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Auteur
Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...

Et si l'Allemagne relançait le nucléaire français?


jeudi 30 septembre 2010

La décision allemande sur la prolongation du nucléaire ne concerne pas uniquement l’Allemagne. Elle aura des conséquences pour tout le marché européen de l’énergie, et donc pour la France. Nous poursuivons ici le débat engagé par la chaîne Energie.


Le 6 septembre 2010, le gouvernement Merkel a consenti à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires en échange d'une taxe estimée à 2,3 milliards d'euros par an à la charge des exploitants. La décision de prolongation est louable : remplacer d'ici 2020 la totalité du nucléaire, qui représente toujours un quart de la production allemande n'aurait pu s'opérer sans un recours massif au charbon, déjà présent à 50% dans le mix électrique du pays. Cependant, au-delà de cette prolongation et de la nécessité de contrôler les émissions de gaz à effet de serre, cette taxe ne risque-t-elle pas de tirer les prix de l'électricité vers le haut en Europe ?

L'Allemagne bat déjà des records de prix

La sortie du nucléaire a un prix. Outre le fait d'avoir fait exploser ses émissions de CO2 en remplaçant le nucléaire par du charbon, l'Allemagne affiche aujourd'hui un prix de l'électricité pour les ménages record en Europe. Comme l'indique le schéma ci-dessous, seules l'Italie et le Danemark, aussi sortis du nucléaire, affichent un prix de l'électricité plus élevé.

 





























Prix de l'électricité pour les ménages en €/MWh pour les pays de l'UE 27
(Source : Observatoire de l'énergie Sia Conseil - UFE 2010)
 
Ces coûts ont un impact direct sur la consommation des ménages mais aussi sur la compétitivité des entreprises. Pour les industries électro-intensives, l'électricité représente parfois plus de 40% des coûts fixes : son prix influe donc directement sur les marges et peut parfois être un facteur de décision pour de nouvelles implantations ou des délocalisations. Taxer le quart de sa production de façon aussi conséquente va donc à l'encontre de la compétitivité des industries, ce qui a poussé une grande partie des industriels allemands à se prononcer contre cette taxe.

Par ailleurs, l'Allemagne n'étant pas isolée de ses voisins, la hausse des prix aura nécessairement un impact sur le reste de l'Europe. Déjà aujourd'hui, plus de 10 TWh de l'électricité allemande est importée des centrales nucléaires françaises afin de contrôler les prix. Demain, quand la taxe entrera en vigueur, les fournisseurs allemands seront toujours plus tentés de s'approvisionner sur les marchés européens, ce qui aura pour conséquence directe de créer des tensions sur les marchés spots et une hausse inévitable des prix. 

Une opportunité pour les pays voisins d'exporter plus d'électricité ?

Si les fournisseurs allemands sont incités à s'approvisionner sur des marchés étrangers, n'y a-t-il pas pour les pays voisins une opportunité de relancer les exportations d'électricité ? En France par exemple, la demande de construction d'un réacteur ATMEA a été refusée en raison de la production aujourd'hui suffisante d'électricité. Ce nouveau réacteur pourrait prendre tout son sens s'il était en partie destiné à l'exportation. Cela permettrait aussi de relancer plus rapidement le nucléaire sur le territoire, élargir la gamme de réacteur et éprouver l'expertise de construction avant d'exporter et profiter de la relance mondiale du nucléaire. Il resterait néanmoins à assurer les interconnexions entre les pays pour permettre ces échanges parfois soumis à tension en hiver.

8 commentaire(s)
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Commentaire par Pas lolo
jeudi 30 septembre 2010 09:09
La France, un genre de Laos Hi-tech de l'Allemagne. L'idée est séduisante. Une illustration supplémentaire de l'enfer pavé des "meilleures" intentions (des grünen, en l'occurence).
[2]
Commentaire par Tilleul
jeudi 30 septembre 2010 10:53
En gros le principe de "l'observatoire des prix Sia conseil" c'est de récupérer les données d'eurostat et d'enlever tout ce qui est génant pour le commanditaire ?

Les stats complètes sont ici :

http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-QA-10-022/EN/KS-QA-10-022-EN.PDF

Où l'on voit que la décomposition du prix en Allemagne est :

production : 79 €/MWh
transport/distribution : 56 €/MWh
taxe : 93 €/MWh

(et pour le Danemark, production : 47 €, transport:66 €, taxes : 144 € !)

L'Allemagne a voté une contribution climat énergie depuis les années 90... Si le prix de l'électricité est élevé c'est donc VOULU et c'est pour ça qu'il s'agit d'un pays leader mondial sur l'efficacité énergétique... Du coup même avec un prix élevé les factures d'électricité des allemands sont inférieures à celles des français puisqu'ils consomment beaucoup moins d'électricité (en évitant de construire des HLM sans isolation et chauffé à l'électricité par exemple...)

