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Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...

Climat : la position mitigée des pays émergents


mardi 08 décembre 2009

La Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud ont adopté une déclaration commune qui fixe leurs attentes pour le sommet de Copenhague.Va-t-elle dans le bon sens ?


La déclaration commune du 28 novembre des pays émergents indique qu’ils ne souhaitent pas se fixer des objectifs qui pénaliseraient leur économie. L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud n’ont d’ailleurs annoncé aucun chiffre de réductions, insistant sur le fait que la maîtrise des émissions ne pourra se faire sans transferts financiers et technologiques des pays riches, responsables selon eux de la situation climatique actuelle. Si la France et le Royaume-Uni proposent un fonds d’aides de 10 milliards de dollars par an, les pays en voie de développement estiment que cette somme doit être considérée comme intermédiaire, et qu’elle devra monter jusqu’à 300 milliards.

La Chine a quant à elle décidé de réduire ses émissions de CO2 de 40-45 % par unité de PIB à l'horizon 2020 par rapport au niveau de 2005. Cependant, une grande ambiguïté est à noter dans cette annonce : outre l’année de référence, c’est l’intensité carbone de l’économie qui est en jeu, et non les émissions totales. Autrement dit,  il faudra pour la Chine émettre 40 à 45 % moins de carbone qu’en 2005 pour produire 1 $ en 2020. Mais si le PIB augmente significativement d’ici 2020 (de l’ordre de 70 %, selon l'hypothèse la plus que raisonnable), l’intensité carbone sera certes réduite, mais les émissions de CO2 auront bel et bien augmenté.

Ceci pose donc une question intéressante pour Copenhague : quelles références et quels indicateurs prendre pour fixer des objectifs aux pays émergents du G20 ? Il n’est bien sûr pas raisonnable de prendre comme référence 1990, le taux d’industrialisation de ces pays étant radicalement différent aujourd’hui. Mais il faudra bien définir un indicateur significatif de réduction d’émissions pour les pays émergents afin de chiffrer les efforts fournis.  

Comme le montre le tableau suivant, la situation est préoccupante : si la Chine et l’Inde ont une empreinte carbone par habitant peu élevée, ils n’en demeurent pas moins premier et quatrième plus grands pollueurs, en particulier à cause de l’intensité carbone de leur économie.

Indicateurs de plusieurs pays du G20 et de l’Union européenne









Source : IEA, croisée avec Le Monde

En marge de ces déclarations, quelques initiatives restent louables. Le président brésilien Lula Da Silva a annoncé qu’il réduirait de 80 % la déforestation d’ici 2020 par rapport à 1990. C’est une des raisons pour lesquelles il défend « le contrôle par un organisme international d'actions contre le réchauffement non financées par de l'aide étrangère ». Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono prône quand à lui l’exploitation du potentiel géothermique de son état, chiffré à 27 GW (l’équivalent de 17 réacteurs EPR), ce qui aboutirait à une réduction de 26 à 41 % des émissions des gaz à effet de serre de l’Indonésie par rapport à son niveau de 1990.

Ces initiatives sont d’autant plus vertueuses que l’on connaît les difficultés économiques auxquelles ces pays sont confrontés. Cependant, elles ne pourront être suivies par les autres pays émergents que si les deux plus grands pollueurs, la Chine et les Etats-Unis1, s’engagent sur des objectifs au moins aussi ambitieux.

[1] Les États-Unis se sont engagés à revenir à leur niveau d’émissions de 2005 en le réduisant de 17 %, ce qui représente leur niveau d’émissions de 1990 à 3 % près.



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