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Le débat national sur l'énergie est trop encadré


jeudi 11 juillet 2013

Moins de nucléaire, pas de gaz de schiste, pas trop de renouvelables : le DNTE ne peut guère plus discuter que d'économies d'énergie dans le bâtiment.


Gérard Bouy est expert en électronique et énergétique de défense, membre du Comité des experts  de Connaissance des Énergies

  Et si la montagne accouchait d'une souris ? Le grand débat national sur la transition énergétique va-t-il se conclure par une recommandation claire sur les choix à faire pour fournir l'énergie dont nous avons besoin à un prix compétitif, en étant plus respectueux de l'environnement ?

Probablement pas car le débat est sévèrement encadré depuis le début par des prérequis qui le vident de son contenu, comme par exemple :

le poids du nucléaire doit diminuer dans les sources d'énergie (programme présidentiel) ;

la fracturation hydraulique nécessaire à l'exploitation du gaz de schiste est interdite (la France et la Bulgarie sont les 2 pays au monde à avoir voté une loi à cet effet) ;

les investissements dans les énergies renouvelables doivent être assez sévèrement limités pour éviter une envolée des prix de l'électricité qui aurait pour effet d'accroître de manière inquiétante le nombre de foyers français en état de précarité énergétique.

Dans ces conditions, les conclusions du débat vont nécessairement s'orienter sur le seul sujet qui fasse consensus : il faut faire des économies d'énergie parce que c'est bon pour la planète et bon pour le portefeuille des Français. Et comme il n'est pas question d'empêcher Monsieur Toutlemonde de rouler avec sa voiture, même si on va tout faire pour l'inciter à prendre les transports en commun, le propos se réduit à faire des économies de chauffage en isolant mieux les habitations. En plus cela a un gros avantage : cela créerait 700 000 emplois, disent les spécialistes, non délocalisables et à faible qualification.

Il ne reste plus qu'à mettre en place quelques incitations fiscales au niveau national pour les propriétaires de leur logement et à inciter les collectivités territoriales à mener localement des programmes d'action sur les logements sociaux et la transition énergétique est bouclée...

Sans nier l'intérêt évident de ces mesures pragmatiques, on pourrait regretter amèrement que la masse d'information échangée dans ce débat aboutisse à un résultat aussi limité. Les choix énergie?/?climat s'évaluent sur une période longue et nécessitent une anticipation qui dépasse la vision de la plupart des hommes politiques obsédés par les prochaines échéances électorales. On aurait néanmoins aimé avoir de solides orientations sur des questions de long terme :

Nucléaire : comment remplacera-t-on au terme de leur exploitation nos centrales actuelles ? Les technologies permettant de mieux exploiter le combustible nucléaire en brûlant les déchets radioactifs à vie longue seront-elles matures ? Quelle feuille de route pour arriver à ce résultat ?

Gaz de schiste : comment évaluer sérieusement le coût de production de gaz national et mieux mesurer l'impact économique d'une mise en exploitation de certaines zones, si ce n'est en levant le tabou de forages exploratoires ?

Énergies renouvelables : quelles pistes sont les plus prometteuses parmi les différentes filières et où concentrer nos efforts ?

Tous ces sujets ont fait l'objet de discussions. Faut-il néanmoins les occulter pour être politiquement correct ?

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13 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé001
jeudi 11 juillet 2013 13:17
Le conseil d'analyse économique du premier ministre a rédigé une note(n°6)recommandant de taxer l'énegie pour réduire le cout du travail.C'est évidement une bonne solution.Pourquoi personne ose évoquer cette possibilité qui aurait l'avantage de règler les problèmes qui nous préoccupent,à savoir le financement des retraites et la baisse du chomage?La chaine énergie devrait demander aux rédacteurs de cette note de s'exprimer.Merci.

