Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
European Energy Review est un portail en anglais publié depuis les Pays-Bas et consacré aux questions de l'énergie. Rédacteur en chef : Karel Beckman. Correspondant à Paris : Yves de Saint Jacob.   

Energiewende : comment relancer la transition énergétique allemande


mercredi 25 avril 2012

La marche forcée de l'Allemagne vers un nouveau paysage énergétique ouvre des perspectives considérables. Mais elle présente aussi une série de haies à franchir et beaucoup s'inquiètent des hésitations du gouvernement d'Angela Merkel.


L'Allemagne s'est engagée dans un formidable défi énergétique, les grandes entreprises sont très partantes, mais il y a des difficultés qui doivent être surmontées par le gouvernement d'Angela Merckel : la régorganisation du réseau électrique, le stockage de l'électricité, les économies d'énergies, les politiques publiques de soutien.

Or, après un départ tonitruant dans la foulée de Fukushima, le gouvernement de Berlin hésite, est tiraillé par des désaccords internes. Conséquence : la transition énergétique - L'Energiewende - patine, tout le monde s'impatiente et réclame à la Chancelière un plan de pilotage cohérent.

C'est l'analyse de Paul Hockenos, dans European Energy Review (lire l'analyse complète en anglais), qui cite cette parole du dirigeant écologiste Jürgen Trittin : « Il ne suffit pas de sortir du modèle ancien, il faut entrer dans le nouveau ». Certains voient dans cet « Energiewende » un défi aussi important que fut autrefois celui de la réunification allemande.

Selon l'auteur, il y a eu un démarrage encourageant puisque l'Allemagne a fait face sans difficulté à la vague de froid de février grâce à ses éoliennes et ses parcs solaires et a même pu exporter de l'électricité vers la France lors des pointes de consommation. Les émissions de gaz à effet de serre ont même décru de 2,1 % en 2011, en raison du temps globalement doux et du ralentissement économique.

« Le gouvernement aurait pu construire sur ces circonstances favorables. Mais après une vague de nouvelles législations en 2011, la transition énergétique tant vantée a stagné et, pour beaucoup d'observateurs, a même déraillé . Personne ne met en question les objectifs de l'Energiewende , mais beaucoup s'interrogent sur la façon dont le gouvernement va les atteindre », souligne Paul Hockenos. Les « 4 grands » ( RWE, Eon, Vattenfall et ENBW) veulent « de plus en plus bondir sur le marché des renouvelables mais sont de plus en plus frustrés du pas ralenti de la transition, résultat de rivalités internes au sein de la coalition ».

Les Länder, qui sont des acteurs actifs de la transition énergétique car ils y voient de nouvelles industries, donc des emplois et des revenus fiscaux, reprochent au gouvernement fédéral d'avoir coupé dans les subventions au solaire. Une autre pomme de discorde avec les länder, note Paul Hockenos, est de savoir qui doit payer pour les incitations aux économiques et à l'efficacité énergétique.

Quatre chantiers considérables apparaissent sur la feuille de route du gouvernement et plaident pour ce plan de pilotage tant réclamé :

Le réseau électrique.
En 2011, Berlin a fait passer une loi qui donne plus de pouvoirs au gouvernement central (et moins aux länder) pour accélérer l'expansion du réseau. Car si l'Allemagne double sa production de renouvelables d'ici 2020,il lui faut poser 3600 kilomètres de nouvelles lignes à haute tension. Selon une étude de Trendresearch, cela représente d'ici 2020 quelque 6,1 milliards d'euros pour le réseau inter-régional et quelque 16,8 milliards dans la distribution locale. Et d'ici 2030, les chiffres passent respectivement à 10.5 milliards et 29 milliards.

Stockage d'électricité

De nouvelles capacités sont nécessaires pour résoudre l'irrégularité des sources d'énergies renouvelables. Aujourd'hui, le meilleur moyen, et le moins cher, est de remonter l'eau dans les lacs de retenue des barrages hydro-électriques. Mais l'expansion de ce système dépend de la géographie et le seul projet en cours en Forêt noire a fait descendre les populations dans la rue. Il faut donc développer toutes les nouvelles méthodes possibles, utilisant notamment l'hydrogène ou les technologies thermo-solaires. « On fait comme si tout cela pouvait être réglé avant vendredi prochain, alors qu'il faut un développement sur des décennies », note un expert.

Efficacité énergétique
Malgré les efforts déjà accomplis, 40% de l'énergie consommée par les Allemands est destinée au chauffage des maisons. Les 400 millions d'euros de subventions prévus par le gouvernement sont jugés faibles. Pour atteindre l'objectif de rénovation de 2 à 3% de logements par an, il faut investir 3 à 4 milliards d'euros, voire 5, selon les experts.

Aide publique au marché
L'initiative la plus importante du gouvernement a été l'introduction du « market premium ». Très combattue au départ par les mouvements environnementaux, le « premium » est payé aux producteurs d'énergies renouvelables qui commercialisent eux-mêmes leur électricité -selon l'état de l'offre et de la demande. Le système se substitue à celui qui consistait à fixer un tarif de rachat de l'électricité. Mais ce système n'a pas fait vraiment baisser le prix de l'électricité renouvelable et beaucoup d'observateurs pensent que tout le système de soutien doit être revu.



Réagissez à cet article
 (2) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par un physicien
jeudi 26 avril 2012 16:56
Eh oui, quand on dépasse un tant soit peu le stade du discours, qu'on essaie de quantifier, on se heurte à la réalité : Il n'y a que le charbon ou le gaz pour remplacer le nucléaire. Les "énergies renouvelables" ne sont que des ruineux gadgets.(c'est déjà acté pour le photovoltaïque)
[2]
Commentaire par Hervé
jeudi 26 avril 2012 19:00
@Physicien
Lorsque vous utilisez déjà du charbon et du gaz, il reste intéressant de mettre un peu d'éolien. ça permets d'économiser du combustible quand le vent souffle. Concernant le solaire, pour le moment, ce n’est effectivement pas l'Amérique...

Avec le nucléaire, c'est différent, le prix étant lié pour l'essentiel à des frais fixes, arrêter une centrale lorsque le vent souffle fait économiser très peu (beaucoup moins que le prix d'achat, même avec la CSPE déduite). D'ou le fait que EDF traîne beaucoup plus les pieds lorsque il s'agit de développer ce mode de production que Eon...

A la lecture de ce document, il est par ailleurs intéressant d'apprendre que la production solaire allemande a lieu à 19h les soirées d'hiver lors des pointes de consommation, alors même lorsque le soleil est couché. Soit j'ai raté quelque chose, soit l'auteur s'est un peu "emballé" dans sa déclaration.

En Allemagne le plus facile a déjà été fait. La poursuite de cette « transistion » aura de lourdes conséquences tant sur la facture que sur les paysages et les habitudes de consommation. Si les usagers savaient tout ce qu'elle implique, il y aurait beaucoup moins de monde qui la défende... Mais chut… les ENR c’est merveilleux…
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !