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Et si l'Europe de l'énergie était en route, silencieusement ...
mercredi 04 avril 2012
L'Europe, prise dans son ensemble, a un mix électrique extrêmement varié. Pourquoi ne pas tout partager : nucléaire, renouvelables, fossiles... D'ailleurs, cela se fait déjà sous l'effet du marché unique de l'électricité !
C'est un graphique, fourni par RTE dans son rapport annuel, qui en dit le plus sur ce que pourrait être une Europe de l'électricité.
Q
Que signifie-t-il ?
L'Allemagne a considérablement développé son parc éolien (courbe en vert foncé). Si l'on cumule cette production éolienne avec celle du solaire (courbe en vert clair), on constate que sur une semaine de beau temps et un peu ventée en septembre, il y a une pointe marquée et régulière à la mi-journée (quand le soleil est le plus haut). Les barres en marron indiquent le solde des échanges à la frontière franco-allemande selon les heures de la journée (en bas, importations vers la France, en haut, exportations vers l'Allemagne).
C'est clair ! Quand les renouvelables allemands donnent à plein, la France importe de l'électricité. Quand le soleil faiblit, la France exporte son électricité nucléaire qui pulse jour et nuit, avec constance.
Bien sûr, il faut pour cela qu'il y ait des réseaux de transport de haute tension suffisamment importants pour drainer l'électricité des champs éoliens offshore ou des parcs solaires et pour lui faire traverser la frontière avec la France... C'est une évolution qui peut un jour rendre possible une « Europe de l'électricité », qui verrait pas exemple la France « partager » son nucléaire. Comme l'avait souligné Claude Mandil à la chaîne Energie , le nucléaire est 75% de la consommation français, mais 20 à 30% de la consommation européenne.
Des échanges générés par le marché
Le graphique de RTE illustre l'évolution des échanges d'électricité entre deux pays européens. Au fil des années, les réseaux nationaux ont multiplié leurs contacts notamment via le centre de coordination technique européen à Bruxelles, CORESO.
Dominique Maillard, le président du réseau français de transport de l'électricité (RTE), a expliqué la nouvelle logique des échanges : « Le temps n'est plus où l'on pouvait considérer que l'importation était un signe de pénurie du pays importateur. C'est le différentiel de prix sur les deux marchés qui guide les échanges. L'existence d'échanges électriques traduit d'abord une réalité économique et commerciale.
«La production éolienne et photovoltaïque, poursuit-il, occasionne souvent des pics de production en Allemagne et conduit même parfois à des périodes de prix négatifs ! L'Allemagne n'aura alors aucune difficulté à exporter son électricité qui sera utilisée de façon optimale. Les échanges, outre leur rôle historique de solidarité entre réseaux de transport d'électricité, concourent maintenant à une meilleure optimisation des moyens de production au sein de l'Europe ».
La France est structurellement exportatrice d'électricité, tout en recourant à des importations lors du passage des pointes qui sont liées chez nous aux pointes de froid.
Le rôle d'EPEX SPOT
Ces échanges instantanés, selon les prix, sont rendus possibles grâce à EPEX SPOT, la bourse d'électricité née en septembre 2008 d'une fusion à part égales entre EEX et Powernext, les bourses de l'énergie allemande et française. Après deux ans de travail, EPEX SPOT est devenue la plus importante bourse européenne du marché de gros de l'électricité, dit « spot », c'est-à-dire traitant les échanges de court terme, d'un jour sur l'autre principalement. Il ne concerne pas les accords de long terme que les gros consommateurs industriels passent avec les producteurs pour s'assurer une visibilité du prix d'approvisionnement jusqu'à 6 ans.
Avec le couplage des marchés, les gestionnaires de réseau de transport calculent les capacités disponibles après avoir satisfait leur marché national. Ces calculs sont ensuite intégrés dans le carnet d'ordres des bourses où l'on confronte l'offre plus large possible avec les demandes, ce qui détermine un prix. Un niveau moyen s'est établi autour de 50 euros le MWh. Mais des écarts ponctuels peuvent être considérables. Quand les éoliennes allemandes tournent à plein, le kWh allemand peut tomber vers 0 et même en dessous.... Quand les pics de consommation ont battu leurs records en février, il y a eu des pointes à près de 2000 euros pendant une heure....
Le directeur général d'EPEX SPOT , Jean-François Conil-Lacoste , souligne que « l'accident de Fukushima le 15 mars 2011, et la brusque décision allemande de fermer huit centrales a retiré du marché une grosse part de production qu'il a fallu remplacer ». « On aurait pu penser que cela allait susciter beaucoup de volatilité dans les marchés. Tel n'a pas été le cas. Le fait que le marché est de plus en plus intégré a beaucoup amorti le choc de la décision allemande », estime-t-il devant Paris-Berlin.
Si on représentait les deux courbes avec la MEME ECHELLE, on verrait que les échanges correspondent à l'épaisseur du trait et "l'évidence" serait autre.
Chiche que vous le faites ?
Ca donne l'impression que l'intermittence allemande est entièrement compensée par les échanges avec la France, alors que le volume des échanges s'établit à moins de 1/10 de la production éolienne et photovoltaïque allemande (1500-2500 MW vs. 10.000-25.000 MW).
Copie à revoir!
Des échanges massifs longue distance demandent une pléthore de lignes dont personne ne veut.