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Le Club des Vigilants a été créé en 1999 sous l'impulsion de Marc Ullmann. Jérome Cazes, ancien directeur de la COFACE, en est le président. Meriem Sidhoum-Delahaye, journaliste,...
Plaidoyer pour l'"internet de l'énergie"
vendredi 06 avril 2012
Joël de Rosnay sait rendre concrètes les visions d'avenir. Devant le "club des Vigilants", il a tracé les grandes lignes d'une nouvelle "démocratie énergétique", combinaison intime des énergies classiques, des renouvelables, des économies d'énergie et des réseaux intelligents.
Extraits :
Dans le domaine de l'énergie, à l'échelle mondiale et particulièrement dans notre pays, nous sommes dominés, nous sommes assistés et nous sommes passifs. Nous recevons l'essence à la pompe, le gaz directement chez nous. Les grandes industries fossiles nous disent : payez à la pompe, on s'occupe de tout. Pour l'électricité nucléaire, idem. La grande industrie nucléaire construit des centrales, produit de l'électricité et tire des câbles jusque chez le consommateur avec ce mot d'ordre : payez au compteur, on s'occupe du reste.
Ce système énergétique auquel on est soumis va encore s'amplifier et conduire à des augmentations de prix extrêmement importantes en Europe et dans le monde. Peut-on sortir de ce modèle ? Oui. Des solutions existent depuis fort longtemps mais on ne les a pas suffisamment prises en compte. Nous avons constitué des filières énergétiques ; nous avons construits des « centrales » énergétiques alors que la voie de l'avenir est dans le mix des énergies. Nous devons aller vers des » dé-centrales » connectées entre elles. Créer une forme d'Internet de l'énergie. Tel est l'enjeu essentiel tant pour les citoyens que pour les politiques ou les industriels.
(...)
Les énergies du Futur
J'aime à rappeler qu'Einstein définissait l'énergie comme étant le produit de la masse par le carré de la vitesse de la lumière (E = MC2). Modestement, pour ma part, je définirai EF comme suit :
EF = ECN + 3E + MIX + SG
Les énergies du futur (EF) vont dépendre des énergies classiques et nucléaires (ECN), des économies d'énergie, de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables (3E) qui vont constituer le MIX, le tout optimisé par le Smart Grid (la grille). Tout va se jouer sur cette grille intelligente de distribution de l'électricité qui va s'adapter à l'offre et à la demande, à l'été et à l'hiver, au jour et à la nuit ...
Prenons les 3E. Actuellement, il y a une perte énorme d'énergie dans les moteurs divers, les usines, les industries, les ascenseurs ... On peut agir sur les deux premiers E et entrer dans un processus « Negawatt » par une amélioration drastique de l'efficacité énergétique et une politique ambitieuse d'économie d'énergie.
Le dernier E, quant à lui, concerne les énergies renouvelables (ER). Ce sont des giga watt (GW) d'énergie, à partir de douze énergies renouvelables, qui peuvent être mobilisés à condition de les combiner entre elles et de les distribuer de manière intelligente à chaque consommateur et en faisant participer les gens à leur propre économie.
Ces énergies renouvelables sont les suivantes : le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, l'éolien, l'hydrolien, la biomasse, le biogaz issu de la fermentation des déchets, les biocombustibles de 3ème génération à partir d'algues photosynthétiques, l'hydroélectricité, la géothermie, l'énergie des vagues, l'énergie thermique des océans et enfin l'hydrogène qui est du soleil en conserve !
Ces douze ER doivent être combinées entre elles en permanence. (...)
Peut-on miser sur des productions aléatoires alors que l'électricité ne se stocke pas ? Oui car des solutions existent. En voici quelques exemples :
En l'absence de vent, les Danois pompent l'eau dans des réservoirs au sommet de collines. Quand le vent tombe, l'eau descend dans des turbines pour produire de l'électricité.
Les Américains, avec leur projet CAES (Compressed Air Energy Storage), compriment l'air venant des éoliennes dans des aquifères. Cet air comprimé est mélangé à du gaz naturel ou à du biogaz, lequel est brulé pour faire de la vapeur et de l'électricité avec un rendement considérablement amélioré.
En Corse, le projet Myrthe, inauguré fin février 2012, permet de combiner une centrale photovoltaïque avec des piles à combustibles (PAC) fonctionnant grâce à l'hydrogène. Son principe ? 3 600 M2 de panneaux solaires produisent suffisamment d'électricité le jour. Cette électricité est utilisée pour l'électrolyse dans des réservoirs d'eau (dissociation de H2O en deux gaz l'oxygène et l'hydrogène). Le soir venu, cet hydrogène va alimenter une PAC qui, par un processus inverse de l'électrolyse, va produire de l'électricité. Là encore, on est dans la combinaison et le stockage de l'énergie.
La combinaison des énergies est la clef du futur MIX ; et il n'y a pas de MIX sans les Smart Grids.
Les Smart Grids
Qu'est-ce-que le Smart Grid dans la réalité ? C'est tout réseau de transport d'électricité auquel on ajoute de l'intelligence. Internet est devenu l'Internet que nous connaissons le jour où, dans le réseau de télécommunications, on a mis une norme internationale : TCPIP ou Internet Protocol. Il en est de même aujourd'hui pour l'énergie. La norme G3-PLC, désormais utilisée dans les Smart Grids, existe depuis deux ans. Elle permet de mettre de l'intelligence dans le réseau électrique passif. Des capteurs, de moins en moins chers, sont installés un peu partout.
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La Smart Grid constitue une avancée majeure sur le chemin de la nouvelle démocratie énergétique. De nombreux projets sont en cours. L'Allemagne qui a arrêté 7 centrales nucléaires, a pris la décision d'investir 35 milliards d'euros dans la construction d'une Smart Grid de 3 700 Km par Siemens, leader mondial.
Aux USA, Obama a fait voter un budget de 260 milliards de dollars pour la création d'une Smart Grid fédérale d'ici 2016.
L'Europe a, de son côté, lancé « Grid4Eu » regroupant six pays : la France, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Tchéquie et la Suède. Les esprits commencent à changer. La Smart Grid est en effet le seul moyen de catalyser le MIX énergétique du futur, garant d'une nouvelle démocratie énergétique.
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Joël de Rosnay est Conseiller de la Présidente d'Universcience, Président Exécutif de Biotics International,membre du Conseil Scientifique de l'OPECST (Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques)
Verbatim réalisé par Meriem Sidhoum Delahaye
A avoir survolé le Danemark ...c'est plutôt un pays plat ...!!! ils vont pas en faire beaucoup des réservoirs !!! par contre ne Norvége ça me paraîtrait plus plausible .
Enfin tout ça sert a justifier ces monstrueuses , espacivores et stupides éoliennes ..on l'a bien compris . ...le lobby de la SER et des promoteurs qui ne veulent pas voir ce marché si juteux disparaître !!!