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Auteur
Boris Le Ngoc est Responsable Développement SFEN (Société Française d'Energie Nucléaire).

Relance du débat sur la fermeture de Fessenheim


mercredi 01 octobre 2014

Un rapport de parlementaires estime à 5 milliards le coût possible de la fermeture de Fessenheim, et à 40 milliards celui d'un passage à 50 % de nucléaire d'ici 2025.


Voir le blog de la SFEN

 
En raison de l'absence d'évaluation financière dans l'étude qui évalue l'impact économique de la transition énergétique, les députés Hervé Mariton (UMP, Drôme) et Marc Goua (PS, Maine-et-Loire) ont été mandaté par la commission des finances de l'Assemblée nationale pour évaluer le coût de la fermeture anticipée de la centrale nucléaire de Fessenheim. Le rapport vient d'être rendu public.

De ce travail, trois chiffres sont à retenir. Tout d'abord, la diminution de la part du nucléaire à 50% entraînerait la fermeture d'une vingtaine de réacteurs nucléaires. Deuxièmement, la fermeture d'une centrale comme celle de Fessenheim pourrait coûter jusqu'à 5 milliards d'euros. Et enfin, ces des éléments réunis pourraient conduire à un coût total de fermeture d'environ 40 milliards d'euros.

Considérant la fragilité budgétaire du pays, les deux parlementaires préconisent donc de reculer la date de fermeture de Fessenheim (initialement fixée à 2016) et de relâcher la contrainte de 50% d'ici 2025. Des horizons de temps « trop courts » qui pourraient alourdir un peu plus le coût de la transition énergétique.
 
Le nombre de centrales à fermer

S'ils ne sont pas défavorables à l'idée de diversifier le mix électrique, Marc Goua et Hervé Mariton estiment cependant qu'il n'est pas « raisonnable de précipiter artificiellement la baisse » de la part du nucléaire. Leur position s'appuie sur le fait qu'une telle diminution à horizon 2025 pourrait entraîner la fermeture d'une vingtaine de réacteurs nucléaires.
De son côté et de manière plus précise, la SFEN estime que cette diminution entraînerait la fermeture de 22 réacteurs de 900 MW (en plus de la fermeture de Fessenheim) après 40 ans d'exploitation (3 en 2018, 6 en 2019, 8 en 2020 et 5 en 2022) et la perte de près de 45 000 emplois.

S'il est régulièrement fait mention de l'opportunité de créer « une filière de démantèlement », il est fort à parier, compte-tenu des résultats des études qui ont été menées, que seuls 10% de ces destructions d'emplois pourraient être compensés par les activités de déconstruction des installations nucléaires.
 
Fermer Fessenheim pourrait coûter 5 milliards d'euros à l'État

Le calcul des deux parlementaires repose sur l'hypothèse - crédible au vu des examens et des autorisations délivrées par l'ASN - d'une exploitation des réacteurs nucléaires jusqu'à 40 ans ainsi que de l'obligation d'indemniser les actionnaires (EDF et, dans une moindre mesure les actionnaires allemands et suisses de la centrale nucléaire).
Au vu de ces deux critères, différentes hypothèses se dégagent qui vont de 750 millions d'euros (fourchette basse) à 5 milliards d'euros (fourchette haute).
Les deux élus rappellent également que Fessenheim a atteint « son niveau de sûreté le plus élevé depuis sa construction ». En effet, avec 650 millions d'euros déjà investis (dont 280 alloués à la sûreté), Fessenheim est la centrale la plus rénovée de France.
La fermeture anticipée de Fessenheim aurait donc un coût financier (pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros) mais également un coût social ; la centrale alsacienne emploie 2 000 personnes et impacte indirectement 5 000 personnes.
 
Fermer une vingtaine de réacteurs pourrait coûter 40 milliards d'euros

En estimant le coût moyen de fermeture d'un réacteur nucléaire à 2 milliards d'euros, Marc Goua et Hervé Mariton estiment à 40 milliards d'euros la fermeture d'une vingtaine de réacteurs nucléaires. Ces coûts viendraient s'additionner au montant total de l'enveloppe allouée à la transition énergétique. Laquelle comprend le développement des énergies renouvelables (électriques et thermiques), l'adaptation du réseau électrique ou encore le renforcement de l'efficacité énergétique.  
Ainsi, compte-tenu du contexte budgétaire contraint, les deux députés estiment préférables de reporter dans le temps la fermeture de Fessenheim. L'équilibre du mix doit donc se faire en temps et en heure, à mesure de l'amélioration des performances économiques et techniques des énergies renouvelables.

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6 commentaire(s)
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Commentaire par un physicien
mercredi 01 octobre 2014 16:19
Peut-on se permettre de détruire pour des milliards de patrimoine commun des français pour faire plaisir aux politiciens écolos ?
[2]
Commentaire par Chelya
jeudi 02 octobre 2014 00:43
En gros les vieux qui ont créé la dette nucléaire ne veulent pas qu'on puisse s'apercevoir que les caisses devant servir à payer le démantèlement sont vides et ils essayent de repousser l'échéance au maximum pour être certain d'être mort quand on ira chercher les coupables ?
[3]
Commentaire par Gépé
jeudi 02 octobre 2014 10:08
L'énergie concerne: 1°- l'écologie: fermeture de Fessenheim, 2°-la technique: épuisement des ressources, 3°-la géopolitique: approvisionnement, 4°-la macroéconomie: relation entre cout du travail et prix de l'énergie pour réduire le chomage et améliorer la croissance. Il faut raisonner dans ces quatre domaines en même temps.
[4]
Commentaire par Hervé
jeudi 02 octobre 2014 14:04
@ Chelya: Vous pourriez nous parler de Superphenix? C'est curieux on n'entend pas beaucoup les écolos brailler dessus. Serait ce parce que tout ce passe bien, dans les délais et aux couts prévus?
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Commentaire par Monnier
jeudi 02 octobre 2014 15:41
Parce que vous croyez au discours du gouvernement sur la réduction à 50% du nucléaire dans la production d'électricité ? --- Lisez plutôt : Transition énergétique : l'ambiguïté nucléaire --- Si la loi prévoyait d'abaisser la capacité nucléaire installée avec un échéancier pluriannuel entre 2012 et 2025, cela serait plus sérieux. --- Mais simplement plafonner à 63,2 GW la puissance nucléaire, c'est laisser la porte ouverte à toute la production voulue de TWh nucléaires. --- Sans fermer de réacteurs si ce n'est pour remplacer les plus vieux par des EPR au coût de production deux fois plus élevé.
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Commentaire par Hervé
jeudi 02 octobre 2014 18:03
Il n'est pas absolument nécessaire de fermer des réacteurs pour baisser la part du nucléaire. Il suffit de baisser leur taux de charge. Par exemple en plaçant plus d'éoliennes et de panneaux solaires. C'est par ailleurs le meilleur moyen pour réduire les émissions de CO2... bien mieux que de fermer les réacteurs pour les remplacer par des centrales au charbon.