[Réponse de l'auteur]
La source est citée et est publique, vous la retrouverez ici : http://www.observatoire-electricite.fr/2010/node/79
[3]
Commentaire par Tilleul
jeudi 30 septembre 2010 11:15
Allez je continue :
Le commentaire le plus drôle c'est celui-là :

"Outre le fait d'avoir fait exploser ses émissions de CO2 en remplaçant le nucléaire par du charbon"

Puisque :
1) L'allemagne est toujours le quatrième producteur mondial d'électricité nucléaire puisqu'ils n'ont pas fermer leurs centrales (ils ont simplement décidés de ne plus en construire), les centrales nucléaires allemandes n'ont donc pas pu être remplacé par du charbon
2) la consommation de charbon en Allemagne (dont un tiers est utilisé par la sidérurgie) baissent depuis 1990.
3) Les émissions de CO2 de l'Allemagne baissent (et soutiennent quasiment à elle seule l'objectif commun européen pour Kyoto de -8%)
4) Les émissions de la production d'électricité et de chaleur en Allemagnent ont diminué, ce qui a augmenté c'est les secteurs: transport routier, aérien et maritime... Depuis quand est-ce que les avions utilisent du charbon ? (la dernière fois c'était en 1945...) et comment fait-on pour remplacer le kérosène par de l'uranium ?

C'est un peu hallucinant de voir les français ne parler que de l'accord politique sur la prolongation des centrales nucléaires (qui n'est qu'un accord politique et peut très bien être refusé) et pas de leur plan pour produire 80% de leur électricité à partir de sources renouvelables (dont la première partie a été voté dans le cadre des plans d'actions nationaux européens sur la directive EnR...). Ca commence à devenir une obsession chez vous l

[Réponse de l'auteur]
Un tour rapide sur une source fiable (http://www.world-nuclear.org/info/inf43.html) montre bien que plusieurs réacteurs ont bien été arrêté en Allemagne et que la hausse de la demande a été compensée par la construction de centrales à charbon, ce qui a bien eu pour conséquence de faire augmenter les émissions de CO2 du secteur de l'électricité (précision visiblement nécessaire).
[4]
Commentaire par Wattson
jeudi 30 septembre 2010 13:51
C'est décidément à la mode que, s'adressant aux ménages, de suggérer que l'Europe, nos voisins ou la dérégulation sont responsables de tous leurs maux présents ou à venir. L'Europe n'est pourtant pour rien dans le fait que la France a à la fois un parc nucléaire vieilli (30 ans) et des dettes.

Bien que les intentions soient un peu troubles, le graphique ``prix'' a le mérite de montrer que les pays ayant les prix les plus bas n'ont ni les niveaux de vie les plus élevés, ni la meilleure santé économique. Il serait intéressant de comparer les factures d'électricité moyennes des ménages, et non pas les prix unitaires. Les prix bas encouragent les gaspillages et orientent vers un modèle soviétisant. Pour avoir un vrai diagnostic économique, il faudrait prendre en compte l'endettement du secteur électrique, les gisements naturels renouvelables exploitables par des technologies éprouvées (hydro-éléctricité, solaire thermique). Il apparaîtrait ainsi par exemple que la Suède a des prix très élevés.

Suggérez-vous vraiment de faire financer (par les contribuables?) des infrastructures de grand transport pour exporter de l'électricité en contournant les taxes de nos voisins?


