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Fracturation hydraulique : bien maîtrisée, la technique est fiable


mardi 11 décembre 2012

La fracturation hydraulique et les forages horizontaux sont utilisés depuis longtemps dans plusieurs secteurs. L'enjeu est de bien les utiliser pour une bonne exploitation des gaz de schiste.


Bernard Tardieu est Président de la Commission Énergie et Changement climatique de l'Académie des Technologies. Il est   Président d'honneur de Coyne et Bellier, groupe GDF Suez. Il publie cette tribune sur le portail "Connaissance des Energies".

C'est la mauvaise utilisation de technologies pourtant éprouvées comme les forages dirigés et la fracturation hydraulique qui a provoqué des dommages environnementaux inutiles. Ces techniques bien maîtrisées peuvent permettre d'augmenter nos ressources et notre indépendance énergétique. Il serait imprévoyant de ne pas les évaluer.

Le gaz de schiste est du gaz naturel, c'est-à-dire du méthane. Le méthane est l'hydrocarbure le plus simple (CH4), celui qui contient le moins de carbone comparé au butane (C4H10), au propane (C3H8), au pétrole, au fuel lourd. Il émet donc le moins de CO2 par quantité d'énergie produite. La technologie de la fracturation hydraulique, utilisée pour exploiter des roches peu poreuses, consiste à injecter un fluide sous pression dans un forage réalisé à environ 3 000 mètres de profondeur dans la couche de roche-mère. Si la pression du fluide est supérieure à la pression dans la roche, la roche-mère se fissure. Cette technique n'est pas nouvelle, elle est également utilisée dans l'exploitation de l'eau, de la géothermie, du pétrole et dans les mesures de contraintes dans la roche, par exemple pour les tunnels. Pour que le gaz soit libéré de la roche-mère, les fissures sont maintenues ouvertes par injection de sable fin ou de poudres diverses. Le sable est transporté par l'eau grâce à des additifs (0,5 %), gélifiants ou lubrifiants. Pour réduire le nombre de forages et l'emprise au sol, les forages, d'abord verticaux, sont ensuite horizontaux une fois la couche géologique atteinte. Ces techniques sont très utilisées par les pétroliers, en particulier en offshore.

L'exploitation des gaz de schiste a vraiment commencé aux États-Unis en 2005 et s'est développée très rapidement jusqu'à satisfaire la totalité de ses besoins et 20 % de sa consommation énergétique globale, à un prix actuellement autour de 3 $ / MBTU (soit l'équivalent de 20 $/baril de pétrole) alors que ce prix est d'environ 12 $/MBTU en Europe et 17 $ / MBTU au Japon. L'US Energy Information Administration estime qu'il existe un potentiel semblable en France, au Royaume-Uni, en Pologne, en Scandinavie.

En France, le bassin parisien pourrait offrir du pétrole à partir de roches-mères datées du Jurassique et qui encadrent la couche déjà exploitée de manière conventionnelle pour le pétrole. Les Cévennes pourraient offrir du gaz entre 2 000 mètres et 5 000 mètres de profondeur. Les forages profonds « orientés » doivent être réalisés très soigneusement et sous contrôle. L'eau d'injection ne doit utiliser que des produits autorisés et celle qui ressort du forage doit être traitée. Aux États-Unis, ces règles de base n'ont pas toujours été appliquées au début, en particulier par des indépendants travaillant sur leurs propres terrains.

Ce sont ces écarts qui expliquent et justifient les réactions de prudence dans plusieurs pays d'Europe. L'élaboration de règles strictes pour l'exploration, le forage, la mise en service et l'exploitation de ces hydrocarbures, puis le contrôle de leur application devrait permettre à la France et à l'Europe d'exploiter ces ressources énergétiques qui font partie de leur richesse. Notre avenir énergétique est incertain. Il serait inconséquent et imprudent de ne pas évaluer dès maintenant les ressources disponibles sur notre territoire national.

