Auteur
Le site Connaissance des Energies est dédié au décryptage de toutes les énergies et donne accès à des informations neutres et claires.Il a été lancé à l'initiative de la Fondation d'entreprise
du Groupe...
Le pétrole dans la bataille du D-Day : l'oléoduc PLUTO
vendredi 06 juin 2014
Le rôle de l'énergie dans la conduite des guerres est essentiel. La préparation du débarquement du 6 juin 1944 a eu un volet énergétique décisif et mal connu, notamment avec l'oléoduc sous-marin PLUTO.
Lire l'interview complète sur Connaissance des Energies.
Extrait
(En 1939, l'accès au pétrole était à 98% contrôlé par les Anglo-Saxons. L'Axe Berlin-Rome-Tokyo va passer son temps à compter ses réserves et à essayer de mettre la main sur des ressources supplémentaires par la guerre.Le Reich met la main en 1940 sur les champs de pétrole de Ploiesti, en Roumanie, et lance des filières de gazéification du charbon, notamment avec le brevetFischer-Tropsch).
Le pétrole modifie le cours de la guerre en 1944, sous l'action de deux facteurs :
- à partir de mai 1944, les Américains qui ont identifié le talon d'Achille de l'économie allemande lancent un bombardement systématique de la vingtaine d'usines de liquéfaction du charbon. Ils en ont les moyens militaires avec l'apparition du couple Forteresse Volante/Mustang, ce dernier étant doté de bidons d'essence largables ;
- au mois d'août 1944, l'Union Soviétique déclenche son offensive foudroyante en Roumanie qui va faire perdre à l'Allemagne les pétroles de Ploiesti en septembre 1944. A partir de cette période, le Reich est condamné à vivre misérablement des réserves qu'il a accumulées. Ces réserves ne sont pas renouvelées et vont donc progressivement s'éteindre.
Puis le Débarquement permet le déploiement d'oléoducs sous la Manche. C'est un coup de génie de l'ingénierie pétrolière britannique : ce sont l'Anglo-Irakian et l'Anglo-Iranian Oil Company qui en sont à l'origine. L'opération de l'oléoduc PLUTO est née bien avant le Débarquement : dès 1942, les Anglais envisagent un ravitaillement pétrolier par oléoduc sous-marin.
Ils emploient alors une technologie de câbles de télécommunications sous-marins mais se rendent compte que ceux-ci sont beaucoup trop lourds au kilomètre et consomment trop de plomb. Ils inventent donc une 2e technologie de tube acier souple qui va être la norme après la Seconde Guerre mondiale. Aux deux extrémités de l'oléoduc, dans sa partie la plus souple, des câbles de télécommunications sont posés tandis que le tube acier plutôt souple est utilisé au milieu de l'oléoduc, au fond de l'eau.
Le premier des oléoducs est posé entre l'île de Wight et Cherbourg, d'autres suivant jusque début 1945. La pose elle-même commence quelques jours après le Débarquement. La station de pompage secrète de l'île de Wight est déjà construite. Le système de mise sous pression (pression constante de 7 bar) est déjà en place, les tubes sont construits, les navires de pose sont prêts. On attend que le port de Cherbourg soit libéré et que la zone soit entièrement sécurisée, c'est-à-dire débarrassée des sous-marins et des mines dérivantes.
Le débit de ces oléoducs est néanmoins insuffisant après le Débarquement pour ravitailler les énormes besoins des armées anglo-américaines qui sont les seules au monde à être mécanisées à 100%. Les Américains sont obligés de se ravitailler en partie par avion, des centaines d'appareils en permanence amenant du bidon de 200 litres de fioul vers la France. C'est seulement en mars 1945 que les oléoducs posés sous la Manche en nombre suffisant permettent à l'avancée anglo-américaine vers le coeur de l'Allemagne de se passer du transport aérien.
Certains oléoducs (prénommés PLUTO, BAMBI, DUMBO, etc.) sont restés en service bien au-delà de la Seconde guerre mondiale jusqu'au début des années 1970.
Plus d'actualités
-
18/12/15
Pétrole : quelle évolution en 2016 ?
-
01/10/15
Nigéria : d'immenses réserves pétrolières, une production faible
-
24/08/15
Le gaz naturel liquéfié en Europe : un atout face au gaz russe
-
04/06/15
Gaz : l'Europe compte sur l'Algérie
-
02/06/15
Pétroles non conventionnels : coupes drastiques dans les investissements