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Fondé en 1999, avec 300 consultants, le cabinet de conseil en management Sia Partners (initialement SIA-Conseil) est présent en France, Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, au Maroc et à Dubai. Il a...

La précarité énergétique est en hausse


vendredi 17 mai 2013

La dette moyenne des consommateurs qui n'arrivent plus à payer leurs factures était de 1 200 euros il y a 3 ou 4 ans. Elle avoisine aujourd'hui les 2 000 euros.


Denis Merville, médiateur national de l'énergie,a deux fonctions essentielles : informer les consommateurs sur le nouveau contexte qui est établi depuis l'ouverture des marchés de l'énergie et proposer des solutions aux litiges entre les opérateurs et les consommateurs.Il est aussi membre permanent de l'Observatoire National de la Précarité Energétique.

Sabine Bardaune et Sandy Melamed, de SIA-Partners, l'ont interviewé. Extraits:

Denis Merville : Nous observons une augmentation de la précarité énergétique, car aujourd'hui presque 20% des sollicitations que nous recevons concernent des consommateurs qui éprouvent des difficultés à payer leur facture d'énergie. D'autre part, nous voyons que leur dette moyenne, qui était de 1 200 euros il y a 3 ou 4 ans, avoisine aujourd'hui les 2 000 euros. Les dettes sont donc en augmentation. Il faut essayer de trouver des solutions à ces situations de plus en plus difficiles.

Sia Partners : Que pensez-vous des mesures actuelles de lutte contre la précarité énergétique ?

D.M. : Nous avons beaucoup travaillé sur les tarifs sociaux. Il existe le tarif de première nécessité pour l'électricité depuis 2004 et le tarif spécial de solidarité pour le gaz depuis 2008. Comme ces mesures sont relativement récentes, elles sont perfectibles. J'ai par exemple fait valoir que la réduction était la même que vous soyez ou non chauffés à l'électricité, or la facture est bien plus élevée pour les foyers équipés de chauffages électriques. D'autre part, les démarches étaient assez complexes pour les personnes en situation de précarité afin de bénéficier de ces aides. Grâce à la loi NOME, il y a maintenant une automatisation de l'attribution de ces tarifs sociaux. Cela s'améliore, même s'il y a encore un écart entre les bénéficiaires et les ayant-droits.

Sia Partners : La précarité énergétique risque d'augmenter avec la hausse prévue par la CRE de 30% des tarifs de l'électricité sur les 5 prochaines années. Comment pensez-vous que les mesures actuelles puissent faire face à cette augmentation de la précarité énergétique ?

D.M. : Il est certain qu'avec la hausse des prix de l'énergie actuelle et dans les années à venir, ainsi qu'avec la situation économique et sociale dégradée que nous connaissons, de plus en plus de nos concitoyens auront des difficultés à payer leur facture d'énergie, or c'est un besoin essentiel. Nous avons donc proposé d'élargir les tarifs sociaux ou de proposer un chèque énergie.

Sia Partners : Pourriez-vous nous détailler votre vision du chèque énergie ?

D.M. : Nous avions participé au groupe de travail mis en place par l'ancien gouvernement sur l'efficacité énergétique et la sobriété énergétique. Nous y avions fait cette proposition du « chèque énergie ». L'idée est de pouvoir attribuer un chèque énergie aux foyers en situation de précarité énergétique afin qu'ils puissent payer leurs dépenses en énergie par ce biais. Le montant serait calculé en fonction de la taille du logement, de la composition de la famille et de la région dans laquelle elle vit. La facture est en effet moins élevée si vous êtes dans le Sud que dans le Nord de la France. Ce principe de chèque permet également d'en faire bénéficier des personnes qui se chauffent au fioul ; il y en a en effet un certain nombre en France, notamment dans les zones rurales. Nous pensons également que ce chèque pourrait être versé par les Caisses d'Allocations Familiales comme complément aux bénéficiaires de l'allocation logement.

Sia Partners : Pourquoi ce chèque énergie n'a pas été instauré ? On en a beaucoup entendu parler en 2011, puis il est revenu au devant de la scène en 2012 à la suite de la conférence environnementale, pourtant sa mise en place n'a jamais eu lieu.

D.M. : Une proposition a été déposée par le député François Brottes. Elle concerne la tarification progressive de l'énergie, c'est l'un ou l'autre. Toutefois, nous constatons que la tarification progressive est complexe parce qu'elle veut à la fois concilier le social et l'environnemental. Les débats sont toujours en cours au Parlement, et son application ne sera possible que dans 2 ou 3 ans [ndlr : le bonus-malus a depuis été adopté par le Parlement le 11/03/13]. Nous pensons ainsi que le chèque énergie est un moyen de remédier plus vite aux difficultés rencontrées par un certain nombre de Français.


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5 commentaire(s)
[1]
Commentaire par BRUTUS
vendredi 17 mai 2013 20:14
Les ménages en difficultés sont en nette augmentation de puis l'arrivée de Hollande àl'Elysée le 6 mai 2012. C'est l'austérité qui gagne de plus en plus la France avec les socialistes. Vivement 2017.
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Commentaire par nucléaire = Madoff x 100
samedi 18 mai 2013 15:20
La France n'est pas une démocratie, c'est une Atom'Cratie qui légalise 2 escroquerie en face desquelles Madoff est un amateur: 1° le nucléaire a imposé les chauffages "grilles pains" ce qui augmente la précarité de millions de pauvres qui ne peuvent plus payer leurs factures d'électricité en hiver. 2° L'industrie nucléaire roule sans assurance alors qu'il faudrait provisionner entre 400 et 5000 milliards d'euros pour faire face à une catastrophe atomique.
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Commentaire par Francky Vincent
mardi 21 mai 2013 11:17
" [ndlr : le bonus-malus a depuis été adopté par le Parlement le 11/03/13]" Mais il a été retoqué par le Conseil Constitutionnel. Pas très à jour tout ça...
[4]
Commentaire par Hervé
mardi 21 mai 2013 20:11
Jusque a maintenant, la hausse de l?énergie n'est pas en rapport avec l'électricité dont le prix est resté relativement stable jusque à maintenant . Mais ça risque de changer, suite aux politiques et mauvaises décisions engagées depuis quelques années.
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Commentaire par krakowski
mercredi 05 juin 2013 08:44
Concernant la tarification progressive de l'énergie, la proposition de loi a été censurée par le conseil constitutionnel le 11 avril 2013.
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