  
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6 commentaire(s)
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Commentaire par brmomo
mardi 11 décembre 2012 15:42
le problème principal avec ce type d exploitation ce sont les fuites de gaz je crois. j ai vu plusieurs documentaires où on voyait ces gaz de fuites mélangés aux nappes d eau potable s enflammer spontanément au robinet.il y a donc autre chose que du méthane. de quoi s agit il?

[Réponse de l'auteur]
Ce phénomène a été montré par le film gasland et repris. Ce qui s'enflamme (spontanément?), c'est le méthane, qui est le même gaz que celui de votre cuisinière (sauf si elle est alimentée par du gaz en bouteille, butane ou propane). Le méthane collecté par le forage horizontal est transporté vers la surface par un forage tubé vertical de 3000 mètres environ selon le niveau de la couche géologique exploitée. Il est très anormal que le gaz collecté sorte du tubage du tubage . C'est qu'il a été mal fait et pas contrôlé. Mais ceci n'est pas spécifique du gaz de schiste, ce serait pareil avec du gaz conventionnel. D'ailleurs économiquement c'est absurde de laisser le gaz partir n'importe où plutôt que le vendre.
[2]
Commentaire par Chelya
mardi 11 décembre 2012 16:33
Si c'est une ressource énergétique précieuse, autant la garder au lieu de brûler le capital naturel de nos enfants qui en auront besoin plus tard pour faire des engrais et des produits chimiques... On a vu le formidable héritages des mines de charbon en Lorraine et dans le Pas de Calais : dettes économique, sociale et environnementale et même des bâtiments qui s'écroule tellement le sol est fracturé... et on veut faire la même chose dans les Cévennes ?!
[3]
Commentaire par brmomo
mardi 11 décembre 2012 17:46
à L auteur . merci de votre réponse . le méthane ne fait pas de l' autocombustion en présence d oxygène de l air, d où ma question. vous semblez suggérer des trucages dans ces vidéo. ma question était sincère . dans les gaz des marais il y a des composants qui présentent cette propriété d autocombustion(feux follets) ensuite bien sûr que s il y a des fuites c est dommage(surtout pour l atmosphère) mais ce n est pas un problème simple de faire des forages à de telles profondeurs alors que le produit recherché est un gaz.
[4]
Commentaire par Hervé
mardi 11 décembre 2012 20:29
Aux USA, ils ont foré des dizaines de milliers de puits avec très peu de pépins. Je ne crois pas que ce soit pire que les méthodes conventionnelles. L'accident en mer du nord il y a quelques mois le prouve. L'énergie sans impact n'existe pas. Je souhaiterais savoir la consommation d'acier remmenée au Mwh par rapport aux autres énergies. Sachant que cet acier ne pourra pas être récupéré ni recyclé. Il est perdu définitivement.
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Commentaire par patrig k
mercredi 12 décembre 2012 11:15
[ ... notre indépendance énergétique ..//.. les ressources disponibles sur notre territoire national.] ......................Ce venant d'un cadre du groupe GDF Suez, on peut se poser la question de l'indépendance de Mestrallet Frère, ce qui serait le plus vraisemblable pour saisir et ainsi de défendre cette fuite en avant. Doha , + 4°c sont annoncés, si c'est pour se retrouver sous 2 mètres d'eau en 2060, cette vision n'est surement pas la bonne, comme pour la poudre, ll sera difficile de se passer du fossile, l'intox est telle que !
[6]
Commentaire par Hervé
mercredi 12 décembre 2012 13:37
Il est amusant de voir que selon certains, les cadres des entreprises de l?énergie sont tous des cons, ne connaissent pas leur métier, et que leur seul but est de planter leur boite sur le long terme. Par contre les Zozos très souvent sous diplômes (en technique) ou / et sans expérience dans le domaine de l?énergie ont la solution miracle et c'est eux qu'il faut écouter... Amusant...
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