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Auteur
Abdoulkarim Ahmoud est Ingénieur Energéticien diplômé de l'Ecole des Mines de Paris et de l'Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et d'Aérotechnique. Il intervient aujourd'hui à la R&D d’EDF dans...

Le Sahara, gigantesque ferme solaire : une utopie?


mardi 09 juin 2009

Des capteurs solaires sur un vingtième de la surface du Sahara fourniraient assez d'électricité pour approvisionner le monde entier. Le problème est d'exporter cette énergie à un coût raisonnable...


Dans la quête aux nouvelles sources d’énergie durables et renouvelables pour satisfaire la demande mondiale, de plus en plus de voies sont explorées. Terre, mer, air et espace sont des cadres  de réflexions autour de la valorisation énergétique : récupération de l’énergie générée par le mouvement des vagues, construction de centrales solaires  dans l’espace pour s’affranchir du problème de l’intermittence, et encore bien d’autres idées qui fleurissent.
 
Parmi elles, l’implantation de centrales solaires en plein désert.

Les déserts, en général très faiblement peuplés, présentent  déjà l’avantage de la disponibilité de l’espace. Ensuite certains déserts comme le Sahara sont de véritables oasis d’énergie du fait d’un ensoleillement direct fort (1)  et quasi-permanent (3000-3500 heures d’ensoleillement par an contre 1500 h à Paris). D’autre part, les technologies solaires –photovoltaïque et solaire à concentration- ont atteint aujourd’hui une maturité suffisante pour envisager le déploiement de grandes fermes solaires sur les sites répertoriés comme étant les plus favorables (cf. fig 1).

               
               
  
Fig1.Zones les plus
favorables
à l'utilisation de l'énergie
solaire concentrée
(solaire thermodynamique)
(Stine et Geyer, 2001)













Des champs de capteurs solaires cylindro-paraboliques implantés sur 1/20 de la surface du Sahara (2) suffiraient pour couvrir la consommation mondiale d’électricité qui est  d’environ 18.000 TWh/an. Fort de ce constat, le réseau TREC (Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation), en collaboration avec le centre aérospatiale allemand (DLR) dans le cadre du Projet DESERTEC, mène depuis quelques années des études dans le but d’évaluer la faisabilité d’un concept visant à produire de l’électricité et de l’eau douce au moyen de centrales solaires à concentration implantées dans le Sahara. L’idée est de produire de l’eau douce par  des procédés de dessalement de l’eau de mer (par distillation ou par membrane) qui utilisent une part de l’électricité ou de la chaleur produite par l’installation solaire. 
Le projet vise, d’une part, à donner des perspectives de développement pour ces pays du Sahara et d’autre part à exporter une part de  l’électricité produite pour satisfaire la demande européenne en énergie verte.

Comme souvent, le coût d’un tel projet est le principal frein à son accomplissement. Le transport de l’électricité sur de longues distances devra se faire en courant continu haute tension  mais le coût de cette technologie reste  très élevé (environ 500M€/1000km pour une ligne CCHT de 2GW).

Néanmoins, cet obstacle du coût n’empêche pas que d’autres initiatives européennes prévoient le même type de valorisation du solaire. Ainsi le Plan solaire Méditerranéen  envisage jusqu’à 20 GW de production solaire sur le pourtour méditerranéen d’ici 2020.

Valoriser ce potentiel d’énergie inépuisable des déserts nécessitera aussi la mise en place de mécanismes d’incitation et d’instruments promotionnels (tarifs de rachats, certificats verts) pour rendre ces investissements concurrentiels. Les tarifs de rachat garantissent un tarif fixe de rachat de la production d’électricité d’origine renouvelable qui permet à l’investisseur de rentrer dans ses coûts. Les certificats verts sont aussi un moyen de promouvoir les énergies renouvelables : un producteur d’énergie renouvelable se voit attribuer des certificats verts qu’il peut par la suite valoriser au sein d’un marché dédié.

Ce sont des mécanismes bien connus qui ont déjà prouvé leur efficacité depuis quelques années dans le contexte européen et qui permettraient d’ajouter de la valeur à l’investissement dans le solaire saharien.

Notes
(1)  Récemment des relevées effectuées par la NASA entre 1983 et 2005 placent la région d’Agadem (Niger) au second rang des zones recevant le plus d’ensoleillement au cours de l’année avec en moyenne 6.78Kwh/m²/jour.
(2) Données de calculs : rendement annuel net de conversion solaire-électrique=20%, intensité moyenne du rayonnement direct=2Twh/km²/an


Ci dessous, une figure du projet DESERTEC montrant comment les gisements d'énergie de l'Europe et de la région Méditerranéenne pourraient être mis en commun au sein d'un meme ensemble:

(Photo : Sylvaine Thomas - Fotolia)

  
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Olivier
vendredi 19 juin 2009 00:34
“DESERTEC : Pourquoi aller chercher loin quand on a ce qu’il faut à la maison ?” - Association EuroSolar
http://www.electron-economy.org/article-32814678.html

Pomper l’électricité solaire africaine vers l’Europe alors que plus de 594 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité ? NON MERCI
http://www.electron-economy.org/article-32777573.html

[2]
Commentaire par jean pierre
mardi 14 juillet 2009 11:45
si la surfaçe des désserts représente une énergie solaire importante;
il est à remarquer que l'on est dans le cas présent sur le périmétre
le choix tehnique du solaire à concentration utilise un cycle therhmodynamique donc la neccéssité d'une sourçe froide, en l'occurence l'océan où un fleuve
enfin le tour du périmètre cela fait beaucoup de km de lignes électrique
il doit y avoir une raison de ne pas utiliser des systèmes passifs comme une concentration de PV
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Abdoulkarim Ahmoud est Ingénieur Energéticien diplômé de l'Ecole des Mines de Paris et de l'Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et d'Aérotechnique. Il intervient aujourd'hui à la R&D d’EDF dans...

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