Par Jacques Masurel
- Président de Sauvons Le Climat
Auteur
Jacques Masurel est Président de l'association Sauvons le Climat.
Voitures Hybrides et électriques : tous les systèmes ne se valent pas!
Par Jacques Masurel
- Président de Sauvons Le Climat
jeudi 21 octobre 2010
Au dernier Mondial de l’auto, il y avait de l’électricité dans l’air… e-power, zéro émission et surtout hybride. Ce dernier terme, marketing oblige, est en train, comme le bio dans l’alimentaire, de se conjuguer à… toutes les sauces !
- Le « stop and start », très répandu et qui selon les critères retenus permet une économie de carburant pouvant atteindre 4%. Il ne s'agit pas d'un hybride puisqu'un tel système ne contribue pas plus à la propulsion du véhicule qu'un vulgaire démarreur. Cela n'empêche nullement les constructeurs de qualifier d'hybrides les véhicules doté de cette technologie.
- Le « Mild Hybrid », choisi à la suite de Honda par de nombreux constructeurs. Ici aussi il ne s'agit pas d'offrir la possibilité de rouler en tout électrique mais seulement d'assister le moteur thermique par un moteur électrique de faible puissance (autour d'une dizaine de Kilowatt) lors des phases de démarrage ou d'accélération, celles qui sont les plus gourmandes en carburant. L'économie de carburant peu atteindre quelques 15%.
- Le « full Hybride ». Ici le moteur électrique (au moins 35 Kilowatts) permet seul de propulser la voiture. Deux familles technologiques s'affrontent, l'hybridation parallèle et l'hybridation série.
L'hybride parallèle qui permet d'associer la puissance du moteur thermique à celui du moteur électrique. C'est la formule retenue par Toyota qui, au salon, était encore seul sur ce marché et par Peugeot qui devrait, pour la fin 2011, proposer une astucieuse version hybride-diesel de son 3008.
L'hybride série est une véritable voiture électrique dont les batteries sont rechargées par un moteur thermique ne participant pas à sa propulsion. C'est la formule retenue par Chevrolet pour sa « Volt » et pour sa cousine l'Opel Ampéra (commercialisation fin 2011). Cette forme d'hybridation, mécaniquement plus simple, nous semble appelée à un grand avenir.
- L'hybride rechargeable ou « plug-in ». Ce qui différencie ces voitures des « full hybrides » c'est essentiellement la capacité des batteries embarquées qui leur permet de parcourir en tout électrique entre 20 Km (Prius plug-in, disponible courant 2011) et 60 Km (Chevrolet Volt). Le trajet moyen journalier d'un automobiliste étant très inférieur à 50 Km on admettra sans peine que l'essentiel des parcours effectués par des hybrides rechargeables se feront sans rejeter de CO2.
Les 100% électriques
Examinons maintenant les multiples stands ou l'on présentait des voitures « Zéro pollution », c'est à dire 100 % électrique.
Chez les grands constructeurs, Renault est de beaucoup le plus engagé. Il semble bien être le seul à proposer, d'ici 2012, une gamme complète de voitures électriques, conçues comme telles. Certes PSA, qui paraissait en retrait dans ce domaine, a semblé lui avoir grillé la politesse. En fait ce constructeur n'a fait que labelliser des voitures produites au Japon, des Mitsubishi Miev. Tous les autres constructeurs se sont contentés de présenter des versions électrifiées de leurs modèles classiques, en se gardant bien d'annoncer des dates de livraison.
Pour surmonter le handicap constitué par les (encore) médiocres performances des batteries et leur prix (d'aucuns estiment qu'il pourrait être divisé par deux d'ici à 2015) la piste de la location semble privilégiée. Chez Peugeot elle se traduit par l'adjonction d'un ensemble de services complémentaires (Mu by Peugeot) à un classique contrat de location. Chez Renault, plus subtilement, on s'oriente vers la location des batteries. Le contrat de location couvrirait le service et la maintenance de la batterie, son remplacement en cas de défaillance et son recyclage en fin de vie. Compte tenu du faible coût de l'électricité et du nombre de cycles de charges-décharges qu'autorisent les batteries lithium le prix de revient location plus électricité ramené au kilomètre sera du même ordre que celui des carburants achetés la pompe (entre 75€ et 100€ par mois). Cette formule permettra en outre à Renault de proposer des voitures électriques à un prix similaire à celui d'une voiture classique de même catégorie.
L'innovation des "petits"
Au niveau de petits constructeurs la créativité nous a semblé particulièrement forte. Tesla l'américain en proposant des voitures ayant des performances dignes des Porsches ou des Ferraris, Venturi le monégasque en battant à 525 Kmh le record mondial de vitesse pour voitures électriques ont définitivement démontré que la propulsion électrique pouvait être « fun ». De leur côté les constructeurs de mini voitures électriques (sans permis ou utilitaires), rivalisent d'imagination pour se positionner sur de prometteurs marchés de « niches » (transports urbains, voitures en libre service, espaces verts, loisirs, etc.).
En conclusion il nous semble que ce mondial 2010 aura marqué, après un siècle de désaveu, le retour de l'électricité dans l'automobile. Les voitures 100% électriques vont, notamment à travers des flottes spécialisées, conquérir les villes où les infrastructures de recharges seront denses. Parallèlement les hybrides rechargeables vont se tailler une belle place sur le marché des voitures « polyvalentes » en attendant que les progrès des infrastructures de recharge et des batteries permettent la généralisation des voitures purement électriques.
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