[Réponse de l'auteur]
Dans l'article original figurait cette phrase dans la deuxième partie : "En effet, proposer à E.ON et RWE, les principaux fournisseurs allemands, d’investir massivement dans les centrales nucléaires françaises pourrait constituer une nouvelle source de financement pour promouvoir le savoir-faire français dans le domaine". L'idée serait de les faire supporter par les investisseurs étrangers désirant s'approvisionner en nucléaire, pas par le contribuable. Pour la Suède, le graphique montre qu'elle est dans la moyenne européenne...
[5]
Commentaire par Dom
vendredi 01 octobre 2010 19:49
C'est curieux, mais moi je préfère de loin avoir une électricité chère et aucun risque nucléaire dans mon pays, plutôt que la situation actuelle française, où nous avons une électricité peu chère mais nous vivons en permanence au voisinage de centrales nucléaires, et si tout se passe sans incident nous laisserons de toutes façons de bien sales poubelles irradiantes à nos enfants...
Cher jeune ingénieur, je sais cela va vous étonner mais dans la vie il existe plein de choses importantes qui ne rentreront jamais dans un tableau Excel ou dans une équation, comme par exemple la tranquillité de pouvoir élever ses enfants loin de tout réacteur nucléaire.
Mais dans votre système, on commence par faire prendre des risques "super scientifiquement calculés" à la population, et on se pose les questions existentielles après...
A Tchernobyl aussi, il y avait plein d'ingénieurs forts en maths, et plein d'enfants...
[6]
Commentaire par jymesnil
vendredi 01 octobre 2010 21:31
soyons fous, ce qui est paradoxal c'est plutôt la situation du nucléaire et en particulier en France ?! si on remplaçait "nucléaire" par "truc-machin", les économistes, les experts en prospective recommanderaient probablement l'abandon de la filière "truc-machin", compte tenu du principe de précaution, inscrit dans la constitution, compte tenu de l'opacité des comptes et des engagements pour le futur (et quel futur ! en millions d'années ?!), bref "truc-machin" c'est has-been ! regardons plutôt du côté des énergies renouvelables, et j'entends déjà les ricannements de certains, mais allez faire un tour sur les sites des laboratoires nationaux américains, par exemple, ou même de Soitec, en France, pour entrevoir les spéctaculaires marges de progrès en matière de rendement qui existent mais seront atteintes dans quelques années ! les grands investisseurs mettent leurs sous dans les ENR, les technocrates français mettent nos sous dans le "truc-machin" :-(
[7]
Commentaire par Tilleul
lundi 04 octobre 2010 16:26
Juste pour info je signale que les réacteurs de l'Allemagne de l'Est qui ont été arrété (parce qu'il s'agissait de réacteurs soviétiques qui présentaient un danger sérieux pour l'ensemble du continent européen et dont la rénovation aux standards de sécurité européen étaient économiquement infaisable) l'ont été en 1990... soit plus de 10 ans AVANT la décision de ne plus construire de centrales nucléaire en Allemagne et d'utiliser les réacteurs actuels pour opérer la transition vers les énergies renouvelables.

Ceci dit c'est intéressant comme remarque : est-ce que ces arrêts ont augmenté la consommation de charbon ? Réponse : depuis 1990 la consommation de charbon en Allemagne a baissé de 25% on peut quand même émettre quelques doutes face à cette hypothèse du "charbon qui remplace le nucléaire"...

http://www.eia.doe.gov/country/img/charts_png/GM_coacon_img.png

(ou voir les stats BP)

Pour la question des émissions de CO2 du secteur énergie, on pourra se référer aux statistiques de l'agence européenne sur l'environnement qui montre bel et bien une baisse de la part du secteur 1.A.1.a (production d'électricité et de chaleur collective) qui a diminué de 6% entre 1990 et 2008 en Allemagne...

C'est une baisse qui est également vraie pour l'ensemble des émissions allemandes (1200 millions de tonnes en 1990 contre 960 millions de tonnes en 2008).

http://dataservice.eea.europa.eu/pivotapp/pivot.aspx?pivotid=475

[Réponse de l'auteur]
Les réacteurs de Greifswald en Europe de l'est étaient des VVER, sûrs et toujours commercialisé par AEP; les réacteurs Stade et Obrigheim ont été fermés après les années 2000 (même source, citée plus haut). Il ne sert à rien de regarder la consommation de charbon globale pour faire des comparaisons : ce sont bien celles du secteur électrique, secteur où la compétition est faite avec le nucléaire, qu'il faut regarder. Enfin, la MDE a bien permis à l'Allemagne de baisser ses émissions mais ramenons les efforts à ce qu'ils sont : 960 millions de tonnes en 2008 contre 300 millions pour la France...
[8]
Commentaire par Tilleul
jeudi 07 octobre 2010 00:23
La vache ! Mais où est-ce que vous allez chercher vos chiffres ?! La France c'est 550 millions de tonnes... (même source : EEA).

Même chose sur le charbon, je ne vois pas comment est-ce que la consommation aurait pu augmenter alors qu'ils ont fermer des centrales charbon (la directive LCP étant passé par là)...

Et soyons sérieux, il n'y a jamais eu de compétition entre le charbon et le nucléaire en Allemagne puisqu'il s'agit des mêmes opérateurs ! D'ailleurs E.on, EnbW, RWE et Vattenfall on même acheter des pleines pages dans les journaux allemands pour publier un Energiepolitischer Appell en faveur du charbon ET du nucléaire... Vous découvrez le milieu de l'énergie ou quoi ?

Et Stade et Obrigheim ont été arrêté parce qu'ils coutaient trop cher à maintenir, donc toujours rien à voir avec le sujet...

[Réponse de l'auteur]
Notez le chiffre ne change rien. Pour la source iea.org tout simplement. Pour le reste, je pense qu'on peut en rester là.
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