[Réponse de l'auteur]
Cela est probablement une fausse bonne idée , car c'est un jeu à somme nulle qui ne confère pas de gain de compétitivité aux produits "made in France" et donc n'est ni de nature à renforcer la capacité d'investissement des entreprises , ni à soutenir l'emploi. Seule la TVA anti délocalisation possède cette vertu , mais une bonne idée de droite est par définition une mauvaise idée de gauche . Et pourtant les grandes règles de l'économie devraient s'imposer aux uns et aux autres ....
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Commentaire par Gépé001
jeudi 11 juillet 2013 13:49
Je complète mon commentaire;cette note pécise page 12: 1-augmenter immédiatement le prix de l'énergie de manière progressive, 2-utiliser cette taxation de l'énergie pour réduire le cout du travail, 3-attribution d'une prime forfaitaire. Je complète en précisant -cette taxe doit permettre dans un premier temps d'assurer le choc de compétitivité (au moins une augmentationde 30% du prix de l'énergieou la TVA sociale) -assurer ensuite le financement des retraites correspondantà 5Mrds d'? chaque année jusqu'en 2035.
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Commentaire par Hervé
jeudi 11 juillet 2013 21:07
Mais commencer par des économies d?énergie n'est pas forcément une mauvaise idée. C'est même très certainement un préalable à la transition. @ Gepé001 Concernant la taxation de l?énergie, c'est une idée intéressante et certainement très efficace pour pousser à l?économie. Elle existe déja sous la forme de l'ex Tipp dont ils ont élargi l?assiette récemment. Le problème c'est qu'elle sera difficile a appliquer car les besoins ne sont pas homogènes, ça risque de provoquer une casse sociale importante. On perdra toutes nos industries énergivores qui iront s'implanter ailleurs. On aura plus de chômeurs, pas forcément moins de pollution.
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Commentaire par Gépé001
jeudi 11 juillet 2013 22:07
Merci,Hervé pour votre commentaire.Il ne s'agit pas d'économiser l'énergie,mais de réduire le cout du travail.Il s'agit d'un raisonnement purement économique qui analyse la relation entre cout du travail et prix de l'énergie que la note n° 6 tente de mettre en évidence.Et en plus,ce que la note n'aborde pas,c'est que l'energie entraine des gains de productivité qui libère du temps de travail,ce que l'on assimile à du chomage.Il faut reprendre entièrement notre raisonnemet en ce qui concerne l'énergie.Je ne suis pas capable de le faire tout seul.D'autre part,il n'est pas certain que les entreprises énergivores soient défavorisées.La note n°6 aborde cet aspect.Car ces enteprises ont des charges de personnel non négligeables;c'est à étudier plus en détail.Il ne faut sutout pas renoncer avant d'avoir expérimenter cette idée,ce que le CIRED a déja fait pour la taxe carbone.Il faut vraiment en discuter entre spécialistes.
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Commentaire par Gépé001
vendredi 12 juillet 2013 06:16
Réponse à celle de l'auteur.Effectivement,les entreprises hors énergie sont et doivent être neutres vis à vis de cette mesure.Mais dans le PIB le transfert de charges sociales sur l'énergie permet de réduire le cout du travail des entreprises hors énergie;ce qui compte en définitive,c'est la relation "cout du travail sur prix de l'énergie"qui doit tendre vers un optimum correspondant à mon avis à un partage 50/50 du financement des retraites.C'est long à expliquer.Merci.
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Commentaire par Gépé001
vendredi 12 juillet 2013 10:02
2e réponse à l'auteur.Vous évoquez les grandes régles de l'économie;tout le monde semble bien convaincu d'un besoin de changement.Nous faisons 2 erreurs fondamentales;1°-les retraites doivent être financées aussi par l'énergie qui remplace le travail.2°-Les gains de productivité permettent à un actif d'aujourd'hui de faire vivre sa femme,ses enfants,ses parents(retraités),ses grands parents(dépendants)et son voisin(chomeur) et ainsi de rectifier les effets de la démographie.
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Commentaire par Roberton
samedi 13 juillet 2013 04:50
(Suite) Sans parler du réseau électrique complexe et fragile avec son armada d?engins. La vrai transition serai celle des fossiles, actuellement ce sont les algues avec une production proche de 300T/ha/an et 50% de lipides les plus prometteuses, nous utilisons 12 millions de tonnes/j de pétrole, donc nous avons besoin pour transformer ces algues du double et même plus pour fabriquer l?équivalent en carburant, soit 30Mt/j ou 900Mt par mois ou 10,8Gt/an, ou trouverons la matière première, le carbone ou CO²? Dans l?atmosphère, pas assez concentré (0,04%), seule les industries ou centrales brûlant des fossiles nous intéressent et encore faut-il quelles soient en bord de mer. Aujourd?hui le monde produit 60Mt d?agrocarburant pour une consommation de 4000Mt, soit 1,5% et pour cela les USA transforme 40% de leur maïs (5% de leur consommation automobile) et les Brésiliens (25%) ont besoin d?une surface équivalente à ¼ de la France avec la canne à sucre. Tout aujourd?hui est dépendant du pétrole, comme les transports, la construction civile et surtout notre alimentation avec les engrais, les phytosanitaires et le diesel (100 à 150 litres par ha/an), nous plantons 7 calories pour en récupérer 1. Adieu nucléaire, ITER et toutes les renouvelables, nous ne pourrons plus les fabriquer ni les maintenir. Donc se poser la question de la transition énergétique est une fausse question, elle n?existera plus pour des raisons physiques avec la diminution du pétrole et malheureusement la seule vari
