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Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...

Le concept du pollueur-payeur appliqué à l'électricité


mercredi 24 février 2010

L’idée de faire payer plus cher l’électricité pour les gros consommateurs fait son chemin. Une méthode radicale qui incite aux économies d’énergie et qui est déjà appliquée en Californie et au Japon.


Pour tous les biens de consommations courants, il paraît logique d’être facturé moins cher à l’unité quand on en achète un plus grand volume. Appliquée au secteur de l’énergie, cette méthode est cependant inadaptée ; si on en croit le World Business Council for Sustainable Development publié en Avril 2009 : « le prix unitaire au kWh facturé par les opérateurs est tel qu’il peut encourager un gaspillage étant donné qu’il existe des réductions pour les consommations importantes. Typiquement, le prix unitaire au kWh diminue lorsqu’on dépasse certain niveau de consommation». Ainsi, selon le même rapport, « Inverser cette tendance augmenterait le coût de l’énergie pour des consommations plus importantes, [mais encouragerait les économies] ». Pourtant, le Japon et les Etats-Unis ont accepté de relever le défi d’inverser la tendance.

Le Japon étant une île, maîtriser la demande d’énergie est un enjeu majeur pour équilibrer le réseau et éviter les coupures. En Californie, les différentes crises énergétiques rencontrées au début des années 2000 ont poussé les différents gouverneurs à contrôler la hausse de la consommation d’électricité. Pour y parvenir, des tarifs progressifs ont été instauré sur l’électricité.

Ainsi, comme l’explique le tableau si dessous, si vous habitez à Tokyo, vous paierez un forfait fixe qui dépendra de la puissance souscrite et un prix unitaire par kWh effectivement consommé qui augmentera avec la tranche de volume consommé.









Prix progressifs de l’électricité fournie par la Tokyo Electric Power Compagny (Source : Tokyo Electric Power Corp., Avril 2008)

Les trois tranches de puissances consommées par mois sont fixes, contrairement aux Etats-Unis où les tranches évoluent tous les jours en fonction des jours chômés ou non et de la température.

Ainsi,  la California Public Utilities Comission, l’autorité de régulation locale, estime que «chaque fournisseur d’électricité doit inclure une tarification inversée pour les commerçants et les ménages résidentiels». On obtient donc la grille tarifaire suivant pour Pacific Gas & Electric (PG&E), South Carolina Electric and Gas (SCEG) et San Diego Gas and Electric (SDEG) :
 












Tarification du kWh d’électricité en Californie en fonction des tranches de consommation (Source : CEC Workshop on Rate Design, Incentives, and Market Integration juin 2008)


Reste que ce système de tarification progressive n’est possible que grâce à la mise en place d’un système de relevés en temps réel des consommations pour éviter les réclamations et les mauvais calculs des clients. C’est là que les fameux  compteurs intelligents trouvent toute leur utilité. En Californie, ils ont déjà atteint un stade de maturité. Et les résultats sont à la hauteur des investissements. La hausse de la consommation d’électricité en Californie est  beaucoup moins rapide que dans les états voisins.

Et la France dans tout ça ?

En France, le déploiement des compteurs intelligents n’est prévu au niveau national qu’à partir de 2012. Au delà de cette date, plusieurs réflexions seront à mener pour instaurer ces tarifs. Tout d’abord, cette réforme devra être prise en main par la Commission de Régulation de l’Énergie (la CRE), comme c’est le cas aux Etats-Unis, afin de ne pas fausser la concurrence. Ensuite, une modélisation économique devra être réalisée par les opérateurs pour savoir comment adapter leurs offres à cette inversion de tendance. L’étape la plus sensible sera évidemment la définition des tranches de consommation. Des tranches fixes peuvent être définies, comme au Japon. Bien que simple à mettre en œuvre, cette solution ne tient pas compte des différents usages suivant la situation géographique, l’habitat et de la saison. Une segmentation selon la région, le type de logement (collectif ou non) et la température pourra être retenue mais risque de se transformer en véritable usine à gaz ! Les étapes à franchir sont donc délicates mais cela peut valoir le coup. En France, selon les prévisions de RTE, la sécurité de l’alimentation électrique est assurée jusqu’en 2013. Au delà de cette date, certaines régions pourraient rencontrer des difficultés d’approvisionnement, notamment en période de pointe hivernale. Instaurer à cet horizon des tarifs progressifs constitue donc un axe de réflexion à amorcer pour sécuriser notre réseau et maîtriser notre consommation d’électricité.

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