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Ancienne responsable d’une agence de conseil en communication, Sophie d’Anhalt a quitté le monde de la publicité pour celui de la presse professionnelle de l’environnement...

Pas de CO2 dans mon whisky !


jeudi 02 juillet 2009

La plus célèbre des industries écossaises mène un travail de fond pour réduire sa consommation d'énergie et son impact carbonique.Et ça paie !


Par Sophie d'Anhalt (l'usine à GES)

Aussi naturelle soit-elle, l’élaboration du whisky contribue au renforcement de l’effet de serre.
 
Les 120 distilleries écossaises émettent 760 000 tonnes de gaz carbonique par an. Et pris dans son ensemble (fabrication de bouteille, transport, stockage, etc.), le
secteur rejette, bon an mal an, ses deux millions de tonnes de dioxyde de carbone.

Ces chiffres sont connus depuis que la Scotch Whisky Association (WFA) a réalisé une analyse de cycle de vie (ACV) du secteur, histoire d’inciter ses membres à passer à l’action. À dire vrai, les plus importants d’entre eux avaient un peu anticipé. Dans les années 1990, le gouvernement écossais avait fixé des objectifs d’efficacité énergétique aux principales distilleries de la région. En changeant leurs chaudières, en systématisant la récupération de chaleur et en améliorant leurs procédés, celles-ci ont relevé le défi.

Entre 2005 et 2008, la distillerie Chivas de Strathclyde a diminué de 7% sa demande annuelle d’énergie (évitant l’émission de 36 000 t/an de CO2), tout en accroissant sa production de 24%. À Rothes, la distillerie Glen Grant a amélioré son système de récupération de vapeur. Ce qui lui a permis de réduire de 80 000 livres (94 000 euros) le montant de sa facture de gaz et de réduire de 700 tonnes/an ses émissions de CO2. Globalement, et en moins de dix ans, la consommation d’énergie pour produire unebouteille de Scotch a baissé de 18%. Pas mal. But not enough.

Au début du mois de juin, la WFA a rendu publics les nouveaux objectifs environnementaux
de la filière. Pour 2020, les distilleries et malteries entendent respecter les objectifs fixés par le Paquet Energie Climat européen. A long terme, 2050, ces installations ne devront plus consommer que 20% de sources d’énergies non renouvelables. Un sacré challenge ! Pour « décarboner » la production de whisky, la priorité est de s’attaquer à la consommation d’énergie. Et pas forcément des seules installations industrielles.

Moins de verre dans la bouteille

Dans quelques mois, plusieurs distilleries (dont celle de Bowmore sur l’île d’Islay) s’équiperont d’échangeurs de chaleur qui leur permettront d’utiliser une partie de leur vapeur pour chauffer les écoles et les piscines de communes voisines.

Beaucoup plus ambitieux est le projet que Diageo développera sur son site de Cameronbridge (Johnnie Walker). Le leader mondial des alcools et spiritueux construit (pour 76 M€) une unité
de méthanisation des déchets végétaux (du malt essentiellement). Avec le biogaz ainsi produit, la distillerie réduira considérablement sa consommation de gaz naturel et abaissera de 56 000 t/an ses rejets carbonés. Encore à Rothes, un consortium de six sécheries de malt va mettre en service une centrale à cogénération. Celle-ci produira de la chaleur pour sécher le malt et suffisamment d’électricité pour alimenter 9 000 foyers. Originalité de cette petite centrale : elle utilisera, elle aussi, comme combustible les déchets végétaux des distilleries.

Beaucoup moins importantes est l’expérimentation menée à Glenturret. Depuis quelques jours, la plus ancienne distillerie d’Ecosse utilise un bioréacteur pour épurer ses eaux de process avec des microalgues, conçu par Scottish Bioenergy. Le phytoplancton mort est transformé, d’une part, en agrocarburant (6 000 litres par an !), d’autre part en protéine utilisée par une ferme aquacole locale.

Mais l’énergie n’est pas tout. Grâce à l’ACV de la WFA, les producteurs de Scotch ont
désormais une vision globale des impacts environnementaux de leurs activités. Raison pour laquelle ils s’intéressent au flaconnage. En moyenne, les producteurs de whisky utilisent 500 000 tonnes de verre par an. La réduction de poids de chaque bouteille permet de faire de sérieuses économies d’énergie (fabrication et transport). C’est Chivas qui s’est lancée. Depuis juillet 2008, sa bouteille de 100 Pipers (huit ans d’âge !) a maigri de 20 grammes. En un an, la gamme a fait une économie de 400 tonnes de verre et de 300 tonnes de CO2. Who’s next ?
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