré l'usage croissant de la bicyclette et le succès des vélos en libre-service, les constructeurs hexagonaux sont encore en difficulté.


Cela devient une habitude. Le vélo redevient un acteur incontournable du déplacement urbain mais l'industrie française en bénéficie peu.

À cela deux raisons. Le succès de ce mode de transport propre ne se traduit pas nécessairement par des achats. Il passe aussi par la généralisation des vélos en libre-service le plus souvent élaborés en Hongrie. Mais surtout, les marges des constructeurs nationaux ont été laminées par les prix imposés par la grande distribution qui se fournit en Asie. Ils sont aujourd'hui en moyenne de 300 euros au détail en France, mais tombent à 100 dans les hypermarchés et 200 euros dans les grandes surfaces de type Décathlon. Sur la durée, les prix de production français sont presque stables sur les dix dernières années au contraire des coûts.

Seulement 60 fabricants de vélos ou d'accessoires

Plusieurs constructeurs historiques ont en conséquence disparu, d'autres sont en restructuration permanente. MBK ne produit plus de vélo. Peugeot et Gitane réunis au sein du groupe suédois Cycleurope ont concentré leur activité dans la seule usine de Romilly-sur-Seine (Aube), désertant le site historique de Machecoul (Loire-Atlantique). Il reste aujourd'hui environ 60 fabricants de vélos ou d'accessoires en France plus quelques acteurs qui contribuent à la filière pour une petite partie de leur activité. Citons Hutchinson qui élabore ses pneus de vélo à Montargis (Loiret),  Salomon qui intervient pour le compte du fabricant de roues Mavic en Haute-Savoie, et Décathlon qui assemble encore quelques vélos dans le Nord. Mais Michelin ne produit plus rien en France.

Les résultats financiers illustrent les difficultés de la filière. En 2010 et 2011, le taux de marge de moyen est de 5 % alors qu'il atteint 27 % chez les autres industriels dont la situation n'est pourtant pas toujours rose. C'est mieux en 2012, mais le progrès provient pour l'essentiel de quelques changements de pratiques comptables. La rentabilité des fabricants de vélo est plus faible encore que les marges. Les comptes sont plombés par un endettement important et les fonds propres se font rares. Or avec de tels résultats on ne peut pas remplacer les équipements usés, investir, former son personnel et rémunérer ses actionnaires. Au risque qu'ils se lassent. D'ailleurs les fabricants investissent peu même s'ils exportent encore une part significative de la production. Probablement parce qu'ils sont insérés dans des groupes mondialisés.

Le vélo français moins cher à l'achat que l'allemand ou le néerlandais

Pour s'en sortir, les constructeurs français doivent impérativement remonter en gamme. Ce qui signifie vendre des vélos plus élaborés et plus chers. Ils se rapprocheraient ainsi de leurs concurrents allemands qui commercialisent au détail des vélos au prix moyen de 500 euros. Ou mieux encore des néerlandais qui le font à 800 euros. Le vélo électrique constitue une solution partielle, sous réserve que les fabricants japonais et allemands de moteurs comme Panasonic et Bosch ne s'accaparent pas le surplus de valeur. Cela peut aussi passer par un développement de quelques niches à forte valeur ajoutée. Comme celle du vélo de route où trois industriels bourguignons, Lapierre, Look et Time Sport disposent de réels atouts. Time en France et Look en Tunisie figurent d'ailleurs parmi les derniers industriels européens à ne pas sous-traiter en Asie la fabrication de leurs cadres en carbone. Le dernier grand changement dans la filière française ne va pourtant pas dans ce sens. En reprenant l'ancienne usine Gitane, le distributeur Intersport va surtout fabriquer des vélos peu élaborés pour son réseau.

La situation des industriels français de vélos est donc en comparaison bien plus délicate que celle des constructeurs automobile. Car si Renault et PSA tentent de récupérer des parts des marchés des véhicules haut de gamme, les industriels du cycle doivent le créer. Ce n'est pas gagné.

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