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Le  Club des Vigilants a été créé en 1999 sous l'impulsion de Marc Ullmann. Jérome Cazes, ancien directeur de la COFACE, en est le président. Meriem Sidhoum-Delahaye, journaliste,...

Christophe de Margerie, Pdg de Total : la France est «schizophrène»


mercredi 30 mai 2012

Quel est l'avenir du pétrole et du gaz à l'horizon 2030 ? Une analyse prospective de Christophe de Margerie devant le Club des Vigilants.


Christophe de Margerie, Président du groupe Total, a analysé longuement devant le « Club des Vigilants » l'évolution des secteurs du pétrole, du gaz et du charbon. Voir ici un script de son intervention orale. 

Extrait : A l'horizon 2030, les grands équilibres énergétiques mondiaux ne seront pas très différents de ceux d'aujourd'hui non plus. Ce qui change ? C'est le poids relatif des acteurs. Une vaste redistribution des rôles entre régions du monde est en cours. Il est de ce fait essentiel de ne pas se tromper sur les grandes options politiques.

Malheureusement, dans notre pays, le débat n'est pas toujours à la hauteur des vrais enjeux. Qu'a-t-on entendu par exemple durant la campagne électorale ? Un certain nombre d'arguments électoralistes tels « le prix élevé du carburant », « le nucléaire, c'est pas bien » ou « haro sur les gaz de schiste ». On semble oublier que l'énergie est un secteur hautement stratégique et que les défis y sont nombreux.

Les énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz - vont connaître un recul modéré : de 81 à 76 % d'ici 2030. D'autant que la part des énergies non fossiles restera limitée dans les 20 ans à venir pour des raisons de contrainte politique concernant le nucléaire et de lenteur du déploiement des renouvelables. Ce sont donc 330 millions de tep/jour que l'on devra trouver ! Non pas tant en réserves. Les réserves sont là. Ce sont donc des capacités de production à développer et des investissements à faire. Or, c'est là où le bât blesse. Les entreprises, dont Total, ne sont pas en cause. Certains pays en revanche renâclent à accepter des investissements sur leur sol ou quelquefois en mer.

Du gaz au large de Marseille

Prenons la France qui importe la quasi-totalité de sa consommation d'énergies fossiles mais rechigne à investir sur son propre territoire.

C'est le cas pour le gaz de schiste. C'est aussi le cas pour le gaz en Méditerranée. Un exemple à tire d'illustration : après une découverte considérable de gaz au large d'Israël, Noble Corp. souhaitait mener des explorations au large de Marseille. Mais la réponse fut : niet. Que font certains ouvriers dans le port de Marseille ? Ils travaillent dans l'importation du gaz. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin du gaz. Et pourquoi pas le gaz qui se trouve probablement au large de Marseille ? Parce qu'il y a un « patrimoine » maritime à préserver.

Cette attitude « schizophrène » nous fait préférer importer le gaz des autres au détriment de celui qui se trouve dans nos eaux territoriales, de la création de richesse dans notre pays ! D'autant que le gaz, faut-il le rappeler, émet sensiblement moins de CO2 que le pétrole et que les entreprises sont, de plus en plus, sensibilisées aux problèmes d'environnement. Si une pollution se déclarait au large d'Israël, elle ne resterait pas limitée à cette zone. La mer est vivante, l'eau circule et sa pollution avec.

Attention, je ne dis pas qu'il faut faire n'importe quoi en mer. Je dis simplement que l'on ne peut considérer la découverte et l'exploitation du gaz comme quelque chose de bien pour Israël et comme quelque chose de mal pour notre pays. On ne peut pas dire que c'est bien pour la sécurisation de l'approvisionnement d'Israël en gaz et pas pour celui de la France.


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