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Fondé en 1999, avec 300 consultants, le cabinet de conseil en management Sia Partners (initialement SIA-Conseil) est présent en France, Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, au Maroc et à Dubai. Il a...

Gaz de schiste : potentiellement 100.000 emplois créés d'ici 2020 en France


lundi 01 octobre 2012

Une étude de SIA-Conseil estime que l'exploitation du gaz de schiste permettrait de créer 100.000 emplois d'ici 2020.


Voir le site de SIA-Conseil

En 2010, la France a consommé 48,2 milliards de mètres cube de gaz pour une production de seulement 750 millions et avec des réserves d'à peine 6,8 milliards de mètres cube. La France est donc fortement dépendante de ses importations gazières.

Néanmoins, si jusque-là, l'hexagone n'était pas particulièrement gâté en termes de ressources énergétiques, ne bénéficiant d'aucune alternative plausible aux importations massives, la donne semble avoir changé depuis la découverte de réserves de gaz non conventionnel (GNC). Ainsi, l'Agence Américaine d'Information Energétique (EIA) estime à 18 000 milliards les réserves de GNC récupérables en Europe, soit 25 fois la production européenne annuelle, dont 5100 milliards de mètres cube en France.

Notre démarche a consisté à estimer le potentiel d'emplois créés par l'exploitation de ces ressources. Pour cela, nous avons retenu une série d'hypothèses extrêmement prudentes voire conservatrices.

1. Des hypothèses conservatrices

Tout d'abord, nous nous sommes basés sur les trois concessions (Montélimar, Nant, Villeneuve de Berg) pour lesquelles des permis de recherche ont été accordés puis retirés en juillet 2011. Leurs ressources représentent 500 milliards de mètres cube, soit 10% des capacités estimées de la France.

Dans cette approche conservatrice, deux contraintes ont été prises en compte :

*  L'exploitation des concessions est très mal acceptée. Seul 20% de la concession de recherche est effectivement exploitable (les zones naturelles et urbaines ont été exclues).

*  Les permis de forage délivrés et la disponibilité du matériel sont faibles. Le nombre de forages par concession ne peut pas excéder 30 forages de puits par an. Pour mémoire, aux Etats-Unis, certaines zones comportent plusieurs milliers de puits.

Après avoir déterminé le profil de production d'un puits type, nous avons ensuite appliqué les niveaux d'emploi observés aux Etats-Unis sur les deux périodes de vie d'un puits : sur les trois premières années (forage), 13 personnes par puits sont nécessaires ; sur les vingt années suivantes (exploitation), il suffit de 0,18 personnes par puits. Les emplois indirects et induits représentent 1,52 emploi par puits. Nous avons retraité cette moyenne américaine des horaires de travail en France (2080 heures annuelles aux Etats-Unis contre 1650 en France, soit un facteur de 1,26).

2. 100 000 emplois d'ici 2020 en hypothèse basse.


Les trois concessions ainsi exploitées créeraient donc 4000 emplois directs, dits «industriels » et 6000 emplois indirects et induits, soit 10 000 emplois d'ici 2020. Ces emplois indirects et induits ne comportent pas les emplois créés par la filière amont ou aval (chimie, raccordements de l'eau...) mais seulement les emplois directement liés à l'exploitation.

Généralisées à la totalité des ressources françaises, ces exploitations créeraient 100 000 emplois d'ici 2020 dont 40 000 emplois industriels directs, dans une hypothèse maintenant les conditions d'exploitation retenues.

Une approche plus audacieuse portant à 40% la surface exploitée par concession et à 80 le nombre de puits forés et exploités, créerait plus du double d'emplois d'ici 2020, mais nous ne travaillons pas sur cette hypothèse à ce stade.

3. Quelle politique industrielle ?

Cette exploitation aurait un impact très fort sur l'indépendance gazière de la France, sur le coût du gaz qu'utilisent les entreprises, donc sur la compétitivité de notre pays. En effet, l'exploitation maitrisée et raisonnable de seulement 10% des réserves récupérables de GNC du pays pourrait contribuer à 5% de ses besoins en gaz. Elle permettrait aussi de créer une nouvelle filière industrielle créant des emplois industriels (équipement, tubes, routes...) dont l'ampleur est à ce jour impossible à chiffrer.

Notre analyse prend en compte les facteurs environnementaux, notamment en limitant le périmètre d'exploitation, afin de répondre aux arguments des défenseurs de l'environnement. En tout état de cause, l'importance des emplois créés et la dynamique de réindustrialisation induite devraient peser dans un débat qui aujourd'hui ne peut être tranché que par le politique, dans une vision responsable de l'avenir de notre économie.

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6 commentaire(s)
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Commentaire par EELV_Sim
lundi 01 octobre 2012 17:33
C'est une règle de trois qui permet de dire que 10% de gaz exploité donne 10 000 emplois et donc que 100% en créent 100 000... ?
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Commentaire par isa_jouarre
lundi 01 octobre 2012 23:36
100.000, chiffre magique, bien loin de la réalité ! ! ! Le MSETC ( centre de formation de la Marcellus Shale) en 2010, a produit un rapport qui indique que le forage d?un puits nécessite 13 emplois équivalent temps plein. Une fois en exploitation, il faut 18 emplois ETP pour 100 puits. Avec 30 forages par an, la première année on aura donc 390 emplois; la deuxième année on aura 390 pour la mise en production de 30 puits supplémentaires et 6 emplois pour gérer les 30 premiers puits. Bref on n'est toujours pas à 1000 emplois au bout de deux ans. Il faut attendre la troisième année pour arriver à un peu plus de mille emplois. Je vous épargne la suite du raisonnement. On risque de ne jamais arriver au 100.000 emplois, les premiers puits seront fermés quand les derniers puits seront mis en production.
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Commentaire par Ben
mardi 02 octobre 2012 13:34
100 000 emplois pipeau ! Je rejoins les 2 précédents commentaires d'isa_jouarre et EELV_Sim. Le seul moyen de résorber le chômage ce n'est pas la "croissance" en trompe-l??il, mais le partage du travail.
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Commentaire par irisyak
mardi 02 octobre 2012 15:42
Il faut ajouter la dégradation de l'emploi par les différentes pollutions. Ce serait trop beau! http://greengrowing.over-blog.com
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Commentaire par Didier-S
jeudi 18 octobre 2012 21:42
Pour préciser la remarque d'Isabelle, de Jouarre : Voir l'analyse critique de l'étude de SIA, et de son erreur de calcul sur : http://www.stopgazviganais.org/index.php?option=com_content&view=article&id=221:la-fable-des-100000-emplois-du-gaz-de-schiste&catid=107&Itemid=506
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Commentaire par Lévy F
lundi 03 décembre 2012 22:00
et dans 25 ans, quand il n y aura plus de gaz de schiste, qu est ce qu on fait ? On attend quelques siècles pour espérer que les nappes phréatiques ne soient plus contaminées ? et d ici là, on prie pour que le CO2 dégagé n ait pas trop d impact ? La seule solution crédible à terme est de développer massivement les énergies renouvelables et les moyens de stockage associés (STEP, hydrogène...), et de réduire notre consommation, notamment par l isolation des bâtiments
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