Auteur
Charlotte de Lorgeril est Associate Partner dans le secteur Energies, Utilities & Environnement au sein du cabinet Sia Partners.
Les pétroliers investissent peu dans le renouvelable
mercredi 02 mars 2011
On dit que le pétrole n’a pas d’avenir, mais les grands groupes pétroliers investissent surtout dans l’exploitation-production du pétrole. Et aussi du gaz. Moins dans les énergies vertes...
Etude conduite par Charlotte de Lorgeril et Nicolas Goldberg, consultants chez SIA-Conseil. Voir le texte complet.
L'imminence du peak oil pousse les pétroliers à investir toujours plus dans l'amont pour sécuriser leurs réserves de gaz et pétrole, ne laissant ainsi que peu de places aux énergies vertes.
Depuis 5 ans, les investissements dans l'exploration/production des majors n'ont cessé d'augmenter, captant parfois jusqu'à 80% des investissements totaux. Une donnée significative quand on sait que les pétroliers font partie des compagnies qui investissent le plus.
Le graphique ci-dessous montre le taux de croissance annuel moyen (TCAM) des investissements captés par l'amont (en moyenne 70% de ce qui est investi globalement).
La réelle source de diversification étudiée sérieusement par les majors pétrolières et qui reste proche de leur cœur de métier est le gaz en y alliant les concepts de cogénération, et dans une moindre mesure les biocarburants.
En effet, le gaz cadre bien avec leur stratégie : ses ressources sont abondantes et sa combustion est moins émettrice de CO2 que le pétrole. Son potentiel est indéniable dans un contexte de sécurisation des approvisionnements d'énergie grâce notamment au GNL qui permet de mieux diversifier et de peser dans les négociations avec les pays-producteurs de gaz comme la Russie ou l'Algérie. Après avoir investi dans le deep off-shore, les pétroliers se lancent également, un peu en retard, dans une autre révolution : les gaz non-conventionnels.
Reste que le développement des filières vertes est beaucoup plus contrasté.
Il n'a été envisagé que sous réserve de rentabilité, tant les capitaux sont déjà massivement captés par l'amont. Les partenariats permettant une veille active sur les technologies alternatives (où Total est le plus audacieux), et les investissements en pleine propriété sont en effet très limités car la concurrence face aux grandes « utilities » mondiales est rude dans ces compartiments.
La faiblesse du pourcentage des investissements consacrés à ces nouvelles filières atteste que la mécanique d'arbitrage a bien eu lieu ces dernières années et démontre que leur diversification est et restera le gaz.
Plus d'actualités
-
18/12/15
Pétrole : quelle évolution en 2016 ?
-
01/10/15
Nigéria : d'immenses réserves pétrolières, une production faible
-
24/08/15
Le gaz naturel liquéfié en Europe : un atout face au gaz russe
-
04/06/15
Gaz : l'Europe compte sur l'Algérie
-
02/06/15
Pétroles non conventionnels : coupes drastiques dans les investissements
En 2000 la consommation mondiale de pétrole était de 75Mbs/j, aujourd’hui 90Mbs/j soit plus de 12 millions de tonnes par jour, si nous devions les remplacer avec des algues ayant 50% de lipides, et même avec un bon rendement, 36 millions de tonnes par jour est un minimum. Or nous avons consommé toute la biomasse produite possible en une année fin août ?
Parler alors d´énergies renouvelables est une affirmation erronée.
Tout dépend des ordres de grandeurs, il y a un monde entre un labo et une unité de production industrielle. Sans parler de notre alimentation qui a multiplié sa production par 7 au XX siècle, grâce aux engrais chimiques, produits phytosanitaires et à la mécanisation toutes dépendantes du pétrole.