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Auteur
Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...

Nucléaire: les centrales françaises loin de la retraite


jeudi 17 décembre 2009

Pour répondre à ses besoins énergétiques dans une contrainte économique forte, la France pourrait allonger la durée de vie de ses centrales jusqu'en 2020. N'en déplaise aux antis, cette perspective pourrait même lui permettre de mieux satisfaire l'impératif environnemental.


Le prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires


Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas dans la réglementation française une durée de vie fixe pour les centrales nucléaires : l’exploitant doit faire valider tous les dix ans une autorisation d’exploitation par l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN). Ainsi, il n’est pas rare de voir dans les centrales des équipes entières de prestataires changer certaines pièces ou contrôler la résistance de la cuve et de l’enceinte de confinement pour obtenir l’autorisation décennale supplémentaire. Au-delà de 30 ans, les contrôles sont plus fréquents et les visites gérées au cas par cas.

Pour la centrale de Tricastin, qui a soufflé sa trentième bougie cette année, un accord de principe a été donné pour prolonger de 10 ans l’exploitation. L’ASN a validé cet accord pour 34 réacteurs de 900 MW en précisant qu’elle devra mener une étude plus approfondie, réacteur par réacteur. Cette «révision des 10 000 kilomètres», comme le dit Alain Peckre, directeur de Tricastin, est observée de très près par les autres centrales. En effet, l’âge moyen des centrales nucléaires en France est de 23 ans et demi, ce qui est jeune comparé au parc nucléaire mondial mais qui signifie que d’autres centrales devront bientôt aussi subir la visite des 30 ans. Dans d’autres pays, les centrales nucléaires, généralement plus âgées, ont déjà obtenu des autorisations de prolongation. Comme le montre le schéma ci-dessous, la parc français ne figure pas forcément au banc des vétérans.

Age moyen des parcs électronucléaires nationaux






 














Source : Les Echos

Ainsi, aux Etats-Unis et en Suède, des autorisations ont déjà été obtenues afin que les centrales en exploitation atteignent une durée de vie de 60 ans. Ces décisions pourraient fortement intéresser la France qui songe à atteindre cette durée pour ses centrales. EDF a cependant précisé que les centrales ne seraient pas toutes concernées et que la moyenne d’exploitation devrait tourner autour de 53 ans.

Renouvellements et prolongations : une affaire financière et environnementale

Les enjeux financiers, règlementaires et environnementaux de ces prolongations poussent EDF à se préparer rigoureusement à toutes les opérations de contrôles. A horizon 2017-2020, si les réacteurs les plus anciens ne peuvent pas être prolongés au delà de 40 ans, compte tenu de la puissance nécessaire à renouveler et des délais, un recours à des cycles combinés à gaz sera nécessaire, mais devra être limité en raison de nos engagements environnementaux. Au-delà de 2020, tout en continuant d’investir dans l’énergie verte afin de diversifier notre mix énergétique, il sera nécessaire d’avoir de nouveaux modèles de centrale, comme l’EPR mais il ne devra pas être le seul, pour renouveler notre parc actuel. Ceci sera d’ailleurs d’autant plus facile à mettre en œuvre qu’EDF a pu elle-même tester un ou plusieurs démonstrateurs.
En termes d’investissements, le prolongement de 20 ans des centrales nucléaires pourrait coûter 400 millions d’euros à l’électricien, soit 10 fois moins qu’un réacteur EPR. Ce processus est donc primordial afin de lisser les investissements et de préparer une meilleure diversification du bouquet énergétique en France. La construction de nouveaux réacteurs, type EPR, sera bien sûr au centre des discussions pour rajeunir le parc et garder notre indépendance énergétique mais se pose aussi la question de la part qui sera accordée au développement de l’électricité de pointe, à l’agrandissement du parc hydraulique et d’autres énergies renouvelables : éolien, photovoltaïque, etc.

Enfin, si on en croit le quotidien belge lesoir, porter de 30 à 40 ans la durée de vie des centrales nucléaires permettrait d’éviter 25% d’émissions de CO2 dues à la construction de nouvelles centrales (puisqu’il est à rappeler que le nucléaire n’émet que très peu de CO2 en produisant de l’électricité ). Les émissions seraient donc au total réduites à moins de 60 gCO2/kWh, à comparer avec les 288 gCO2/kWh des centrales de gaz à cycle combiné et des 30 gCO2/kWh du photovoltaïque.

Ainsi, à horizon 2020, il ne sera pas rare de voir des centrales nucléaires prolongées jusqu’à 40 ou 50 ans. Après cette date, les pistes privilégiées seront le renouvellement pour profiter des nouvelles technologies nucléaires, plus productives en matière de puissance et plus économes en production de déchets . Toutes ces étapes seront suivies de près par l’ASN qui n’hésitera pas à user du principe de précaution dans le cadre du prolongement des centrales. Par ailleurs, l’Etat français aura aussi son rôle à jouer, car il ne faut pas oublier les engagements de 23% d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique, qui impliquent donc qu’une part de la relève nucléaire devra être accordée au renouvelable.

Lire l'article sur Sia-Conseil.com
 
1 commentaire(s)
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Commentaire par JCF
jeudi 17 décembre 2009 19:59
Je suis carrément rassuré que l'ASN n'hésitera pas à user du principe de précaution, parce que pour l'instant je ne suis pas sûr qu'ils connaissent...
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