Par Yves Egal
- Ingénieur Conseil en Ecologie Urbaine
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Yves Egal, 59 ans, est ingénieur conseil en écologie urbaine. Il a notamment participé à l'étude "les alternatives à un troisième aéroport dans le bassin parisien" »...
Bonne nouvelle: l'énergie quitte le grrrrrand ministère de l'écologie!
Par Yves Egal
- Ingénieur Conseil en Ecologie Urbaine
jeudi 18 novembre 2010
La restructuration du ministère de l’écologie, avec le départ du secteur énergie qui revient vers Bercy, a relancé le débat sur les relations entre développement et écologie. Yves Egal décoche ses flêches. Qu’en pensez-vous ? Entrez dans le débat en réagissant.
Comme s'il fallait ajouter toujours un bout de phrase pour donner de l'importance à ce qui n'arrivait pas à en avoir.
Les gens manifestent pour ne pas perdre deux ans de retraite, s'inquiètent du prix du carburant et réclament le maintien de leur facteur ou de leur hôpital de campagne, mais sur l'écologie, c'est beaucoup plus flou et plus lointain. Ils sentent une sourde inquiétude devant la disparition annoncée des ours blancs, des tigres et du thon rouge, mais ils ne se représentent pas bien ce qu'il faut faire pour sauver la planète. A part voter "vert"...car, comme chacun sait, les "écologistes" connaissent toutes les solutions de tous ces problèmes confus.
Le premier d'entre eux, Nicolas Hulot, journaliste de sports mécaniques reconverti en sommité médiatique, avait fait signer un pacte écologique à tous les candidats au poste subalterne de Président de la République, qui n'avaient pu faire autrement que de le signer pour ne pas perdre tout espoir de sauver la France. La première priorité parmi les banalités de ce pacte consistait à créer un vice premier ministre chargé du développement durable.
Des dossiers impossibles à gérer
Bien sûr, la promesse a été respectée (un peu) et c'est Jean-Louis Borloo qui a hérité des super-pouvoirs du super-ministère avec la noble tâche de conduire le Grenelle de l'Environnement.
Mais dans la Ve République révisée, le Président a très peu de pouvoirs et les ministres pas du tout, fussent-ils super-ministres ou même Premier Ministre. Et M. Borloo s'est trouvé avec des dossiers impossibles à gérer :
- développement durable est un concept fumeux mêlant justice sociale et environnement dans des proportions imprécises, et personne ne veut d'aménagement du territoire, fût-il durable, ni les maires, ni leurs électeurs mus par le réflexe PUMA : "peut-être utile, mais ailleurs" ! Que ce soit pour les LGV d'Aquitaine, les éoliennes ou la densification des villes.
- aucune technologie n'est « verte » : les énergies renouvelables consomment des énergies fossiles et du béton dans leur cycle de vie. Il n'y a pas deux catégories de techniques : des vertes et des vilaines. Il y a un chemin fait d'améliorations de toutes les techniques et de choix progressifs vers des énergies moins émettrices de gaz à effet de serre. De même, il n'y aura pas d'emplois verts nouveaux, mais des emplois existants qui vont se verdir, par exemple lorsqu'un ouvrier de Renault va fabriquer une voiture électrique.
- les négociations sur le climat à Copenhague (et bientôt à Cancun) ont échoué, parce qu'il n'y avait rien à négocier avec les non Européens. Le Grenelle, réuni sans les scientifiques, n'a proposé que des objectifs déjà réalisés (la taxe carbone française s'appelle la TIPP et elle est la plus forte du monde dans les transports) ou irréalisables (division par deux des pesticides, économies d'énergie dans le parc de logements anciens).
- Quant aux énergies, réduites aux seules renouvelables, elles ont vu leurs subventions décroitre avec la montée de la dette souveraine : le vrai super-ministère est, a été et sera toujours Bercy. Celui de l'écologie n'aura été que celui de la parole. Ce qui sert un peu à l'évolution des idées.
Environnement plutôt qu'écologie
Les décisions les plus efficaces pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ont été prises en dehors du MEEDDAT : la voiture électrique par Renault, deux EPR par EDF, et réorganisation de la filière nucléaire selon le rapport Roussely de juin 2010... qui préconisait la création d'un ministère de l'énergie. Dont acte.
Logique, puisque la seule mesure environnementale susceptible de concerner l'énergie, la taxe carbone et/ou TIPP, se décidera à Bercy, comme pour toutes les taxes. L'énergie n'avait rien à faire à l'Ecologie et le super-ministère de Nicolas Hulot était vraiment une très mauvaise idée.
« NKM" a été nommée ministre de l'Ecologie, du développement durable, des transports et du logement. Sans l'énergie, c'est bien, mais ce serait mieux si elle s'appelait ministre de l'Environnement, des transports et du logement. Plus clair et plus français. Et l'écologie étant une science, aucun ministère ne devrait s'appeler "de l'écologie", mais seulement "de l'environnement".
Et ce serait encore mieux si elle changeait d'avis sur les OGM...
De même un développement durable ne peut se concevoir sans une gestion raisonnée de ces ressources énergétique en voie de disparition.
