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Membre de la Statistique publique, Laurent Bisault a été pendant quinze ans responsable de publications au service statistique du ministère de l’Agriculture.En développant notamment les études sur le thème...

Moins de steak, moins de CO2


jeudi 04 mars 2010

Les vaches sont sans conteste les vedettes de notre salon de l'agriculture. Pourtant, derrière leur air débonnaire, se cachent de redoutables machines à tuer le climat. Seriez-vous prêts à ne plus en manger pour préserver la planète ?


Les vaches n’ont pas fini de ruminer devant une telle avalanche de critiques. Elles sont accusées de nuire à notre santé, de gaspiller l’eau pour la culture des céréales qui les nourrissent, et, de contribuer au réchauffement climatique, en émettant, d'après la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), 18 % des gaz à effet de serre mondiaux! Soit, plus que les transports.


Trop de produits de l’élevage. Telle est la conclusion de la FAO, qui relève une consommation mondiale de viandes multipliée par 3,5 de 1960 à 2005, que l'on peut à nouveau multiplier par 5 pour les œufs, sachant que l’ensemble se substitue aux céréales et aux tubercules. Cette tendance s’explique par l’accroissement de la population et par l’augmentation du niveau de vie des pays émergents, et, même si les pays pauvres sont encore loin d’avaler autant de viandes que dans les pays riches, le développement de l’élevage ne peut s’éterniser à ce rythme. D'apès la FAO, il contribuerait déjà à l’obésité en Chine! Il bute surtout sur la disponibilité des terres... tant les éleveurs transforment des céréales en protéines animales avec un rendement médiocre. Le pire rendement étant celui du mélange pour les bovins, qui ont besoin de 15 kilogrammes de protéines végétales pour produire un kilogramme de protéines animales!

Un autre reproche ne concerne, cette fois-ci, que les ruminants : ils contribueraient au réchauffement climatique en émettant du méthane par leurs rots. S’y ajoute, pour tous les animaux, les conséquences du déboisement effectué pour conquérir de nouvelles terres agricoles, ainsi que le CO2 issu de la décomposition du fumier et celui dégagé par les engrais. Triste constat! Il est cependant important de noter que les porcs et  volailles produisent, au total, cinq à six fois moins de gaz à effet de serre par kilogramme que les vaches (www.manicore.com). Parce qu’ils ne ruminent pas... et grâce à un cycle d’élevage plus court.

Première réponse à ce constat : il faudrait consommer moins de viandes dans les pays riches, comme en France, par exemple, où depuis une dizaine d’années la consommation annuelle moyenne de viande tourne autour de 92 kilogrammes par habitant, soit environ sept kilos de moins qu’en 2000. Un peu pour des raisons économiques, et beaucoup grâce aux nouvelles habitudes alimentaires : les Français privilégient les plats cuisinés à base de viandes, aux steaks.

Autre piste de réflexion : nous pourrions également réhabiliter les protéines végétales, lentilles, ou haricots moins gourmands en surfaces, ce qui nous permettrait d'obtenir un bilan énergétique plus favorable. Faudrait-il pour autant aller plus loin et substituer porcs et poulets aux vaches ? Non, je pense que ce serait aller un peu vite, et ne prendre en compte qu’une partie des atteintes de l’élevage à l’environnement. De ce point de vue, l’élevage bovin extensif est une belle réussite. Point d’algues vertes conséquences des élevages porcins bretons! Moins de souffrances animales comme dans les poulaillers industriels qui regroupent parfois plus de 100 000 animaux! Et, presque aucune consommation de céréales, car les vaches sont élevées à l’herbe, ce qui évite, de facto, d’utiliser engrais et pesticides, de gaspiller de l’énergie pour sécher et transporter l’alimentation animale, et, d’importer du soja en complément comme le font les élevages intensifs (porcs, volailles...).

Seulement, l’élevage extensif des ruminants semble de toute manière irremplaçable pour occuper deux millions d’hectares de prairies et d’alpages en France,  qui seraient, à défaut, promis aux friches. Alors, autant les réserver à une des rares formes d’agriculture propre, qui est aussi garante du maintien de la biodiversité des territoires.

4 commentaire(s)
[1]
Commentaire par pier21
vendredi 05 mars 2010 13:23
Qu'en pense la Confé Paysanne de bové?
[2]
Commentaire par JS64
mercredi 10 mars 2010 22:24
Mais pourquoi ne parle-t-on jamais des émissions de gaz à effet de serre des termites lesquels se placent dans l'ordre devant les vaches et les industries ?
[3]
Commentaire par L.H.
dimanche 21 mars 2010 19:30
"Analyse" plus que superflue!
LH
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Commentaire par Olivier - ObjectifTerre
mercredi 24 mars 2010 19:43
Viande et climat : l'ONU (FAO) va revoir sa copie
http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/8583308.stm

" WASHINGTON - Manger moins de viande ne permettra pas de réduire le réchauffement climatique, a affirmé lundi un expert américain de la qualité de l'air (...) http://www.romandie.com/ats/news/100322170114.pmt7znym.asp
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