Par Bertrand Barré
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Né en décembre 1942, ingénieur physicien de formation, Bertrand Barré est ancien conseiller scientifique d'AREVA voir son blog) Entré en 1967 au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),...
Nucléaire : ne fermons aucun réacteur
Par Bertrand Barré
jeudi 09 octobre 2014
La loi de transition énergétique prévoit de limiter à 63,2 GW la capacité du parc nucléaire français. Et si au lieu de fermer deux réacteurs, on réduisait de 2,5 % le niveau de puissance de tous les réacteurs ?
La loi de croissance verte et transition énergétique est en cours de discussion à l'Assemblée Nationale. Il est trop tôt pour prévoir quand elle sera votée et avec quel texte définitif, mais il est probable que sera maintenu un plafond de 63,2 GWe pour la capacité totale du parc nucléaire français.
Si tel est le cas, à la mise en service de Flamanville 3, il faudra réduire de 2,5% la capacité du parc restant.
Depuis la campagne présidentielle de 2012, l'hypothèse officielle est que cette réduction s'effectuera par l'arrêt des 2 tranches de Fessenheim. Devant l'opposition locale, il se murmure qu'il pourrait s'agir de deux autres tranches, sur un site qui en compte plus de deux.
Si l'on décide effectivement de fermer définitivement 2 tranches de 900 MWe, sur quel critère les choisir ? La logique technico-financière voudrait que ce soit celles dont la facture de mise à niveau, exigée par l'Autorité de sûreté suite à la visite décennale, est la plus onéreuse, mais la logique politique risque d'être différente...
Mais il y aurait une autre possibilité, qui me semble être la stratégie de moindre regret : il suffirait de réduire d'environ 2,5% le niveau d'autorisation de puissance sur toutes les tranches du parc, sans en arrêter aucune. Les avantages de cette stratégie - par rapport à l'arrêt prématuré de tranches que l'Autorité de sûreté autorise à fonctionner - sont multiples :
* Soulignons d'abord qu'elle ne pose aucun problème technique.
* Elle évite les problèmes d'emplois locaux, directs et indirects.
* Elle permet de retarder les dépenses de démantèlement.
* Elle n'entraîne aucun déséquilibre du réseau de transport d'électricité.
* Elle laisse la possibilité de rétablir temporairement, par exemption, la puissance initiale si l'on rencontre un pic de demande exceptionnel, par exemple lors d'un hiver très froid.
* Elle reste réversible si dans quelques années le contexte international nous y incitait (on peut penser au gaz Russe) ou si les énergies renouvelables n'atteignaient pas les objectifs visés par la loi.
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[Réponse de l'auteur]
Il n'est évidemment pas question de remettre en cause les provisions !