Par Bertrand Barré
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Né en décembre 1942, ingénieur physicien de formation, Bertrand Barré est ancien conseiller scientifique d'AREVA voir son blog) Entré en 1967 au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),...
Déchets nucléaires, Cadarache : le débat continue
Par Bertrand Barré
mercredi 28 octobre 2009
Matière ou déchets en Russie ? Trop de plutonium à Cadarache ? Ces problèmes continuent de susciter le débat. Voici les précisions d'un expert pro-nucléaire.
Une émission de la chaîne ARTE, précédée d’une intense campagne médiatique, a été consacrée aux déchets radioactifs. Je n’en fais pas ici une critique exhaustive car la place me manquerait. Disons seulement que des procédés qui étaient autorisés dans les années 50-60 ne correspondent plus aux normes actuelles, et tant mieux ! Heureusement que l’industrie nucléaire progresse au moins autant que le reste de la société : les voitures de ces années-là n’avaient ni ABS, ni airbags, ni même de ceinture de sécurité !
Mais je veux profiter de cette émission pour lever une confusion très répandue, et pas seulement dans celle-ci, entre matières et déchets.
Le Parlement a voté le 28 juin 2008 la Loi de programme n°2006-739 "relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs". L’Article 5 de cette loi précise avec une grande clarté les notions de base. Tout le texte mérite lecture, mais j’ai mis en italique les alinéas qui correspondent à mon propos :
"Une substance radioactive est une substance qui contient des radionucléides, naturels ou artificiels, dont l’activité ou la concentration justifie un contrôle de radioprotection.
"Une matière radioactive est une substance radioactive pour laquelle une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée, le cas échéant après traitement.
"Un combustible nucléaire est regardé comme un combustible usé lorsque, après avoir été irradié dans le cœur d’un réacteur, il en est définitivement retiré.
"Les déchets radioactifs sont des substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n’est prévue ou envisagée.
"Les déchets radioactifs ultimes sont des déchets radioactifs qui ne peuvent plus être traités dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux.
"L’entreposage de matières ou de déchets radioactifs est l’opération consistant à placer ces substances à titre temporaire dans une installation spécialement aménagée en surface ou en faible profondeur à cet effet, dans l’attente de les récupérer.
"Le stockage de déchets radioactifs est l’opération consistant à placer ces substances dans une installation spécialement aménagée pour les conserver de façon potentiellement définitive dans le respect des principes énoncés à l’article L. 542-1.
"Le stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs est le stockage de ces substances dans une installation souterraine spécialement aménagée à cet effet, dans le respect du principe de réversibilité".
En matière nucléaire comme ailleurs, un déchet n’est pas défini par sa nature mais par sa destination. Si je jette une bouteille vide dans ma poubelle, c’est un déchet, mais si je la dépose dans un conteneur ad hoc, c’est une matière qui sera recyclée. Si je ne récupère rien dans un combustible usé, c’est un déchet, mais si je l’envoie se faire traiter à La Hague, on y séparera une part de matières qui seront recyclées et une part de déchets qui seront conditionnés en conséquence. Le recyclage peut être, selon la loi, "prévu ou envisagé".
Et l’uranium appauvri, dont il est fort question dans l’émission de ARTE, c’est une matière qui fournira le combustible des futurs réacteurs à neutrons rapides que l’on réétudie dans la "Génération 4".
Derniere minute : L'incident du plutonium de Cadarache :vous pouvez consulter la fiche rédigée par l'association des retraités du Groupe CEA.
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