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Commentaire par Roberton
samedi 13 juillet 2013 04:52
Il vaut mieux ne pas détruire un patrimoine (centrales nucléaires) de 60 Milliards d?euros, Nous importons par an 8000 t de minerai d?uranium à un coût de 900 Millions ?, transformé en France en 2 Milliards ? de pastilles utilisables dans les centrales. Le remplacement par de l?éolien + gaz ou charbon, augmenterait nos importations de 20 milliards d?euros en produits fossiles, sans parler de l?investissement initial. L?Espagne a 20.000MW d?éolien et a dû installer 15.000MW au gaz et grâce à cela importe pour 6 milliards d?euros de gaz, le Japon est aussi devenu déficitaire pour les mêmes raisons après Fukushima. Le stock d?uranium en France peut durer deux ans alors que le pétrole et gaz ne passe pas de 3 mois, en cas de crise...Donc continuons pour le moment avec 1 EPR pour 2 centrales anciennes devant s?arrêter. Qu?elles sont aujourd?hui les choses les plus importante pour la France? L?emploi et la diminution de nos dettes internes et externes. C?est sur ces bases que je constate que le nucléaire au kWh coûte 50 fois moins en importation. Je préférerais que l?on développe des centrales aux sels fondus de thorium, plus sûres et propres. Mais, toutes les formes de production électrique sont très énergivores comme le ciment (60 à 120 litres d?équivalent pétrole/tonne), le verre (2500kW/tonne), l?acier, l?aluminium, le cuivre, plastiques, câbles, isolants (alternateurs, moteurs, transformateurs, condensateurs), toute l?électronique de contrôle (90% de pétrole), etc..
[9]
Commentaire par Roberton
samedi 13 juillet 2013 04:56
(Fin) Donc se poser la question de la transition énergétique est une fausse question, elle n?existera plus pour des raisons physiques avec la diminution du pétrole et malheureusement la seule variable d?ajustement comme l?a très bien démontré le Club de Rome est la population, probablement moins de 1 milliard avant la fin du siècle.
[10]
Commentaire par un physicien
samedi 13 juillet 2013 13:15
"...la population, probablement moins de 1 milliard avant la fin du siècle. " Comment pensez vous faire pour arriver à ce résultat ?
[11]
Commentaire par Roberton
samedi 13 juillet 2013 20:47
Regardez autour de vous, quel produit ou aliment n´a pas eu besoin de pétrole pour sa fabrication et transport? Le monde consomme 180 millions de tonnes de fertilisants (N-P-K) tous dépendants du pétrole pour la production, extraction, transport ainsi que les produits phytosanitaires. De 1900 à 2000, la production mondiale d´aliments a augmenté de 600%. Et la population en conséquence est passé de 1,7 à 7 milliards. Sans les engrais, le diesel, 40% de la population n´a plus à manger. Il suffit de regarder la Corée du Nord où la production a diminué de 60% (sans engrais et diesel) et la faim a tué 2 millions de personnes pour imaginer le futur de l´humanité sans pétrole et gaz. Comment travailler si la nourriture manque, si les matières premières et les transports sont rares. Nous nous préparons à un futur à la MAD MAX. Au début des queues partout, banques, supermarchés, hôpitaux, stations de combustibles puis révolte généralisée, état impuissant devenant incapable de payer les fonctionnaires (police et armées) et les retraites. Devinez la suite !!! puis imaginez le monde entier dans la même situation ou pire. Vous avez la réponse. À l'age d'or du cheval, en Angleterre, vers 1900, une part considérable de la production agricole (30%) était destinée aux chevaux. Si on veut de l'énergie pour se déplacer, se chauffer, il en reste moins pour se nourrir. Le pétrole a permis pendant des décennies de faire les deux, mais il faudra bientôt choisir. Un bon conseil, achetez un terrai
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Commentaire par Hervé
lundi 15 juillet 2013 13:36
@ Roberton Ce qui vous écrivez est en partie exact, du moins à l'instant présent de notre vision du futur. La difficulté de ce débat (qui pour moi le rend déjà obsolete) est de savoir de quoi sera fait demain. Il y a un siècle, qui se serait imaginé les progrès accomplis jusque à maintenant? L'homme est par nature opportuniste et utilise la facilité pour arriver a ses fins. Et dés que quelque chose va le gêner, il parviendra a ses fin par un autre moyen. La science peut développer pas mal de solutions aux problèmes, et je suis persuadé que de nombreuses découvertes fondamentales vont encore révolutionner l'avenir. Ce que je trouve dommage par contre c'est le niveau du gaspillage actuel, qui va réduire le temps qu'on aura pour se retourner. L'important est que l?évolution se fasse en relative douceur de manière à laisser le temps aux adaptations. L'issue Mad max n'est pas certaine, c'est une isue possible, je crois même qu'elle aura lieu dans certains pays, mais dans l'ensemble, je pense que l'homme saura surmonter ces difficultés.
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Commentaire par blog-placement-financier.com
mercredi 17 juillet 2013 08:41
Corinne Lepage faisait remarquer, lors de son intervention, le 6 avril 2013 au forum de Strasbourg, « A quoi sert la relation franco-allemande ? Les Français ne savent pas ce que ça veut dire, la transition énergétique ! ». C'est peut-être de ce côté là qu'il faudrait commencer. Créer un débat national de fond. Partout dans le monde, des villes s'équipent en installations recourant aux énergies vertes (Aggartala en Inde, l'Ile d'Eigg au Royaume Unis, les datacenters d'Apple aux Etats-unis et ceux de Google en Finlande). La France veut-elle être résolument à la traîne ?
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