Enfin l'énergie nucléaire pose des problèmes environnementaux spécifiques lourds et complexes (déchets, notamment).
Par conséquent il me semble complétement à côté de la plaque de séparer l'énergie de l'environnement et du développement durable, contrairement à l'idée évoquée ici par l'auteur (mais en même temps, quand on dit que le développement durable est un concept fumeux...).
[Réponse de l'auteur]
Ce n'est pas parce que l'énergie a un impact sur l'environnement qu'elle doit être traitée par un ministère du même nom. Ni que le le ministère de l'Ecologie n'aura pas son mot à dire désormais. L'énergie, c'est ausi de l'économie, alors, pourquoi pas au ministère de l'économie ? Tout est dant tout, tout est interdépendant, mais il faut bien se partager les tâches. Quand une chose concerne plusieurs ministères, la décision est prise à l'échelon supérieur, interministériel, c'est à dire le Premier Ministre, ou le Président. On l'a bien vu au Grenelle, où l'Ecologie menait les débats, mais où tout se décidait plus haut. Mettre tout dans un seul ministère de l'Ecologie est une délimitation artificielle des tâches. Le processus de décision gouvernemental est long (c'est la démocratie); si l'énergie concerne aussi l'Environnement, ce ministère sera associé aux décisions la concernant autant (ou presque) que quand l'énergie y était rattachée. En réalité, la seule mesure environnementale applicable à l'énergie est la taxe carbone. Les subventions aux renouvelables sont compliquées à gérer et ont des effets pervers. Que la moins carbonée au prix le plus bas gagne! Le ministère de l'Ecologie (de l'Environnement, devrait-on dire) a son mot à dire sur les normes de rejets polluants (en suivant les directives européennes) et il va négocier sur le prix du CO2, mais ensuite, le ministère de l'Economie est le plus compétent pour mettre en oeuvre taxes et droits à polluer. De plus, pour l'instant, l'énergie la moins carbonée est le nucléaire, dont la gestion des déchets est parfaitement maitrisable. Et les compétences nucléaires sont plus à l'Industrie qu'à l'Environnement.
Mais qu'ont ils fait !!!? de l'éolien , , de l'éolien et encore de l'éolien . et c'est quoi l'éolien pour informer les 2 Français sur 3 qui sont pour ! :
- l'éolien c'est beaucoup de béton qui sera jamais démantelé ... jusqu'a 3000 tonnes par pied en mer .
- L'éolien c'est jusqu'a 170 de haut soit des immeubles de 50 étages ...de quoi détruire tous les beaux paysages sur terre comme sur mer .
- L'éolien produit de l'énergie de façon trés aléatoire et nous ne savons pas stocker l'énergie . L'éolien doit donc marcher en couple avec du thermique ...donc plus de co2 !
- L'éolien est une technologie étrangère qui sera trés bientôt entièrement captée par les chinois . Donc encore moins d'emplois et plus de transport et plus de CO2 !
- l'éolien c'est un prix de rachat garanti jusqu'a 12 ctmes du kw ...majoré par la marge dEDF et des autres ..;qui va payer cette stupidité ?
- l'éolien c'est la destruction de l'attractivité touristique de la France .... même a 15 km en mer ça reste trés imposant sur le tableau ... 50 étages c'est trés trés haut !
l'éolien industriel n'a rien d'écologique , il ne baissera pas les émissions de co2 en France ..
Pour revenir au Ministère de l'écologie, soit, appelons-le Ministère de l'Environnement mais je crois que celui-ci n'est pas encore assez transversal car, et c'est là que je fais le parallèle avec Bercy, Bercy n'a aucune notion de raisonnement durable au sens noble du terme.
[Réponse de l'auteur]
Quand on écrit un article pour un journal ou sur un site, c'est forcément qu'on a quelque chose à dire à partir d'une expérience ou d'une réflexion, donc d'un savoir. Ce qui n'empêche pas de discuter avec d'autres, comme vous, qui proposent d'autres idées. Les gens de Bercy sont plutôt énarques du côté de la finance et polytechniciens du côté de l'énergie, ce qui n'est pas un "formatage", mais plutôt une garantie d'un raisonnement moins sensible que d'autres aux idéologies de toutes sortes. Si les calculs montrent que l'énergie nucléaire émet moins de CO2 de la mine d'uranium à la prise électrique, qu'un panneau photovoltaïque, l'ingénieur croit les chiffres et non l'opinion publique qui croit souvent que le solaire est par nature "écologique" ou "durable", uniquement parce que la source est gratuite et n'émet pas de CO2. Mais il faut calculer aussi les émissions pour produire les panneaux, les expédier, les remplacer... Idem pour les éoliennes. Pour la transversalité, je répète qu'elle peut très bien se faire à l'échelon interministériel. Par ailleurs, êtes vous sûr que les "gâchis formidables" sont le seul fait du ministère de l'économie et qu'on ne trouve pas autant de ces sources de gâchis ailleurs ?
En outre le DD apparaît comme un concept fumeux car vous semblez l'assimiler à une finalité et non à un moyen de parvenir à une sitution plus efficace du point de vue environnemental, social mais aussi économique