Par Michel Derdevet
- Maître de conférences à l'IEP de Paris
Auteur
Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, Michel Derdevet est également directeur de la communication et des affaires publiques de RTE. Il est co-auteur de l'ouvrage :
« Les réseaux...
Etats-Unis/Europe : bataille en vue sur les technologies vertes
Par Michel Derdevet
- Maître de conférences à l'IEP de Paris
jeudi 24 septembre 2009
Loin d’une approche malthusienne, Obama a en vue un «green new deal» qui parie sur le progrès technologique. Seule une réponse collective et de grande ampleur permettra à l‘Europe de participer à la bataille économique qui va s’ouvrir.
Extrait :
L’objectif du programme énergétique du président américain n’est pas seulement social et économique : il s’agit de démontrer que les États-Unis peuvent être les leaders en matière de lutte contre le changement climatique.
Barack Obama a annoncé, entre autres mesures, le doublement de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables en vue d’atteindre 25 % en 2025 (14) ; la mise en circulation, d’ici à 2015, d’un million de véhicules hybrides consommant moins de 1 gallon pour 150 miles (1,6 litre pour 100 km) ; ou encore l’établissement d’un marché de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau fédéral à compter de 2012.
(…)
Au-delà des promesses de campagne, Barack Obama entend axer sa politique économique sur le « renouveau énergétique », qu’il considère comme un excellent moyen de relancer la croissance de l’économie américaine. Dans le contexte actuel de crise mondiale, le n°1 américain défend une vision schumpétérienne de la reprise, pariant sur le progrès technologique pour rebondir. Il veut promouvoir un « Green New Deal » dont l’écologie sera la principale rampe d’innovation. Notons que son discours est davantage axé sur la relance de l’économie par les énergies vertes que sur la réduction des dommages induits par le changement climatique. Il défend l’idée que l’industrie et les ouvriers américains ont tout à gagner du développement de l’éolien, des cellules photovoltaïques et des batteries « next-generation » capables de stocker davantage d’énergie. En cela, il reprend à son compte l’image très prométhéenne chère à l’Amérique qui consiste à croire que la solution aux problèmes des hommes d’aujourd’hui se trouve dans le progrès et l’innovation qui porteront leurs fruits demain.
Barack Obama insiste aussi, à de multiples occasions, sur le différentiel de compétitivité que cette révolution verte apportera aux États-Unis par rapport aux autres acteurs du commerce mondial. En ce sens, le changement climatique n’est pas envisagé comme une « catastrophe » mais plutôt comme une formidable occasion d’installer un leadership mondial. Le président américain est très clair : « Le pays qui prendra les devants dans la création d’une économie de l’énergie propre dirigera l’économie du XXIe siècle. »
Une incise s’impose ici : pour l’instant, l’Europe a surtout — et à juste titre — salué la nouveauté de la « posture » et le changement de cap radical décidé par le nouveau président, qui se distingue nettement de la culture « pétrolière » de son prédécesseur. Mais les Vingt-Sept ne peuvent pas en rester là. L’UE doit prendre conscience qu’une bataille économique est désormais engagée autour des technologies vertes et que dans l’hypothèse (vraisemblable) de la réussite du « virage » amorcé par Barack Obama, seule une réponse européenne collective et de grande ampleur lui permettra de « challenger » la première puissance économique mondiale. Ce n’est pas l’addition de 27 politiques nationales de développement durable qui fera de l’Union le leader sur ces sujets déterminants pour la nouvelle économie du monde, mais une vraie action commune, portée par des financements communautaires ambitieux et conséquents !